Forme et bien-être

Le lien entre effort et rythme cardiaque

Par gmartine , le 2 novembre 2016 - 4 minutes de lecture

Lors d’un effort de longue durée réalisé à une vitesse de course constante, le coeur bat de plus en plus vite… même si l’on accélère pas ! Voici les raisons de cet emballement normal – et bénéfique – de notre rythme cardiaque en course sans augmentation de la vitesse.

Lorsque la durée de course s’allonge, même sans variation d’allure, on assiste à une inéluctable dérive de notre fréquence cardiaque (FC), vers le haut. Celle-ci peut même, dans des conditions climatiques extrêmes, atteindre 20 battements/min de plus que celle fixée, obligeant le coureur soit à ralentir soit à ne pas respecter la zone initiale.

Cette dérive a deux fondements logiques basés sur l’adaptation physiologique de notre « moteur » :

  • Une partie de cette dérive est naturellement consécutive à la déshydratation induite par la transpiration qui, obligatoire, permet d’évacuer l’augmentation de chaleur interne dégagée par le coureur (thermorégulation). Plus il fait chaud et humide, plus ce facteur joue un rôle important. Ce phénomène physiologique va entraîner une diminution de la puissance de notre pompe cardiaque. À chaque minute, elle va envoyer moins de quantité de sang oxygéné. Mais l’organisme est bien fait et cette diminution logique de « cylindrée » sera compensée par une accélération réflexe de la fréquence cardiaque, véritable compte-tour qui assure un débit constant de sang oxygéné aux muscles en activité.
  • L’autre composante de cette dérive, probablement plus faible, est le résultat de la fatigue et donc d’une diminution de l’efficacité du geste. La foulée devient plus « coûteuse » (quel marathonien n’a pas ressenti ce phénomène sur les dix derniers kilomètres ?). Par exemple, si, pour un sujet donné, courir à 10 km/h nécessite la consommation de 35 ml /kg /minute de VO2 sur une durée assez courte (1 à 2 heures). Le maintien de cette vitesse constante va, elle, l’obliger à consommer environ 40 ml/kg/minute de VO2 à partir de la troisième heure de course. Or la puissance de la pompe cardiaque est déjà à son maximum, et l’extraction musculaire d’oxygène aussi. Seul le «cardiostat» s’adaptera en majorant de quelques battements par minute la valeur de la FC pour permettre de fournir les 40ml/kg/minute requis…

Connaitre la part de responsabilité de chacune des causes de cette dérive est impossible. Mais un début de dérive au cardio (à condition bien sur d’avoir maintenu une vitesse constante) doit occasionner une réhydratation immédiate pour corriger les pertes.

Il est possible, sans trop de conséquences, de dépasser de 5 à 10 battements par minute les zones préétablies lors de l’entrainement. Il est néanmoins conseillé, surtout si on court à la limite supérieure d’une zone d’entraînement préétablie, de ralentir afin de ne pas trop consommer d’oxygène et éviter de dépasser la zone d’intensité du marathon.

Plus rarement le coureur verra sa fréquence cardiaque « bridée » en fin de course. Cela arrive toutefois lorsqu’on tape le mur du 30e. Le coureur n’a plus de carburant et ne peut ni accélérer, ni monter en FC.

Enfin si le coureur voit de temps à autre son «cardio» brutalement afficher des chiffres très élevés, et s’il ressent une fatigue anormale, un emballement du coeur (appelé syndrome du cardiofréquencemètre) est possible. Il faut alors tout stopper et consulter très vite un médecin du sport.

Par Thierry Laporte, cardiologue.

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