Blessures & Prévention

La publagie, elle touche aussi les coureurs à pied !

Par La Rédaction , le 2 novembre 2016 - 6 minutes de lecture

Depuis quelques années, ils sont nombreux, athlètes et coureurs à pied à avoir été atteints de pubalgies ou de douleurs de la région pubienne.

Ces blessures localisées sur et autour de l’articulation du pubis, à la fois articulaires, tendineuses et musculaires, sont dues à l’hyperfonctionnement (quantité d’entraînement sur sols durs) et à certains gestes spécifiques (passages de haies, sauts d’obstacles, ascensions et descentes de butes).

LOCALISATION
La symphyse pubienne est l’articulation du bassin sur laquelle s’insèrent de part et d’autre des muscles abdominaux (grands droits, obliques) et des muscles de la cuisse (adducteurs). Cette articulation est un véritable carrefour entre le tronc et les membres inférieurs. Là, s’exercent en permanence des forces de traction importantes et opposées. Certains muscles abdominaux (les grands droits) tirent cette articulation vers le haut. Les muscles adducteurs de la cuisse (face interne), eux, la tirent vers le bas.

Pendant la course, le bassin se balance de haut en bas et subit des forces de rotation lorsque le balancement des bras est exagéré. La symphyse pubienne se trouve alors cisaillée. Normalement, les tractions exercées par les différents muscles s’attachant autour du pubis s’équilibrent et tout se passe bien.

Les mois préférés de la pubalgie sont avril et septembre. D’une part, parce qu’il y a l’augmentation de la dureté des sols, mais aussi, et surtout, parce que ce sont des périodes habituelles de surentraînement. La cause principale de la pubalgie : c’est le surmenage. Entraînements plus intenses, compétition, etc.
Au début, c’est pendant la course que survient la douleur : au niveau du pubis, parfois au-dessus, parfois au-dessous. Puis, elle devient permanente au point de gêner la vie quotidienne. Des gestes aussi simples que marcher, se retourner dans un lit, aller aux toilettes sont problématiques.

Pour diagnostiquer l’affection, le médecin va rechercher une douleur par une pression sur la symphyse pubienne puis étudier la contraction contrariée des adducteurs et des abdominaux. Il arrive parfois que la radiographie montre un grignotage de l’os.

On distingue trois formes de pubalgie selon le siège de la douleur :
– la tendinite des adducteurs (inflammation des tendons du pubis) qui se caractérise par une douleur située sous le pubis et irradiant dans la cuisse ;
– l’arthropathie pubienne (atteinte de l’articulation du pubis) qui se caractérise par une douleur du pubis ;
-enfin l’atteinte dite « pariétale abdominale », atteinte des muscles grands droits et obliques s’attachant sur le haut du pubis, pour laquelle la douleur est au-dessus du pubis.
Le diagnostic est conforté par la radiographie.

SOINS ET TRAITEMENT MEDICAL
Le traitement est médical et associe le repos sportif, les anti-inflammatoires, une rééducation pour réduire la cambrure lombaire et des étirements des muscles adducteurs.
La chirurgie est proposée en cas d’échec du traitement médical. Les premiers balbutiements du traitement chirurgical des douleurs pubiennes, perfectionnés au fil de plusieurs centaines d’interventions, remonte à 1967.

Milovan Doric, un footballeur de l’Etoile Rouge de Belgrade (alors club de la capitale de la Yougoslavie devenue la Serbie-Monténégro) souffrant d’invalidantes douleurs à l’aine consulte le docteur Branislav Nesovic qui observa une disproportion entre la faiblesse relative des parois abdominales et la puissance de la masse musculaire des adducteurs (partie interne des cuisses). Les efforts fournis par le sportif avaient provoqué des lésions au pubis.
Compte tenu que tous les soins médicaux avaient été inopérants, le Dr Nesovic s’orienta vers le seul traitement possible : la consolidation par voie chirurgicale des parois de l’abdomen afin d’équilibrer la force musculaire avec celle des cuisses, allégeant de ce fait le poids que l’effort, notamment du shoot, fait peser sur l’aine.
« L’opération, commente Jean-Claude Imbert, chirurgien français basé à Saint-Etienne, consiste à retendre la paroi antérieure et latérale de l’abdomen. Ce geste chirurgical est habituellement effectué de façon bilatérale, même si le joueur ne souffre que d’un côté. Car l’expérience a prouvé que dans les cas opérés d’un seul côté, on observait fréquemment l’apparition de symptômes du côté opposé ».
La prévention doit être organisée dès les premiers entraînements à la course à pied. Elle repose sur un bon échauffement, sur la musculation des abdominaux et sur la pratique d’étirements des muscles de la cuisse afin de respecter l’équilibre musculaire du pubis ainsi que sur des mesures hygiéno-diététiques adaptées (pas trop de viande rouge et de sucreries). Les étirements sont un moyen de prévention irremplaçable. Il est également conseillé de privilégier au maximum les sols souples.

POINT DE REPERE
La douleur de la région pubienne est le signe essentiel de la pubalgie.
1. Le début est généralement progressif.
2. Uniquement lors de l’effort, au réveil, pendant et juste après la course ou en permanence avec entrave des gestes de la vie courante.
3. Douleurs augmentées par la toux et les efforts de soulèvement de charge.
4. Les coureurs très musclés et râblés, les hyper, ceux qui ont une jambe plus courte ou une pronation sont les plus exposés.
5. Le traitement est fondé sur le repos qui doit être absolu.
6. Il faut y associer une compensation talonnière pour une jambe plus courte éventuelle, la correction de la lordose lombaire par des séances de posture et des étirements type Stretching des muscles concernés.
7. La pubalgie résulte le plus souvent d’un déséquilibre entre les grands obliques insuffisants et les muscles adducteurs hypertoniques, créant ainsi un surmenage « pubien ».

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