Fan de Paula !
De l’autodérision pour rendre hommage au nouvel exploit de Radcliffe. Continue comme ça Dominique, on les adore tes histoires.
Et toi, t’en penses quoi de la performance de l’anglaise ? » Non, pour tous ces coureurs régionaux qui m’interrogent sur la performance de Paula Radcliffe (2 h 15 mn à Londres) ce n’était pas possible, « y a quelque chose », « ce n’est pas normal ! »
« Hé les gars ! ça fait mal de se faire prendre 15 à 20 minutes voire plus par une nana sur un marathon alors que l’on se croyait soi-même un champion (même petit) ; il en prend un coup notre orgueil mâle, pas vrai ? »
Cela me rappelle une histoire vraie : lors d’une Coupe de monde de marathon à San Sebastian sur la côte basque espagnole ; nous sommes en 1993, cette année-éclair des chinoises qui battent tous les records du monde sur piste. Elles se présentent, néophytes, au départ de ce marathon de fin de saison.
Je reprends le texte exact du journal l’Equipe :
«… lorsque, au vingt huitième kilomètre, Dominique Chauvelier, se porta au commandement du marathon de la coupe du monde de marathon, on se mit soudain à rêver. Etait-ce enfin le tour du français, troisième des derniers championnats d’Europe (1990), de remporter une grande victoire internationale ? non, nous en étions pas là : le malicieux manceau avait vu au loin le peloton des féminines parties quinze minutes avant lui. Il avait lancé l’offensive uniquement pour dire qu’il serait le premier a dépasser les chinoises ».
Mon démarrage fut digne d’une échappée du tour de France
Le journaliste avait vu juste, moi j’avais remarqué les caméras de la télévision (nous étions en direct sur Eurosport) qui attendaient justement cette jonction hommes-femmes. Mon démarrage fut digne d’une échappée du tour de France et je rattrapai seul le peloton féminin qui avait parcouru la première moitié de course à un train de sénateur. Frime et coup médiatique, je l’avoue…mais la suite fut moins drôle pour moi et le scénario tout à fait inattendu ; je reprends les commentaires :
« En fait pour les chinoises la course allait débuter à ce fameux vingt huitième kilomètres, lorsque Chauvelier, un peu dédaigneux il faut bien l’avouer, les toisa de haut en bas pour leur montrer que les mâles restaient les maîtres. Grave erreur du tricolore qui vit aussitôt la chinoise Wang plonger dans sa foulée et suivre le héros masculin »… je précise que je courais alors sur un rythme de 2 h 10 – 2 h 11 !…. « le français était surpris de voir cette petite sangsue collée à ses basques…(plus loin)…. Chauvelier faisait l’impossible pour décrocher ce petit maillot rouge qui suivait sans sourciller…il ne lui prendra que dix huit secondes dans les douze derniers kilomètres, une misère ».
Je l’avais bien cherché
Et cela toujours en direct télé, je ne vous dis pas comme je fus chambré à l’arrivée et les jours suivants par les potes, mais je l’avais bien cherché.
J’avais terminé en 2 h 12 mn et elle en 2 h 28 mn (mais avec un dernier tiers de course record). Pour info elle possède toujours le record du monde du 10 000 mètres en 29’31’’ soit 30 secondes plus vite que Radcliffe (30’01’’)… déjà à l’époque on parlait du marathon en 2 h 16 mn pour des femmes.
Alors, que 10 ans plus tard une anglaise établisse un record du monde en 2 h 15 mn lors du marathon de Londres ne me surprend pas plus que cela.
Dopage ? non trop facile de prétexter cela. Pour les chinoises, peut-être, certainement même, pour Paula, non. Mais plutôt des années de travail, et un grand professionnalisme. Rapide, endurante, teigneuse, suivie au plus haut niveau possible par diététicien, kiné, ostéo, sparring-partner à l’entraînement, lièvres hommes (!) kenyans lors de ce record… Elle s’est construit tout un contexte favorable qui ne doit rien au hasard ou à une méthode artificielle. Pour l’avoir côtoyée régulièrement à Font-Romeu je retiendrai surtout une femme intelligente, cultivée, souriante et très féminine.
Les records sont des barrières psychologiques qu’il faut savoir chahuter, celui-là comme ces barrières que vous vous fixez à 3 heures ou 4 heures.
Paula vient de démystifier une bonne fois pour tout le marathon féminin.
Pour l’anecdote cette fois-ci c’était moi le commentateur d’Eurosport en direct. Le meilleur coureur anglais de ce même marathon arrivera en 2 h 17 mn soit 2 minutes plus tard ! Les rôles étaient inversés. Ouf ! Je m’en suis bien tiré…et vous messieurs les anglais courez un peu plus vite…
Dominique Chauvelier
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