Forme et bien-être

Vos pieds à la loupe

Par La Rédaction , le 2 novembre 2016 - 4 minutes de lecture

Ensemble harmonieux et véritable mécanique de précision, les pieds supportent le poids du corps et permettent une parfaite adaptation au sol. Ils sont aussi souvent sources de maux qu’il faut impérativement corriger. Tour d’horizon des pathologies possibles et des soins.

Composé de 26 os, 107 ligaments et 19 muscles, le pied est une structure complexe adaptée en statique, à la station debout et en dynamique, à la marche et à la course. Il supporte le poids du corps et permet l’adaptation au sol. De fait, la pratique de la course nécessite un pied normal, une parfaite statique et une chaussure parfaitement adaptée.
Sachez aussi qu’en course, les pieds rentrent en collision avec le sol 500 à 1250 fois par kilomètre soit 50 à 70 fois par minute pour chaque pied avec une force de 3 à 8 fois le poids du corps (selon le terrain et le poids du coureur). L’impact au niveau de l’interface pied sol est soit absorbé par la chaussure, soit transmis à la jambe et au dos. De fait, une anomalie anatomique ou biomécanique mineure et sans signification fonctionnelle lors de la marche peut se transformer à l’occasion de la course en une véritable lésion. Il faut distinguer deux types d’anomalie : les défauts et les pathologies.
Les défauts du pied peuvent être de plusieurs ordres et seul un examen clinique podologique permet de les visualiser.
Le podologue pourra détecter :
– un hallus valgus ou « oignon » : déformation au niveau du gros orteil
– un quintus varus : déformation similaire mais au niveau du 5ème orteil
– des orteils en griffe ou qui se chevauchent
– des anomalies de longueur de certains orteils
– des rotations anormales des orteils prédisposant aux ongles incarnés
Ces anomalies font que les pieds ayant modifié leur largeur ou volume vont frotter intempestivement dans les chaussures, entraînant cors, durillons, œil de perdrix, ongles incarnés etc … qui devront être traités par les soins de pédicurie.
Au niveau des pathologies du pied, un enregistrement de l’évolution en course sur tapis roulant filmée par une caméra vidéo permet d’analyser votre foulée. A l’aide du ralenti, image par image, il est possible de décortiquer le mouvement et de s’arrêter sur la séquence défectueuse. Il est ainsi possible de mettre l’accent sur le ou les défauts à l’origine de telle ou telle pathologie.

Les anomalies que l’on rencontre le plus souvent chez le coureur à pied et qui doivent être décelées pour être corrigées sont :

– Les inégalités de longueur des membres inférieurs
Elles sont fréquentes et peuvent perturber la statique et la dynamique de l’appareil locomoteur. Dans ce cas, la course se fait dans de mauvaises conditions entraînant des contractures musculaires vertébrales et des souffrances ligamentaires. Un inégalité de longueur induit des déviations en valgus ou pronation (cheville qui verse à l’intérieur) ou en varus ou supination (cheville qui verse à l’extérieur) des chevilles. Ces troubles doivent être compensés par des chaussures appropriées ou par des orthèses plantaires comportant au besoin des talonnettes et/ou des coins supinateurs ou pronateurs.

– Le Genu valgum ou le genu varum
Normalement l’axe du fémur forme avec l’axe du tibia, un angle de 165 à 170 ° ouvert en dehors.
Le sujet en position debout, les genoux juste en contact, le spécialiste détermine le genu valgum en mesurant l’écartement entre les malléoles internes. Le genu valgum normal est de 10 à 15 °, au-delà il devient pathologique.
La déformation inverse au niveau du genou est le genu varum. C’est une incurvation externe qui porte sur la totalité du membre inférieur, fémur d’une part et tibia péroné d’autre part. Les malléoles internes étant en contact, c’est la distance séparant la face interne des genoux qui mesure le genu varum.
On notera que les déviations latérales des genoux sont presque toujours associées à des déviations des chevilles. Ainsi il existe une corrélation entre les pieds plats valgus et le genu valgum et entre les pieds creux et le genu varum.

– La pronation ou valgus
Elle « ouvre » le pied pour lui permettre de s’adapter à la surface du sol et d’absorber le choc pendant la course. Si la pronation est excessive, elle prédispose au déclenchement de périostites tibiales ou de tendinites par hyper sollicitation du muscle jambier postérieur. Ce même valgus peut également être à l’origine d’un syndrome rotulien.

