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Semi-marathon de Paris : Le semi puissance 2

Par gmartine , le 20 avril 2018 - 5 minutes de lecture

Elle a fait de l’athlétisme, lui du football. Mais Manon et Thibault, en couple depuis cinq ans, n’avaient jamais fait de sport ensemble. Jusqu’au jour où ils ont décidé d’affronter le semi-marathon de Paris…

Par Camille Rioual

« Pourquoi on a fait ça ? » Manon jette un regard à Thibault sur la ligne de départ du semi de Paris. «  Et dire que je nous ai entraînés là-dedans…  » Elle trépigne, trottine et rigole nerveusement en attendant le début de la course. La jeune femme est stressée et n’attend qu’une chose  : démarrer. Elle a sorti sa belle tenue de course et sa montre connectée pour l’occasion. Thibault, lui, détonne un peu avec son pantalon de survêtement de foot…
Manon, ex-sauteuse en hauteur de bon niveau, a arrêté le sport il y a quatre ans, après avoir quitté la Bretagne pour poursuivre des études de droit à Paris. Thibault, lui, se dirigeait vers une carrière de footballeur pro via le centre de formation de l’AJ Auxerre. Une blessure à l’épaule en a voulu autrement. Ce sera donc la fac de biologie, à Paris. Les deux étudiants de 22 ans, qui se sont rencontrés à Brest en 2013, vivent ensemble et ne manquent de rien. À un détail près : le sport est un grand absent dans leur vie.
Un semi en guise de défi
En décembre dernier, n’en pouvant plus, la jeune femme décide de se fixer un objectif : le semi de Paris. À peine Thibault a-t-il franchi le seuil de la porte ce soir-là qu’elle lui soumet l’idée. Elle sourit et ne peut masquer son excitation. Elle sait qu’elle n’aura pas à user de beaucoup d’arguments pour convaincre son compagnon de la suivre  : une fois le défi lancé, il ne pourra s’empêcher de le relever. Deux heures plus tard, les voilà inscrits !
Ce n’est pas la première fois que Thibault et Manon s’essayent à une nouvelle expérience. Découvrir l’Amérique Latine en cinq semaines, devenir barmans l’été dans un camping… À chaque fois que Manon se met une idée en tête, Thibault cède très rapidement. Et ça fonctionne de nouveau avec le semi, alors que Thibault n’aime pas vraiment courir. Une réticence qui s’est par la suite ressentie à quelques reprises. « Thibault n’était pas toujours motivé, j’ai dû le pousser pour qu’il vienne s’entraîner avec moi, parfois en vain », déplore Manon. Pour Thibault, pas question de suivre un programme à la lettre, alors que Manon s’y tient fermement. « Si c’était marqué qu’il fallait courir 30 minutes tel jour, elle le faisait, et pas une minute de moins  ! », sourit le footeux.
Mais un soir, alors que sa moitié vient le sortir du canapé, il n’a plus envie de plaisanter : le thermomètre affiche – 3 °C ! Il se lève, malgré tout, tarde à mettre ses baskets, jette des regards par la fenêtre en soupirant… Une « motivation » qui le poursuit lors des premières foulées : « Il fait trop froid, j’en ai marre… » La phrase de trop pour Manon, qui s’énerve. Thibault continue quand même son footing, mais trois mètres derrière elle. Ils ne s’adressent plus la parole de toute la sortie. Jusqu’au moment où Thibault lui demande les clefs de l’appartement  : « Je vais accélérer, donc je rentrerai sûrement avant toi.  » Esprit de compétition, es-tu là ? « Je ne veux pas qu’elle fasse un meilleur temps que moi, sinon elle ne me lâchera pas ! »
Pourtant, nos deux sportifs parviennent souvent à se motiver mutuellement et à courir ensemble. Du moins au départ… « Thibault accélérait souvent à partir d’un moment et allait trop vite pour moi », constate la jeune fille. Leur différend concernant les techniques d’entraînement n’a pourtant jamais entravé leur complicité dans l’épreuve. À tel point que Manon décide, la veille de la course, de changer de sas de départ, passant de 2h à 1h45, pour démarrer avec Thibault. Son compagnon y voit un défi supplémentaire. Il envoie immédiatement un message à ses amis : « Manon s’est mise dans le même sas que moi, j’ai la pression maintenant ! »
Victoire de Manon au finish !
Dimanche 4 mars, le jour J. À peine réveillée, Manon saute du lit et enfile la tenue qu’elle avait préparée. Thibault, lui, traîne un peu la jambe. Il se lève trop tard pour cuire les pâtes et le steak (!!!) qu’il avait prévu de manger au petit matin. Heureusement, la fatigue est vite oubliée. Les futurs semi-marathoniens n’attendent qu’une chose  : le départ. L’engouement se fait de plus en plus ressentir sur le trajet. « C’est vraiment quelque chose », s’exclame Manon en voyant l’air enjoué de son compagnon, qui pourtant ne sait pas trop à quoi s’attendre. Depuis quelques jours, ils ne parlent plus que du semi, mais n’évoquent jamais leur futur résultat. « Elle est persuadée que je vais la battre, mais moi aussi  ! », explique Thibault. Une fois dans le sas de départ, seulement deux mots  : « Bonne course. » Comme s’ils savaient tous les deux qu’ils ne parviendraient pas à se suivre. Et ils avaient vu juste.
Manon démarre doucement, quelques mètres derrière Thibault. Elle tente quand même de le rejoindre pour faire un bout de parcours à ses côtés, en vain. Elle poursuit donc sa course, concentrée, et ne repensera à Thibault qu’au 18e kilomètre  : « J’ai vu le panneau et je me suis dit qu’il devait être arrivé et m’attendre, j’ai alors eu un élan de motivation. C’est là que j’ai accéléré. » Manon franchit la ligne d’arrivée après 1h57 de course. Elle s’écroule de fatigue mais a le sourire aux lèvres. Elle l’a fait  ! Elle n’a plus qu’une hâte, retrouver son partenaire. Elle s’empresse alors de rejoindre leur point de rendez-vous mais, à sa grande surprise, pas de Thibault à l’horizon ! « Il doit être allé chercher les sacs ou aux toilettes », pense-t-elle. Dix minutes plus tard, c’est en fait sans les sacs qu’elle le voit arriver. « Je crois que j’ai perdu mes jambes en route  », lui dit-il en rigolant. Mais Manon voit bien qu’il est déçu et comprend qu’il a terminé après elle. De peu, certes, mais pour Thibault, 2h05, c’est trop.
Une fois rentrés chez eux, finie la compassion ! « Tu peux me passer l’eau s’il te plaît ? » « Oui… quand tu battras mon temps au semi ! » Et le petit jeu continue. « Ça l’énerve et moi j’adore  ! » Pas de quoi ébranler la fine équipe… « On va refaire une course à deux, je ne vais pas rester sur ça. Au pire, on fera un 100 m. Là, je suis sûr de gagner ! », lance Thibault. Le jeune homme a « usé une cartouche », comme il aime le dire, et ne compte plus se laisser devancer. De son côté, Manon rêve maintenant de marathon. Mais elle devra « trouver un autre partenaire » !

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