Exploit : le Français Aurélien Sanchez termine et remporte la Barkley

Disputée aux Etats-Unis, dans l’Etat du Tennessee, la Barkley est une épreuve de trail hors du commun qui a pour particularité de ne presque jamais célébrer de vainqueur. Le Français Aurélien Sanchez a réussi l’exploit de terminer cette course qui n’avait pas connu de « finisseur » depuis 2017, et d’avoir été le plus rapide. Légendaire.
C’est un véritable exploit que vient de réaliser Aurélien Sanchez. Le jeune homme de 31 ans originaire de Carcassonne vient de terminer et de remporter l’incroyable Barkley, une course où seulement 1% des concurrents parviennent à aller jusqu’au bout. C’est le premier français à réussir cette performance, d’autant plus remarquable que c’est sa première expérience sur cette course, quand beaucoup d’autres compétiteurs ont déjà tenté leur chance à plusieurs reprises.
Le Français, originaire des Pyrénées a réussi à terminer les cinq boucles dans un temps incroyable de 58h23. Soit 20 minutes avant John Kelly (58h44), deuxième finisseur de cette édition. Le Belge Karel Sabbe termine lui aussi l’épreuve en terminant sa dernière boucle juste avant le temps imparti, en 59h53.
Avec trois « finisseurs », cette édition restera dans les annales. Seuls 15 concurrents depuis la création de l’épreuve en 1986 avaient réussi à aller jusqu’au bout de cette épreuve réputée comme l’une des plus dures au monde.
La Barkley : une épreuve si particulière
Réunis sur les terres de Frozen Head, à l’est du Tennesse, les 40 participants au départ devaient réaliser 5 boucles d’une trentaine de kilomètres en un temps déterminé. Au total, près de 200km pour 18 000mD+ environ étaient à effectuer en terrain hostile, en moins de 60h.
Pour espérer repartir après chaque boucle, les concurrents devaient, en plus de respecter un temps imparti, également récupérer une page d’un livre disposé au beau milieu de la nature et la ramener à Lazarus Lake, le créateur de ce format si particulier. Outre la difficulté de la trace, imaginée principalement en sous-bois, hors des sentiers battus, les concurrents doivent également naviguer à vue, simplement à l’aide d’une carte géographique fournie au dernier moment, et d’une boussole. Aucune aide extérieure n’est permise.
Le dénivelé et la difficulté du terrain, conjugué au manque de sommeil et à l’isolement du coureur ont permis à la Barkley de figurer comme l’une des courses les plus mythiques du monde. Depuis sa création en 1986, seuls 15 coureurs étaient parvenus à aller jusqu’au bout.
Aurélien Sanchez dompte le mythe de la Barkley

Les concurrents de cette édition 2023 ont pris le départ mardi 14 mars, vers 10h, heure locale. Comme chaque année, ils n’étaient qu’une quarantaine au départ. Il faut dire que l’on ne participe pas comme l’on veut à cette épreuve. Chaque année, c’est Laz, le patron qui décide si l’on est en mesure de prendre part à cette épreuve. Le créateur et organisateur sélectionne lui-même les concurrents après avoir reçu leur CV…
Près de 46 heures plus tard, ils n’étaient plus que sept à être repartis pour l’avant-dernier boucle, ce qui n’était encore jamais arrivé dans l’histoire de cette course. Seulement quatre coureurs ont pu repartir à l’assaut de l’ultime boucle : l’Américain John Kelly, dernier finisher en date, en 2017, le belge Karel Sabbe, le Britannique Damian Hall et donc Aurélien Sanchez. Peu de temps après le départ de cette cinquième boucle, Damian Hall revenait au camp de base, s’étant perdu. Ils n’étaient donc plus que trois !
Barkley is trembling.
— USA Ultrarunning (@USAultrarunning) March 16, 2023
First time in its 36 year history, four runners are on the 5th & final loop:
⛰️ John KELLY 🇺🇸 1st out @ 46:02:55.
⛰️ Aurelian SANCHEZ 🇫🇷 2nd out @ 46:07:50
⛰️ Karel SABBE 🇧🇪 3rd out @ 46:59:20
⛰️ Damian HALL 🇬🇧 4th out @ 47:49:03.
📷 Howie Stern #BM100 pic.twitter.com/FvqWZz0345
Toujours dans les temps, Aurélien Sanchez était le seul des trois derniers concurrents en lice à être reparti sur la boucle dans le sens inverse des aiguilles d’une montre, réputée comme un peu plus difficile encore. Il n’avait pas de repères pour savoir où il en était par rapport aux autres concurrents.
Aurélien Sanchez : un spécialiste de ce type d’épreuves
Sur cette édition 2023, trois autres français étaient au départ : Rémy Jégard, Guillaume Calmettes et David Limousin. Aurélien Sanchez, qui avait fait de cette course un objectif depuis de nombreuses années y participaient pour la première fois. Celui qui détient le record de la traversées du GR10 sans assistance est un habitué des ultra-trails durs et sans assistance ainsi que des États-Unis. Il y a vécu pendant quatre ans et s’était déjà fait remarquer en participant à la Baldy Marathon, une course similaire à la Barkley, qui consiste à réaliser 5 boucles de 32 km et 3000mD+ en moins de 60h. Il avait également pulvérisé le record de la John Mur Trail (359km, 14 000mD+ en trois jours).
Une chose est sure, à seulement 32 ans, Aurélien Sanchez a définitivement marqué l’histoire française du trail. Il restera à jamais le premier tricolore à terminer la Barkley et donc à intégrer le cercle si restreint des « finisseurs ».
Photo de UNE : Alexandre Ricaud qui assurait l’assistance d’Aurélien sur le camp de base.