Asthme et running : oui, c’est possible !
Les chiffres sont cruels. Entre 3,5 et 4 millions de Français souffriraient d’asthme. Et dans cette proportion, forcément, de nombreux coureurs. D’où la question : asthme et running sont-ils compatibles ? Quels sont les profils à risque ? Comment pratiquer et éviter les crises ? Tour d’horizon de la question.
Les différents visages de l’asthme
L’asthme (du latin asthma : « respiration difficile ») est une maladie des voies aériennes inférieures, notamment des bronchioles, définie comme étant une gêne à l’expiration. Plusieurs mécanismes interviennent : une inflammation de la paroi des bronches, avec un œdème ; un bronchospasme, (diminution du calibre des bronches) ; une hyperactivité bronchique avec sécrétion. Un asthmatique en crise a du mal à expirer l’air et, de ce fait, à respirer. Il peut s’agir d’une atteinte chronique, d’un asthme allergique ou de la forme particulière qu’est l’asthme d’effort.
Dans trois-quarts des cas, l’asthme est d’origine allergique. Plus encore chez les enfants. Attention, cela ne veut pas dire que toutes les allergies respiratoires sont à classer dans la catégorie des maladies asthmatiques. Les acariens, les pollens, les poils d’animaux et l’ensemble des pollutions atmosphériques font partie des allergènes courants qui rendent la vie des asthmatiques plus compliquée. Mais il en existe une multitude et il est impératif dans tous les cas de rechercher les responsables de l’allergie respiratoire, qu’elle soit asthmatique ou pas, et de poser un diagnostic.
Bien identifier l’origine de l’asthme
S’il est d’origine allergique, l’asthme sera plutôt considéré comme « intermittent », notamment si les crises sont espacées. Dans le cas d’un asthme chronique (on parle d’« asthme persistant »), la prise en charge inclut un traitement de fond à suivre même en dehors de toute crise. Mais, dans tous les cas, il est préférable de pouvoir identifier ce qui va déclencher la crise d’asthme : un allergène, un environnement atmosphérique particulier (pic de pollution, par exemple), un médicament ou même un aliment. Le stress peut parfois être avancé comme élément favorisant.
Ce qui est certain, c’est que la crise d’asthme en elle-même est souvent vécue comme un moment stressant, voire angoissant : on se sent oppressé, on a du mal à respirer, on se met à avoir des quintes de toux irrépressibles… L’asthme, quel qu’il soit, n’est pas une maladie anodine, et il demande une prise en charge sérieuse. Au moindre doute, il faut consulter son médecin traitant qui orientera le cas échéant vers un pneumologue.
Quelles différences entre l’asthme et l’asthme du sportif ?
L’asthme du sportif, ou bronchospasme induit par l’effort, survient au décours d’un effort intense (de 5 à 10 minutes après la fin de l’exercice). La demande en oxygène augmente pendant l’effort, le sportif respire plus en augmentant sa fréquence ventilatoire et son volume inspiré. Du fait de ces forts flux, les voies aériennes s’assèchent et se refroidissent. À l’arrêt de l’exercice, elles se réchauffent, ce qui provoque un œdème des parois, facteur déclenchant de la crise. On pense également qu’il pourrait survenir une déshydratation de la muqueuse.
Certains profils sont plus disposés à développer un asthme du sportif. Ainsi, les athlètes de haut niveau sont plus atteints par l’asthme induit par l’exercice que la population générale. Leur entraînement intensif favoriserait l’apparition d’une inflammation, propice aux spasmes. Les exercices aérobie intenses par temps froid représentent le type d’activité déclencheur.
Si les mécanismes de cet asthme n’ont pas encore révélé tous leurs secrets, une chose est certaine : l’asthme du sportif, comme les autres formes d’asthme, n’est pas incompatible avec le sport. Un pneumologue pourra ainsi prescrire un traitement permettant de continuer à courir. Généralement, avant chaque sortie, cela consiste à prendre une bouffée de ventoline. Cela permet de diminuer l’inflammation et de ne pas être handicapé par une quinte de toux ou un problème respiratoire. Comme pour toutes les autres formes d’asthme, cela doit impérativement s’accompagner de précautions et de bons gestes en cas de temps sec, de pollution, etc.
