Blessures & Prévention

Entorse de la cheville : comment réagir?

Par gmartine , le 28 mars 2018 , mis à jour le 25 mai 2023 - 6 minutes de lecture

L’entorse de la cheville représente 20 % des blessures sportives et guette encore plus le coureur pratiquant le trail sur des terrains cahoteux et glissant. Une blessure sérieuse à ne jamais prendre par-dessus la jambe !

Les consultations des urgences enregistrent 6 000 entorses par jour, dont la moitié consécutive à une pratique sportive. Et une entorse de la cheville, c’est toujours un traumatisme. Normal : elle survient lorsque le pied se réceptionne mal, vrille et que tout le poids du corps porte alors sur la cheville, provoquant au passage la lésion d’un ou plusieurs ligaments. Ces tissus fibreux reliant deux os entre eux ont pour mission de stabiliser l’articulation. Or, pour bien courir, cette stabilité est indispensable. C’est pourquoi vous ne devez jamais négliger de soigner toute entorse, même si, sur le coup, l’épisode vous a semblé anecdotique.

Entorse de la cheville : bénigne, moyenne ou grave ?

Sur les trois faisceaux ligamentaires pouvant être touchés par l’entorse de cheville, c’est à 90 % le ligament externe qui est atteint chez le coureur. Une blessure qui n’aura pas la même répercussion selon le degré de gravité de l’entorse. Pour mémo, une entorse bénigne, alias foulure, signifie que le ligament a été étiré mais que l’articulation reste fonctionnelle. Ce qui explique que la douleur soit modérée (même si elle a été vive quelques minutes), que cela n’empêche pas de marcher et que la cheville ne gonfle pas tout de suite, ou alors a minima.

Une entorse moyenne signifie que le ligament a été étiré plus violemment et que cela s’accompagne d’une déchirure partielle. La douleur est plus intense, empêchant de poser le pied au sol et l’œdème apparaît dans les dix minutes.

Quant à l’entorse grave, il s’agit d’une rupture complète du (ou des) ligament(s). Lequel peut aussi parfois se détacher de l’os, entraînant avec lui un fragment osseux (entorse avec arrachement). Cette entorse grave est généralement accompagnée d’un craquement audible, suivi de l’apparition d’un œdème important.

Réagissez sans tarder !

L’entorse moyenne ou grave doit immédiatement vous conduire aux urgences et être examinée sous imagerie médicale pour bien estimer les dégâts. Dans l’intervalle, ne prenez surtout pas d’anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS), y compris de l’aspirine, et surélevez la cheville autant que possible.

En cas d’entorse bénigne, ne jouez pas au plus malin : stoppez la course, rentrez chez vous, surélevez et glacez vingt bonnes minutes avant de compresser la zone pour limiter l’œdème pouvant apparaître plus tard. Là encore, pas d’AINS dans les 48 h, car ils peuvent aggraver un saignement, mais du paracétamol ou des granules d’arnica. Même si tout va bien, consultez dans les deux jours : une entorse bénigne peut avoir abîmé les tendons fibulaires et cette spécificité devra être prise en compte en rééducation et en reprise pour éviter douleur et instabilité chroniques de la cheville. Dans l’urgence, ne pas hésiter à mettre une attelle à étrier.

Rééducation vitale, opération rarissime

En cas d’entorse bénigne, le repos sportif sera de huit à dix jours, deux à trois semaines pour une entorse moyenne et jusqu’à six en cas d’entorse grave. Intégrez bien d’emblée cette donnée, socle de tout traitement dont la durée sera fonction de la gravité de l’atteinte. À l’immobilisation avec attelle en décharge s’ajoute la rééducation avec le kiné : massages, ultrasons, mobilisation sur plateau Freeman ou trampoline afin que la cicatrisation du ligament n’entraîne pas de perte d’élasticité, pour éviter l’atrophie musculaire et la stase veineuse, et consolider la stabilité de la cheville. La rééducation proprioceptive est la plus importante, afin de renforcer les muscles sur leur composante de vitesse, de réponse à un déséquilibre, donc à une hypothétique récidive d’entorse.

En cas d’entorse grave ou de rupture du ligament au-dessus de la cheville, entre le tibia et le péroné, une opération peut être envisagée. Idem en cas d’instabilité et/ou douleurs résiduelles, ou d’entorses à répétition ayant rendu le ligament inexistant ou entremêlé de fragments osseux. Mais cette ligamentoplastie est rare.

Le plus important restant, ensuite, la reprise, qui doit toujours être encadrée par un kiné et se faire progressivement. Rien de pire sur une entorse – même bénigne – que de se remettre à courir comme avant au bout d’une semaine sous prétexte qu’on connaît la chanson : c’est la porte ouverte aux douleurs chroniques et à la contre-performance… N’oubliez pas non plus l’ostéopathie, car le traumatisme entraîne un stress tissulaire avec des pertes de mobilité (tibia/péroné/médio-pied…)…

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