Entrainement

Savoir analyser sa fatigue

Par La Rédaction , le 2 novembre 2016 - 5 minutes de lecture

«Courir sur la fatigue», voilà une expression souvent utilisée par les entraîneurs, et une envie partagée par bien des coureurs : dépasser sa fatigue, l’oublier, et continuer à courir même quand le corps semble dire stop. Il est cependant important de bien juger de sa forme du moment afin de ne pas prendre de risques. Nos conseils pour mieux se comprendre.

«La séance d’aujourd’hui m’a épuisé », «j’ai la séance d’hier dans les jambes»… Ces phrases, tous ceux qui pratiquent la course à pieds les ont déjà prononcées, elles prouvent bien que la pratique de la course à pied implique un effort plus ou moins soutenu qui entraîne une diminution de nos réserves énergétiques et une fatigue musculaire plus ou moins marquée.

Mais entre la simple fatigue ressentie en toute logique après un footing et un état d’épuisement plus marqué la limite n’est parfois pas simple à définir d’un individu à l’autre. En effet certains vont avoir une aptitude plus importante à dépasser leur fatigue alors que d’autres vont beaucoup plus difficilement passer outre ces signaux. On se retrouve alors devant le dilemme suivant :

Lorsque je me sens fatigué faut-il que je m’écoute et que je lève le pied afin d’éviter de tomber dans les pièges du sur- entraînement, ou au contraire dois-je dépasser mes sensations pour tirer le meilleur profit de mon entraînement ? Vaste question.

Nous allons donc vous aider à analyser un peu plus vos sensations afin de savoir si vous avez raison ou non de maintenir ou d’annuler une sortie.

Je me sens fatigué avant de courir


De nombreux coureurs confirmés témoignent qu’avec le temps ils se connaissent de mieux en mieux et apprennent à reconnaître les signaux envoyés par leur organisme. Ainsi ils arrivent à adapter leur programme au jour le jour et à placer si besoin une journée d’entraînement allégée dans le cadre de leur préparation. Mais ce n’est pas le cas de tout le monde…

L’intensité avec laquelle nous ressentons la fatigue dépend aussi largement de notre état psychologique du moment. En effet si des évènements professionnels ou familiaux vous préoccupent vous ressentirez de façon plus accrue des signes de fatigue qui, dans un climat plus propice, seraient passés inaperçus.

Le coureur devra donc analyser ses sensations de fatigue selon plusieurs critères afin de déterminer s’il s’agit d’un vrai «passage à vide» nécessitant de marquer une pause dans l’entraînement ou d’une baisse de régime «psychologique» qu’un footing pourrait aider à effacer. Il faut alors analyser la fatigue dans son contexte :

Ma sensation de fatigue n’est pas liée à l’entraînement

J’ai raison de ne pas courir et d’ajourner ma sortie si au cours de la journée un évènement particulier est venu bouleverser mon emploi du temps. Ce peut-être un surcroît important de travail, des travaux à la maison qui s’éternisent, des rendez-vous imprévus qui rallongent indéfiniment la journée…

Dans ce cas pas de doute la fatigue ressentie est objective et vous avez tout intérêt à vous offrir un peu plus de récupération.

Je dois aller courir si cette fatigue est due plus à un stress psychologique qu’à un véritable accroissement de mon activité au cours de la journée (pressions professionnelles par exemple). Dans ce cas un petit footing en endurance (et non une séance plus poussée) permettra de «décharger» le trop plein d’émotions et d’aborder la fin de la journée dans de meilleures dispositions.

Ma sensation de fatigue est liée à l’entraînement.

La sensation de fatigue peut résulter plus simplement de la pratique régulière de la course à pied. Dans ce cas il peut être judicieux de se reposer.

J’ai raison de ne pas aller courir si :

Je récupère difficilement d’un entraînement sur l’autre alors que mon programme ne comporte pas de séances spécifiques (sorties longues, seuil, VMA). Dans ce cas il est évident que vous n’assimilez plus vos sorties, il convient donc de vous reposer.

Je dois aller courir si :

Je suis en période d’entraînement spécifique (exemple : programme marathon). Dans ce cas il est normal qu’une fatigue se fasse ressentir au fil des jours, cette fatigue fait même partie de votre programme. Il vaut alors mieux maintenir votre entraînement.

Je me sens fatigué au cours de ma séance

La planification de votre entraînement joue avec le facteur fatigue. Comme nous le répétons souvent pour progresser il faut que votre plan vous propose un enchaînement de sorties qui stressent (dans le bon sens du terme) suffisamment votre organisme pour que celui-ci s’adapte et progresse. Il faut donc alterner judicieusement période de fatigue et période d’assimilation ( c’est ce que l’on appelle un cycle d’entraînement).

Ainsi dans le cadre d’un programme marathon, beaucoup de coureurs s’étonnent de pouvoir courir le jour J 42,195 km sans trop de problème alors même qu’ils n’ont jamais couru la distance à l’entraînement. En fait c’est cette alternance au cours d’une même semaine d’efforts répétés qui va provoquer une adaptation permanente de votre organisme et lui permettre d’être prêt pour votre marathon le jour J.

Le tout étant bien entendu de ne pas dépasser vos capacités d’adaptation.

Lors de ma sortie longue

Une sortie longue (surtout au-delà de 1 h 45mn) provoque toujours un peu de fatigue, il est donc tout à fait logique de courir en ressentant une fatigue.

J’ai raison de continuer à courir si :

La fatigue apparaît et s’accroît sur la fin de la sortie. Cette fatigue est liée à des passages courus à l’allure marathon ou au seuil. Les sensations ressenties dans ces cas là sont donc des simulations des conditions de course.

J’adapte ou remet ma sortie au lendemain si :

La fatigue apparaît dès les premières minutes d’effort alors que vous n’avez fait aucun entraînement intense au cours des dernières 48 heures.

Lors de ma séance de fractionné

J’ai raison de continuer à courir si :

Je ressens de plus en plus de fatigue à mesure que les fractions s’accumulent. Beaucoup de coureurs n’aiment pas les séances intenses types VMA ou seuil. C’est bien parce qu’il s’agit d’intensités peu confortables et entraînant un « stress » important au niveau physiologique que la fatigue est ressentie au cours de l’exercice. Ce n’est donc pas une raison pour renoncer.

J’arrête de courir si :

La récupération est très difficile dès les premières fractions. Une séance de fractionné fait se répéter des efforts brefs et des temps de récupération calculés pour que vous teniez jusqu’au bout de votre séance. Si il vous semble impossible de redémarrer pour la deuxième fraction, votre corps a droit à un peu de repos.

Rodolphe Bier, entraîneur diplômé d’Etat

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