Tout savoir sur la fracture de fatigue
Aussi surprenant que cela puisse paraître, un os peut être sérieusement lésé sans subir un impact ou une torsion brutale mais simplement sous l’effet de la répétition longue et intense des chocs. C’est ce qu’on appelle une fracture de fatigue.
Une fracture de fatigue c’est quoi ?
La fracture de fatigue est une « fracture qui survient suite à des sollicitations mécaniques excessives sur un os sain, énonce le docteur Yves Guglielmetti, médecin du sport et spécialiste en traumatologie du sport. Une fracture de fatigue peut concerner à peu près tous les os. »
Soit, mais comment ? « À chaque réception de saut ou de foulée, l’os subit un impact. Il est victime de fissures microscopiques, explique Stéphane Cascua, médecin du sport. Entre chaque entraînement, si on lui en donne le temps, si on lui apporte les aliments nécessaires, il va se reconstruire. Il va même se reconstituer plus fort, comme pour mieux assumer de prochaines contraintes. En revanche, si les conditions requises pour sa réparation ne sont pas réunies, si les séances sont trop dures ou trop rapprochées, les fissures vont s’accumuler, se rejoindre et former une véritable fracture. »
Quels sont les signes cliniques ?
Les signes cliniques pour la diagnostiquer ne sont pas si éloignés que ça d’une fracture classique. En l’occurrence, une douleur mécanique au niveau de la partie concernée, laquelle s’intensifie pour devenir progressivement invalidante, que ce soit à l’effort quand on mobilise l’organe concerné mais aussi, parfois, au repos.
À noter que le ressenti de la douleur n’est pas concomitant à la survenue de la fracture de fatigue mais est prégnant environ deux à trois semaines après cette dernière. Laquelle est susceptible, chez l’adepte de la course à pied, de faire des siennes à bien des endroits, qu’importe que l’os concerné soit pourtant sain. La zone visée peut, en outre, être le siège d’un œdème.
Une fois ce faisceau de symptômes réuni, le diagnostic confirmatoire nécessite de recourir à l’imagerie. En effet, le trait d’une fracture de fatigue se caractérise par son extrême finesse.
Comment éviter la fracture de fatigue ?
La progressivité :
La fracture de fatigue est le plus souvent provoquée par les mauvaises gestion et programmation de l’entraînement. Vitesse et précipitation sont alors unies pour le pire. « Lorsque vous augmentez votre kilométrage, quand vous modifiez votre entraînement, vous imposez à vos os de nouvelles contraintes, rappelle le docteur Cascua. Avant de se reconstruire plus fort, ils se fragilisent. La période de destruction rapide dure quatorze jours. Pendant les trois à quatre mois qui suivent, ils se densifient progressivement et peaufinent lentement leur architecture. Ils ne sont pas encore très solides. » C’est pourquoi il est crucial de ne pas brusquer la machine qu’est l’organisme et de ne lui infliger qu’un crescendo en douceur, sans rupture brutale, que ce soit dans le rythme ou la récurrence des séances.
Ne pas être toujours à fond
Par ailleurs, durant la période de préparation d’une compétition, il est essentiel de ne pas être tout le temps à fond les ballons – ce qui maximise l’onde de choc générée par chaque foulée – et de moduler les intensités. Question de chimie : « L’os se délite et abandonne son calcium lorsque son environnement est acide, justifie le docteur Cascua. Or, quand on est essoufflé, on produit de l’acide lactique. Lors du premier mois de préparation, les fractionnés sont à éviter. »
En outre, inclure une petite dose de vélo et de natation permet de travailler le cardio sans heurt, même si là, l’écueil est connu : ces deux disciplines mobilisent les muscles des jambes de manière antagoniste à ce qu’exige la course à pied, avec, à la clef, un risque de blessure musculaire et tendineuse. Il importe donc de respecter de savants dosages pour que le mieux ne soit pas l’ennemi du bien.
Une alimentation béton
« Le calcium, c’est bon pour les os ! » Une rengaine que l’on entend depuis la petite enfance. Pourquoi ? Parce que « le calcium se fixe sur le réseau fibreux de l’os et le rigidifie à la manière du ciment entourant les tiges d’acier du béton armé », explique le docteur Stéphane Cascua.
Il va de pair avec son alter ego, la vitamine D, dont l’une des vertus principales consiste à potentialiser l’assimilation dudit calcium par l’organisme, ainsi que son action de renforcement des os. Si bien qu’au menu des repas, à titre préventif et curatif d’éventuelles fractures de fatigue, il est recommandé de se délecter de poissons (gras de préférence) et de laitages, mais aussi de fruits et de légumes. Le tout se retrouvant arrosé d’une eau riche en calcium.
Ici comme ailleurs, les orientations alimentaires sont susceptibles d’avoir des vertus bénéfiques ou, au contraire, délétères. En la matière, faut-il rappeler que les substances acides ou qui provoquent l’acidité du corps altèrent et donc fragilisent la structure osseuse ? Sucreries, sodas et viande rouge sont donc à consommer avec la plus grande modération.
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Que faire si j’ai une fracture de fatigue ?
Ne jamais forcer la nature en s’obstinant à vouloir aller plus vite que la musique. Fracture de fatigue ou classique, le tarif légal est peu ou prou le même : il faut compter au bas mot trois mois pour que la consolidation soit effective. Rien ne sert donc de repartir prématurément, il faut recourir à point, sous peine d’aggraver la lésion et d’en retarder la disparition.
Outre une vérification en bonne et due forme, là encore, par le biais d’un examen d’imagerie, l’empirisme s’avère un bon moyen de savoir si une fracture de fatigue appartient au passé ou se conjugue encore au présent. Il suffit de se remettre à trottiner et de constater si l’on a encore mal ou pas. La règle étant non négociable : si l’on ressent encore une douleur, même minime, on ne reprend pas le footing, même sans forcer à une allure de sénateur.
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