Souriez, vous transpirez

Auréolée d’une mauvaise réputation due à sa dégradation, la transpiration est en fait indispensable au refroidissement de notre corps à l’effort et témoigne du bon fonctionnement de notre organisme.
Par Jean-Frédéric Donati
La sueur est produite par les glandes sudoripares situées dans le derme, c’est-à-dire dans l’épaisseur même de la peau. Ces glandes puisent leur matière première, eau, électrolytes et sels minéraux dans le plasma, produisent la sueur et la déversent par de petits canaux au niveau de la surface cutanée (épiderme).
Il existe en fait deux catégories de glandes sudoripares en fonction de leur répartition anatomique. Les glandes dites eccrines, de loin les plus nombreuses, réparties sur l’ensemble du territoire cutané avec une densité plus importante au niveau de la paume des mains, de la plante des pieds, du cuir chevelu et du visage. Leur densité est un peu moindre au niveau du tronc et des membres.
Les glandes dites apocrines se localisent au niveau des aisselles et du pubis. Leurs canaux excréteurs s’ouvrent à la base des poils. Ces glandes peuvent, chez certaines personnes, au niveau des aisselles, produire beaucoup de sueur, même au repos.
Ceci peut être responsable de désagrément et ne présente pas beaucoup d’intérêt pour le refroidissement de l’organisme. Ce dernier est donc assuré par la production des glandes eccrines dont le nombre, varie selon les individus entre 2 et 4 millions. Une surface de peau égale à celle d’un timbre-poste en compte de 500 à 2000 !
Certains sujets en sont totalement dépourvus. Ils sont alors très vulnérables à la chaleur et la course à pied leur est donc impossible (anhidrose), d’autres en sont partiellement dépourvus localement et sont défavorisés (hypohidrose), d’autres enfin en possèdent en très grande quantité pouvant atteindre 5 millions (hyperhidrose), avec une production de sueur accrue pouvant devenir socialement invalidante lorsqu’elle touche la plante des pieds et la paume des mains.
Le nombre de glandes sudoripares est déterminé génétiquement (les populations des pays chauds en possèdent plus) mais également par le climat sous lequel l’individu a vécu son enfance, indépendamment de son origine ethnique.
Un bon système de production de sueur nécessite un nombre suffisant de glandes mais également une bonne capacité de chacune d’elles à produire la sueur. Là encore les populations issues des pays chauds ou s’étant acclimatées dans l’enfance à ces pays produisent plus de sueur pour un même nombre de glandes.
La production maximale de sueur pour un adulte est d’environ 3 à 3,5 litres/heure. Cette sueur se compose essentiellement d’eau (98 %), de sodium, de chlore, de potassium, de calcium, de magnésium, de fer, d’urée, d’ammoniaque, d’acide lactique, pour un pH allant de 4 à 6,8. Elle est quasiment inodore et de saveur légèrement salée.
L’odeur désagréable si caractéristique n’est en fait due qu’à la colonisation par les bactéries présentes en très grand nombre au niveau de notre épiderme. La composition sudorale varie selon l’origine ethnique, l’acclimatation à la chaleur dès l’enfance, et, chez le sportif, selon l’entraînement.
Ces 3 facteurs diminuent la concentration de la sueur en sels minéraux ce qui représente 2 avantages. Le premier est de réduire la perte de sels minéraux, le second de favoriser l’évaporation de la sueur, donc le refroidissement, car l’évaporation est d’autant plus facile que la sueur est moins concentrée.
Le nombre et la capacité de production des glandes sudorales sont égaux dans les deux sexes, mais la femme transpire moins en raison de sa meilleure capacité à se refroidir. Ceci tient à ce qu’elle est généralement plus petite et sa surface cutanée d’échange thermique est donc proportionnellement plus grande. Elle peut ainsi perdre davantage de chaleur par contact direct avec l’environnement, et a donc moins besoin de transpirer.
L’importance de la sudation pour un même sujet va être dictée par les conditions climatiques. Sachant que l’efficacité de la sueur est liée à son évaporation et non à son ruissellement, plus la température extérieure est élevée et plus l’hygrométrie de l’air ambiant est basse (air chaud et sec) mieux la sueur s’évaporera et plus efficace sera le refroidissement.
Plus l’air ambiant est humide et la température élevée, moins efficace est la sudation avec un ruissellement et une faible évaporation, avec une impression de sudation plus importante.
En conclusion, la sudation est indispensable au bon refroidissement de l’organisme en course. L’importance, la qualité de la sudation sont fonction de nos origines ethniques, de notre acclimatation au milieu ambiant, de notre degré d’entraînement.
Son efficacité est liée à son évaporation, et non à son ruissellement. Son odeur est surtout liée à la colonisation bactérienne et souligne l’importance d’une bonne hygiène corporelle permettant également de libérer les orifices cutanés des glandes sudorales s’obstruant par le dépôt des sels minéraux laissés par l’évaporation de l’eau.
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