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Retour sur la conférence « Courir plus vite, avec plaisir et sans se blesser »

Par La Rédaction , le 2 novembre 2016 - 5 minutes de lecture

L’auditorium d’Issy-les-Moulineaux recevait, jeudi 29 septembre, 250 personnes pour la conférence de Blaise Dubois « Courir plus vite, avec plaisir et sans se blesser », organisée par X-run et Jogging International.

Le québécois commence sa conférence en montrant patte blanche : « je ne reçois aucun euros d’aucune marque de chaussure mais je compte bien vous bouleverser avec mes concepts ». Et pour cause, les spectateurs le comprendront plus tard : son crédo à lui, c’est courir pieds nus !

Le corps humain : un modèle d’adaptation

Premier objectif du canadien : rappeler que les coureurs diminuent de 63 % le risque de décès cardio-vasculaire en énumérant les intérêts physiologiques de la course à pied (influence positive sur le surpoids et le diabète, la tension artérielle, le stress, les maladies cardio-vasculaires, et peut être même l’arthrose !). Une phrase qui reviendra souvent dans sa bouche…

L’inactivité, « l’un des fléaux de notre époque », provoque des problèmes de santé biens plus graves que le sport. Et Blaise Dubois réfute tout net la théorie comme quoi soumetre son corps a du stress (effort musculaire intense, mouvements des tendons, impact au sol répété) provoque la dégénérescence de l’organisme. Innovant…

Si courir est bon pour la santé, 50% des spectateurs présents avouent s’être blessés au moins une fois dans l’année. Le bon moment pour explorer les pathologies du coureur : tendinites, fractures de fatigue, claquages (essentiellement au mollet), et leurs causes. Ou plutôt leur cause, unique selon lui : le dépassement de la « limite maximale d’adaptation mécanique ». Le concept est simple, le corps humain peut s’adapter à tous les efforts, à toutes les contraintes, il suffit de lui en laisser le temps.

Le conférencier prodigue donc des conseils très simples, pour satisfaire ses objectifs sans se blesser : ne jamais, au grand jamais, augmenter la durée ou l’intensité d’un entraînement de plus de 10% par rapport à la séance précédente. Mais aussi, et c’est plus surprenant… de ne pas s’étirer, avant (surtout avant) ou après l’effort. L’étirement est bénéfique, mais entre les entraînement, quand les muscles ne sont soumis à aucun effort particulier, et ce encore un fois, pour leur laisser le temps de se remettre des traumatismes infligés.

« Les jeunes enfants courent sur l’avant du pied »

À l’heure de faire participer un peu le public, Blaise Dubois demande à son auditoire combien de personnes ont appris à courir. Le résultat est édifiant : sur les 250 coureurs de l’assistance, seuls… 2 ont appris comment bien courir. Et le physiothérapeute de s’étonner : « tous les sportifs apprennent à pratiquer leur sport, sauf les coureurs. Car ils pensent, vous pensez, nous pensons tous que c’est naturel. »

Visiblement, on se trompe. En grandissant, on court de moins en moins bien, et il ne serait pas superflu de ré-apprendre les bons gestes : « les jeunes enfants de 3 – 4 ans courent naturellement sur l’avant du pied. À force de porter des chaussures avec un talon sur-élevé, on modifie notre bio-mécanique du course. La chaussure apprend l’attaque talon à notre corps, et nous commençons alors à courir de manière artificielle, en posant tout le pied, talon en premier ».

Blaise Dubois en vient à se poser des questions quasi-existentielles « la nature a-t-elle si mal conçu nos pieds pour qu’ils aient besoin de 2 cm de semelle pour se déplacer en courant ? » Le problème est que « l’attaque talon est inefficace et ne respecte pas la bio-mécanique originelle ». En courant sur l’avant du pied, on diminue la force d’impact, le déplacement vertical, le travail musculaire et le temps de contact car « on adopte obligatoirement de plus petites foulées ».

Une fréquence élevée pour moins se blesser

À en croire le spécialiste, une fréquence élevée ( ) diminuerait les risques de blessures mais aussi l’essoufflement et la fatigue (des tests sur tapis le prouverait) : « Chez les athlètes de très haut-niveau la fréquence des pas est toujours de l’ordre de 170-180 pas/minutes, ils n’attaquent pas sur le talon et sont les meilleurs au monde ! »

Pour toutes ces raisons, Blaise Dubois conseille non pas de passer directement aux pieds-nus, ni au minimalisme, mais de prendre son temps, et de profiter de ce qui est bon dans chaque pratique : protéger le pied en lui même par la chaussure lorsque les conditions l’exigent (neige, froid, terrains accidentés, route mal entretenue), et libérer notre corps et notre foulée des contraintes apprises par le port trop récurrent de chaussures avec talon sur-élevé, en courant sur l’avant du pied quand les conditions sont bonnes.

Une transition qui, comme toujours doit se faire progressivement : hors de question de courir un marathon pieds nus dès le mois prochain. il faudra au minimum « trois mois d’adaptation pour des chaussures très légères, six mois pour de vrais minimalistes, et un an pour qui souhaite faire de la compétition pieds nus ».

Par Matthieu Clavel.

A noter que Jogging International sortira dans son prochain numéro un supplément baptisé « Le guide de la chaussure minimaliste » concocté par notre collaborateur, Frédéric Brossard. Vous y trouverez tous les éléments de base pour comprendre ce qu’est la tendance minimaliste appliquée au running.

Blaise Dubois est spécialiste en physiothérapie diplômé de la faculté de médecine de l’Université Laval, Blaise Dubois est le fondateur de la clinique du coureur. Il est considéré comme une référence en prévention des blessures en course à pied, il est devenu un leader international dans ce domaine et partage son expérience dans le monde entier par le biais de ces conférences. Sportif invétéré, il est également co-propriétaire des cliniques de physiothérapie et médecine du sport PCN et consultant pour l’équipe nationale d’athlétisme du Canada.

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