La course, une véritable aide-malade
Mucoviscidose, cancer, sclérose en plaques, diabète ou arthrite : les maladies chroniques touchent des millions de personnes en France. En plus des traitements traditionnels, la pratique du sport, et en particulier celle de la course, peut être un véritable plus pour le malade.
Elles concerneraient quelque 20 millions de Français, chiffre en constante augmentation. Les maladies chroniques, ce sont le cancer, les maladies inflammatoires chroniques de l’intestin (MICI), la mucoviscidose, les diabètes, l’obésité, la maladie d’Alzheimer, les scléroses en plaques, la sclérose latérale amyotrophique, la polyarthrite rhumatoïde et la maladie de Parkinson, pour ne citer que les principales. Il s’agit de maladies de longue durée, évolutives, souvent associées à une invalidité et à de graves complications. La parution de l’ouvrage collectif « Les maladies chroniques, vers la 3e médecine », en mars dernier, a eu le mérite de mettre l’accent sur cette facette importante de la santé publique. En effet, les médecins doivent repenser la notion de soin et de traitement, tandis que les patients doivent vivre avec. La pratique sportive et, en particulier la course à pied, représente alors une solution pour répondre à ce nouveau défi.
Depuis janvier 2016, les médecins peuvent prescrire le sport comme traitement pour les patients atteints de certaines pathologies, dont les maladies chroniques. En créant, en février 2016, l’association « Do it for », Sonia Mechirgui a manifesté sa volonté d’accompagner et d’aider les personnes atteintes de ces maladies, notamment celle de Crohn (maladie inflammatoire chronique du tube digestif). Elle met en lumière le paradoxe de ces souffrances, qui sont très invalidantes : « La personne semble normale extérieurement, mais tant sur le plan personnel que professionnel, la réalité est tout autre. Bien souvent, elle se heurte à une forte incompréhension au travail, de son entourage familial et social. » Afin de répondre à un tel défi, la course à pied constitue une alliée incontournable pour le malade. Passons en revue les huit raisons bénéfiques d’une telle combinaison.
La course à pied permet d’être plus à l’écoute de son corps et de son esprit. Ceci est un atout que doit développer tout patient ayant une pathologie chronique.Courir en complément d’un suivi médical renforcera les défenses immunitaires du malade. Il adaptera ses séances en fonction de son état de forme. Il surveillera aussi son alimentation en suivant les conseils d’un professionnel. Dans le cadre de la maladie de Crohn, afin de diminuer l’irritation des intestins, l’association « Do it for »recommande, entre autres, le curcuma, le chocolat noir, la cannelle et l’huile de nigelle.Après l’annonce du diagnostic, le patient chronique a tendance à vivre en se limitant sur les plans familiaux, sociaux et professionnels. En courant, il augmentera ses chances de contenir sa maladie. De fait, il s’autorisera davantage à vivre.Lors de la course, la libération de la dopamine apporte plaisir, vivacité et tonicité. À cela vient s’ajouter un meilleur contrôle de ses mouvements (positif en particulier dans le cadre de la maladie de Parkinson) et une diminution de la sensation de fatigue – souvent liée aux effets secondaires du traitement médicamenteux.De par sa pratique, le coureur malade constatera une augmentation de la confiance en soi, de la motivation ainsi que l’estime de soi. Cela favorisera la mise en route du processus de résilience, la « capacité à vivre, à réussir, à se développer en dépit de l’adversité », ainsi que le définit le neuropsychiatre Boris Cyrulnik.Après l’entraînement, la sécrétion des endorphines sera à l’origine d’une sensation de mieux-être, voire d’euphorie, parfois pendant plusieurs heures. On constatera aussi une diminution de la sensation de douleur.Faire son footing régulièrement réduit le risque de maladies cardiovasculaires et neurodégénératives. On recense aussi des effets positifs sur la mémoire, l’orientation spatiale, la cognition et l’apprentissage.Comme on peut le lire souvent dans les ouvrages de psychologie du sport, si l’on pense limité, on fait des choses limitées. Le coureur malade pourra choisir la distance qu’il souhaite atteindre. La réalisation d’un tel objectif aura pour conséquence de repousser ses propres limites et de dépasser ses croyances. La prise en compte par le coureur malade de ces différents bénéfices favorisera son évolution personnelle, sa gestion de la maladie et lui permettra d’envisager d’autres perspectives de vie. C’est le cas de Romain Basset, ancien cycliste de haut niveau. Il apprend, en 2004, qu’il est atteint de la maladie de Crohn. Sa vie bascule. Il met fin à sa carrière professionnelle. Les bénéfices de sa pratique sportive lui ouvrent d’autres perspectives. Entouré de spécialistes et de personnes de confiance, il décide alors de prendre sa vie en main. Il quitte Paris pour Annecy, modifie son alimentation, son entraînement, reprend des études et devient naturopathe. En quelques années, il devient acteur de sa vie, pratique la course à pied pour retrouver de la confiance et une meilleure estime de soi. Il adopte, pour reprendre ses propos, « une alimentation qui favorise la guérison, la régénération, l’épanouissement et la plénitude ». Son amour de la montagne le pousse alors à rêver de découverte du monde. Romain Basset passe alors de la course sur route au trail, puis à l’ultra-trail. Et finit la Diagonale des Fous 2016 en moins de 30 heures, à la 19e place au général ! Un tel exemple permet de générer de l’espoir pour tous ces malades chroniques, car il montre qu’il est possible de recomposer sa vie avec sa propre pathologie et de se réaliser à travers elle. D’une certaine manière, la course à pied rend visible l’invisible !
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