Les infiltrations : à quoi ça sert !
Que ce soit à la télévision lors des retransmissions sportives ou au sein des pelotons, on entend souvent parler d’infiltrations. Mais à quoi ça sert et quand faut-il les faire ?
On entend par infiltration, l’injection de produits de traitement dans une articulation ou une structure anatomique (tendons, muscles, ligaments), le but étant de traiter une pathologie au plus près possible de son siège. C’est le cas le plus fréquent en traumatologie du sport.
Principales indications en traumatologie sportive
L’utilisation de ce procédé thérapeutique nécessite un diagnostic précis. Il doit être décidé en accord avec le patient après lui en avoir expliqué les avantages et les inconvénients.
– Les pathologies articulaires : on est amené de plus en plus à utiliser l’acide hyaluronique dans les arthroses débutantes du sportif, les injections de cortisone sont réservées aux poussées douloureuses.
– Les tendinites : l’infiltration est utilisée en dernier recours après avoir appliqué d’autres traitements adaptés. En aucun cas, elles ne sont faites dans le tendon mais au pourtour de ce dernier. Les meilleures indications sont les ténosynovites, c’est-à-dire l’inflammation de la gaine du tendon et les enthésopathies ou tendinites d’insertion du tendon sur l’os.
– Au niveau musculaire, il est classique d’infiltrer les séquelles d’accidents musculaires qui laissent au sportif une douleur bien localisée à l’effort, avec d’excellents résultats.
Technique d’infiltration
Le matériel, seringues et aiguilles, sera choisi en fonction de la pathologie à traiter. L’injection doit être faite dans des conditions de propreté absolue ; lavage des mains, désinfection rigoureuse de la peau, matériel stérile.
Une anesthésie locale est souvent utilisée avant l’injection. On peut utiliser la cryothérapie pour les infiltrations périphériques superficielles et une anesthésie avec une première petite injection de produit anesthésiant pour les infiltrations articulaires.
Quels sont les produits utilisés ?
Ces produits sont souvent des dérivés de la cortisone pour leurs effets anti-inflammatoires. On peut aussi utiliser des anesthésiants locaux en cas de douleurs plus importantes, pour permettre la poursuite d’une compétition par exemple, ou encore des molécules de haut poids moléculaire (acide hyaluronique) pour l’arthrose.
Quels sont les risques ?
Les infiltrations ont mauvaise réputation et sont souvent craintes par les patients. Cette méthode de traitement doit respecter un certain nombre de précautions et doit être utilisée dans des indications bien précises, rarement en première intention. L’infiltration nécessite en outre une technique d’injection rigoureuse. Ainsi, on évitera les principales complications que sont :
– les infections qui vont du simple abcès au point d’injection à l’infection d’une articulation dans le cas d’une infiltration intra-articulaire (1 cas d’infection grave sur 10 000 infiltrations) ;
– les ruptures de tendon, toujours redoutées chez le sportif qui pourra voir sa carrière sportive remise en cause ; elles sont secondaires à une fragilisation du tendon. Cela peut se produire si la reprise sportive est trop brutale, le soulagement rapide des douleurs laissant croire au sportif qu’il est guéri et qu’il peut reprendre la compétition. Un repos devra être observé à la suite d’une infiltration, sa durée dépendra de la pathologie traitée ;
– des lésions cutanées peuvent apparaître au point d’injection du produit, des taches ou de petites dépressions. Elles sont provoquées par un reflux de produit ou lors d’une injection trop superficielle.
Quelles sont les contre-indications ?
On ne fera jamais d’infiltration sur une peau abîmée ou infectée, pas plus qu’à un patient présentant de la fièvre afin d’éviter les risques infectieux. Pour les mêmes raisons, le patient diabétique ne sera infiltré qu’en cas de nécessité absolue.
Afin d’éviter une hémorragie, les infiltrations devront être évitées chez les patients prenant des anticoagulants.
Chez le sportif, on notera que la cortisone et les anesthésiques locaux font partie de la liste des produits interdits ; lors de l’infiltration d’un sportif susceptible d’être contrôlé, il est impératif que le médecin lui fasse un certificat mentionnant le diagnostic, le produit utilisé et la date d’injection. Le sportif présentera ce certificat au responsable de l’épreuve ou lors du contrôle.
On notera aussi parmi les contre-indications : la grossesse, les ulcères de l’estomac, les ruptures partielles de tendon, la présence d’une prothèse articulaire à proximité de l’injection et… l’abus d’infiltrations !! ( pas plus de 3 par an au même endroit).
En conclusion ce traitement local sera souvent de bonne efficacité lorsque les indications et la technique seront bien adaptées. Comme toujours le mieux restera de prévenir les blessures en consultant rapidement, dès les premiers symptômes, son médecin du sport et de respecter les bonnes règles d’une pratique sportive adaptée à chacun.
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