Kilian Jornet : les chiffres fous de son dernier défi
Kilian Jornet vient, encore une fois, d’écrire une nouvelle page du sport en réalisant un défi insensé : parcourir les 82 sommets alpins perchés à plus de 4000m d’altitude en 19 jours. Au total, le Catalan aura parcouru 1207 km et gravit plus 75 300 mètres de dénivelé positif.
Moins d’un an après avoir gravit les 177 sommets de ses Pyrénées natales en huit jours, Kilian Jornet s’est élancé le 13 août dernier à la poursuite d’un défi qui dépasse l’entendement. Le coureur catalan qui s’était imposé quelques jours plus tôt pour la dixième fois sur la course suisse Sierre-Zinal a démarré un projet fou que seuls quelques alpinistes de renom avaient jusqu’alors tenté en 2015 et 2008.
Ce défi, renommé Alpine Connexion, consistait donc à traverser les Alpes en escaladant les 82 sommets situés à plus de 4000 mètres d’altitude sans utiliser le moindre véhicule motorisé. Un chemin long de plus de 1200 km et 75 300 mètres de dénivelé positif réalisé en courant, en marchant ou bien en vélo pour un total d’effort d’environ 268 heures.
Kilian Jornet : 82 sommets à plus de 4000m en 19 jours
Le Catalan donc débuté son parcours en Suisse à l’assaut du premier sommet, le Pic Bernina, le tout sous des conditions météorologiques difficiles. Il a poursuivit son périple dans le Valais, entamant les ascensions les plus difficiles comme le Weisshorn (4 506m). Les étapes se sont enchaînées jusqu’à atteindre le Massif du Mont Blanc (en plein UTMB) où il aura notamment gravit le Mont Blanc (4 808m) et Les Grandes Jorasse (4 208m). Pour terminer, Kilian s’est rendu dans le Parc National du Gran Paradiso (Italie), puis, après une étape à vélo, a conclu son défi dans le Parc National des Écrins avec l’ascension de la Dôme de Neige des Écrins (4 015 m) et la Barre des Écrins (4 102 m).
Un projet pour le plaisir… et la science
Ce projet aura été découpée en 16 étapes, d’une durée variant de 3h45 à 34h, avec une moyenne de 17h. Elles ont été principalement réalisées à pied, incluant de la course, de l’escalade et de la grimpe. Le reste du temps a été consacré au vélo pour relier les différents massifs. Une petite équipe l’a soutenu dans la logistique, couvrant l’alimentation, le matériel et la création de contenu. Le projet aura nécessité plus de six mois d’organisation.
La passion de Kilian pour la science l’a poussé à mesurer divers paramètres en collaboration avec une équipe de scientifiques. Ces données, une fois analysées, offriront une meilleure compréhension des réactions du corps dans des conditions extrêmes, comme celles qu’il a vécues, et serviront de référence pour des études futures. Evoluant la plupart du temps seul, Kilian Jornet a aussi bénéficier de l’accompagnement d’alpinistes de renom pour certaines ascensions.
Kilian Jornet : explorer les Alpes inconnues et sauvages
Pour Kilian Jornet, ce projet revêtait une double signification : d’une part, l’attachement aux montagnes qu’il connaît intimement, où il a vécu et s’est entraîné ; d’autre part, le défi d’explorer des Alpes inconnues et sauvages, sur des itinéraires peu fréquentés où il a dû se fier aux rares informations disponibles et à l’expérience de ses amis et guides de montagne. Cet engagement total, combiné à un effort physique exceptionnel et à une lutte incessante contre la fatigue, a exigé une concentration absolue sur des terrains extrêmement techniques et exposés. L’ultra terrestre, comme il est renommé dans le milieu, s’est évertué à ouvrir de nouvelles « connexions » cherchant ce qu’il appelle « la ligne la plus logique« .
« Ce projet a été une expérience incroyable, sans doute l’une des plus exigeantes que j’ai jamais réalisées, tant sur le plan physique et technique que mental. Maintenir un état de concentration totale pendant 19 jours a demandé une énergie considérable. Chaque instant en valait la peine. Je garde en mémoire tous les levers et couchers de soleil, les moments partagés avec les amis qui m’ont accompagné en montagne. Je suis profondément heureux et fier de ce que nous avons accompli au cours de ces trois dernières semaines ».
Photo : Nick Danielson