– La supination ou varus
Elle « referme » le pied ce qui permet la stabilisation lors de l’attaque du talon et la propulsion lors de l’élancement sur la pointe.
Si le degré de supination est excessif ou si la phase de supination est prolongée, la cheville s’affaisse en dehors, entraînant une surtension des structures du genou et du pied. Cette supination favorise une hyper sollicitation des muscles péroniers et donc les tendinites des péroniers latéraux. Ce varus est également à l’origine du syndrome de Maissiat (tendinite du fascia-lata).
Pronation ou supination sont des mouvements complexes qui impliquent l’articulation sous astragalienne ainsi que toutes les structures de la partie inférieure de la jambe.
Les déviations des chevilles, souvent associées aux déformations des genoux ou des membres inférieurs, doivent donc être compensées.
Les orthèses plantaires modifieront la répartition des contraintes mécaniques. La compensation s’effectuant à l’inverse du défaut d’axe c’est à dire un élément sur-élevant l’intérieur du talon sur la semelle compensera la pronation et le genu valgum. Un élément sur-élevant l’extérieur du talon compensera la supination et le genu varum.

– Le tendon d’Achille court
Il est à l’origine de nombreuses pathologies chez le sportif.
L’étirement en flexion dorsale est alors douloureux et limité. Il induit le plus souvent, un pied creux avec défaut d’axe. Il favorise un trouble statique de l’arrière pied et l’apparition des tendinites achilléennes. Il peut également être à l’origine d’une douleur de la 1ère tête métatarsienne dont le rôle est fondamental dans la phase de propulsion.
Cette pathologie très fréquente doit être compensée par le port d’orthèses plantaires adaptées avec talonnettes dont le rôle est de surélever le talon pour diminuer la tension du tendon d’Achille et de cales talonnières adaptées au défaut d’axe.

Rééquilibrer le corps
A la lumière de ces anomalies fréquemment constatées chez le coureur à pied, on peut affirmer qu’ un alignement biomécanique défectueux et un déséquilibre de structure des membres inférieurs ou des pieds sont fréquemment responsables d’accidents chez les sportifs. Il est donc impératif de corriger les anomalies de structures importantes. Elles seront détecter lors d’un examen podologique. Il en est de même pour celles de moindre importances qui déclenchent une pathologie douloureuse. Les orthèses plantaires thermo-formées sont fondamentales dans la correction de ces troubles statiques. Ces orthèses n’agissent pas uniquement au niveau des pieds mais sur l’ensemble des articulations portantes de l’appareil locomoteur.
Elles permettent la rééquilibration du corps par la base sur le plan physique, musculo-ligamentaire, et neuro-musculaire.

Les bonnes chaussures
A la suite de l’examen clinique, de l’analyse vidéo dynamique et au vu de l’allure et de l’importance de l’usure des chaussures de running, le podologue du sport sera à même de donner des conseils de choix d’achat de chaussures. Cette liste de conseils donnera les grandes lignes de « chaussage » et guider le vendeur spécialiste en évitant les erreurs trop souvent constatées. Il ne faut pas perdre de vue que la foulée n’est pas forcément symétrique et que ce n’est qu’après un examen rigoureux et méticuleux, qu’il est possible de déterminer si l’on a besoin ou non d’orthèses plantaires et quelles sont les chaussures qui optimiseront les performances…

LEXIQUE

Pronation : rotation autour de l’axe du pied ; le bord externe du pied se soulève, l’interne s’abaisse.
Supination : rotation autour de l’axe du pied ; le bord externe du pied s’abaisse, le bord interne se soulève.
Abduction : mouvement qui tend à éloigner un segment de membre, ou le membre entier de l’axe du corps.
Adduction : inverse de l’adduction ; mouvement qui tend à rapprocher le membre de l’axe du corps.
Eversion : mouvement réalisé par le pied, conjuguant flexion dorsale, pronation et abduction.
Inversion : mouvement inverse de l’éversion ; flexion plantaire, supination et adduction du pied.
Genu valgum : malposition qui concerne le segment jambier ; l’angle est celui entre la cuisse et la jambe. Il s’objective par un espace inter-malléolaire quand les genoux se touchent.
Genu varum : déformation des membres inférieurs dans leur ensemble ; l’angle se mesure entre la cuisse et la jambe. Il s’objective par un espace inter-condylien lorsque les malléoles se touchent.
Flexion dorsale : mouvement qui tend à rapprocher le dos du pied de la face antérieure de la jambe.
Flexion plantaire : mouvement induit par ma tibio-tarsienne qui tend à mettre le pied dans le prolongement de la jambe.
Valgus : déviation d’un membre ou segment de membre en dehors ; au niveau du pied, celui-ci s’appuie sur son bord interne, la plante regarde en dehors.
Varus : déviation d’un membre ou segment de membre en dedans ; le pied s’appuie sur son bord externe, la plante regarde en dedans.

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