Quels sont les symptômes qui doivent inquiéter ?
– Dyspnée (difficulté respiratoire) avec sifflements à l’expiration survenant le plus souvent après l’effort.
– Toux à l’effort. Douleurs à la poitrine. Difficultés à récupérer après l’effort.
Comment concilier asthme et course à pied ?
Tout d’abord, bien choisir son sport quand on est asthmatique. La natation, par exemple, fait partie de ces sports qui sont le plus souvent conseillés aux asthmatiques, car l’environnement chaud et humide diminue l’inflammation. Mais, à part la plongée sous-marine, interdite aux asthmatiques, il n’existe pas vraiment de sport contre-indiqué. La course à pied est donc parfaitement compatible avec l’asthme, à condition de respecter certaines recommandations de base valables pour tous.
Première d’entre elles, bien s’échauffer, bien s’hydrater, et réchauffer l’air inspiré (buff sur la bouche ou le nez…). Ensuite, garder une petite activité musculaire à la récupération. Logiquement, éviter une activité physique en cas d’infection respiratoire, de pollution, d’irritants (fumées, gaz d’échappement…). Par ailleurs, faire attention aux efforts intenses en cas de temps froid et sec.
Bien entendu, avoir un traitement optimisé par son pneumologue et avoir toujours sur soi un spray de bronchodilatateur. Et surtout, rester à l’écoute de son corps et ne pas faire plus que ce que l’on peut. Le mieux est de rester dans une zone de confort, qui permet de concilier sport et asthme sans risquer la crise. Et ne pas hésiter à en reparler à un spécialiste si cela ne va pas.
Ne pas confondre asthme et rhinite allergique
À ne pas confondre avec l’asthme, la rhinite allergique (on parle communément de « rhume des foins ») est une allergie aux pollens qui se manifeste par une inflammation des voies aériennes supérieures. Les yeux qui pleurent, le nez irrité ou bouché, des quintes de toux sont les symptômes courants de la rhinite allergique. Ces symptômes rendent difficile la poursuite des entraînements pendant les périodes de crises, notamment dès le début du printemps (et parfois jusqu’à ce que l’été soit bien entamé), quand la nature est en pleine pollinisation.
En cas de symptômes, il faut impérativement consulter, pour soulager, mais aussi parce qu’une rhinite allergique peut à terme évoluer en asthme. Votre médecin pourra éventuellement vous orienter vers un allergologue et envisager une désensibilisation. Si vous êtes sensible aux pollens, évitez de vous entraîner en pleine campagne au printemps et prenez l’habitude de vous doucher entièrement (lavez- vous également les cheveux) et de laver l’ensemble de votre équipement à chaque retour de course, pour éviter de conserver les pollens sur vous et chez vous.
2 sites utiles pour aller plus loin
Le site de l’association Asthme & Allergies est le site de référence pour toutes les questions autour de l’asthme et s’adresse aussi bien aux malades qu’à leur entourage. Explication de la maladie, différence entre asthme chronique et asthme d’effort, symptômes, prise en charge, conseils… Il donne une foule d’informations utiles au quotidien et permet aux personnes concernées de rester informées. L’association a en outre mis en place des « écoles de l’asthme », dont vous pouvez trouver les coordonnées directement sur le site ICI
Le Réseau national de surveillance aérobiologique (RNSA) dispose de capteurs sur tout le territoire pour recenser toutes les formes de pollens et les risques d’allergies qu’ils véhiculent. Dès le début du printemps, et jusqu’à la fin de la période à risque, consultez régulièrement les cartes de vigilance aux allergies pollens mises en ligne par le RNSA sur son site ICI. Vous y trouverez des bulletins « allergo-polliniques » mis à jour chaque semaine et affinés par région.