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Les cinq blessures du genou les plus fréquentes chez les coureurs à pied

Par Simon CHRETIEN , le 15 décembre 2025 , mis à jour le 18 décembre 2025 - 6 minutes de lecture

Le genou est l’une des régions anatomiques les plus souvent blessées chez le coureur. Cette partie du corps représente entre un quart et un tiers des blessures des runneurs. Pathologies traumatiques ou usures chroniques, les risques sont nombreux. Voici les cinq blessures du genou les plus fréquentes chez les coureurs. Par le docteur Fabrice Kuhn.

Le genou est une région anatomique complexe. On y trouve quatre os : fémur, tibia, péroné (alias fibula) et la rotule (alias patella) ; ainsi que deux articulations : l’articulation fémoro tibiale et l’articulation fémoro-patellaire.

Les extrémités osseuses sont recouvertes de cartilage. Des tendons (tendon rotulien tendon fémoral, bandelette ilio tibiale…) et de nombreux ligaments (dont les fameux croisés) permettent la mobilité et la stabilité du genou.

Enfin, les ménisques assurent amortissement et mobilité. La fameuse synovie (fluide intra articulaire) assure une fonction de lubrification.

Les mouvements du genou sont essentiellement la flexion et l’extension mais un peu de rotation ou de flexion latérale (varus et valgus) sont possibles.

En course à pied, le genou subit peu de contraintes latérales sur route et un peu plus en trail. Le coureur étant peu susceptible de recevoir des chocs, le risque d’entorse est rare.

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Blessures du genou : une région sujette aux pressions

Le principal mécanisme traumatique du genou chez le coureur est donc avant tout microtraumatique par répétition des mêmes gestes lors de la foulée. Courir à 180 pas par minute pendant une heure représente 5400 appuis et mouvements similaires par côté chaque heure ! 5400 fois où le fascia lata (tendon) va frotter contre le condyle fémoral (os). 5400 fois où le tendon rotulien subit la tension du poids sur le quadriceps. 5400 fois où le quadriceps met la rotule en pression vers le condyle fémoral.

Tout cela explique les pathologies spécifiques du genou chez les coureurs : le syndrome fémoro patellaire, le syndrome de l’essui glace et la tendinopathie rotulienne, toutes des pathologies microtraumatiques liées à la répétition des mêmes gestes.

Le syndrome fémoro patellaire


Il résulte d’un conflit entre la rotule (patella) et le fémur. Lors des mouvements de flexion-extension, la rotule et le fémur entrent en conflit. La rotule vient se plaquer sur le fémur. Il est fréquent chez les jeunes coureurs (40 à 60% de causes de douleur de genou chez les jeunes coureurs) et chez les femmes (en raison de différences anatomiques : bassin plus large, genu valgum).

  • La douleur est située autour ou derrière la rotule. Elle est accentuée à l’effort et en flexion profonde. Si les mouvements sont répétés, la douleur apparaît. Le diagnostic est fait par le médecin dans le cabinet. L’imagerie ne sert qu’à éliminer d’autres diagnostics.
  • Le traitement est le renforcement musculaire pour rééquilibrer le genou et mieux répartir les contraintes. Un programme de musculation harmonieux (harmonieux entre les chaînes musculaires antérieures (quadriceps) et postérieures (ischio jambiers) et entre la partie interne et la partie externe du quadriceps) permet de recentrer la rotule et d’éviter les conflits avec le fémur. Cela se fait initialement sous le contrôle de l’expert en mouvements qu’est le kinésithérapeute.

L’arthrose de genou

Bien que plus fréquente chez les sports subissant des contacts (rugby, football, judo…), l’arthrose du genou existe aussi chez le coureur.

  • C’est une douleur mécanique, se manifestant à la mobilité. La douleur est soulagée par le repos. L’arthrose évolue par crises.
  • Dans l’ensemble, la course à pied protège plutôt de l’arthrose et limite l’invalidité, limite le besoin de poser une prothèse. Il faut tout de même parfois réduire le volume d’entraînement lors des crises invalidantes (genou gonflé et douloureux). Mais la course à pied n’est nullement contre-indiquée en cas d’arthrose.

La tendinopathie rotulienne

Elle se manifeste par une douleur du tendon rotulien tendu entre le bas de la rotule et la tubérosité tibiale antérieure (bosse en faut du tibia à sa face avant).

  • La douleur est retrouvée à l’effort (de plus en plus précocement durant l’effort au fur et à mesure de l’évolution), à la palpation du tendon, à l’étirement du quadriceps et à la contraction du quadriceps contre résistance. Le diagnostic est confirmé par l’échographie ou l’IRM.
  • Le traitement est fonctionnel : adaptation de l’environnement d’entraînement (chaussures, terrain, défauts techniques, anomalies anatomiques…), kinésithérapie et parfois ondes de choc.

Le syndrome de l’essui glace

Il est lié à un conflit entre la bandelette ilio tibiale (partie terminale des muscles fascia lata et grand fessier) qui “frotte” contre le fémur à chaque passage à 30° d’inclinaison du genou. La douleur est donc en face externe du genou.

  • La douleur est reproduite à la palpation et la flexion du genou en appui monopodal. Le diagnostic peut être confirmé par l’échographie voire l’IRM.
  • Le traitement est avant tout kinésithérapeutique avec du renforcement musculaire pour stabiliser le genou.

La tendinopathie de la patte d’oie

  • Cette pathologie se manifeste par une douleur à la face interne haute du tibia juste en dessous de l’interligne articulaire. Le diagnostic est fait par le médecin et éventuellement confirmé par l’échographie ou l’IRM.
  • Comme pour la plupart des tendinopathies, le traitement est fonctionnel.

Identifiez vos blessures du genou

Ce qui oriente le médecin pour comprendre vos douleurs de genou est bien entendu, la localisation de la douleur mais aussi la palpation, certaines manipulations spécifiques. Il faut parfois s’aider d’une imagerie (radiographie, échographie, scanner ou IRM).

  • Une douleur antérieure devant située à l’avant de la rotule doit faire penser à un syndrome fémoro patellaire ou une tendinopathie rotulienne ou quadricipitale.
  • Une douleur latérale interne doit faire penser à une pathologie méniscale ou un syndrome de la patte d’oie.
  • Une douleur latérale externe doit faire penser à une pathologie méniscale ou un syndrome de l’essui glace.
  • Une douleur postérieure doit faire penser à une pathologie méniscale ou ligamentaire.