Forme et bien-être

Même malade, on continue à courir !

Par gmartine , le 2 novembre 2016 - 4 minutes de lecture

Malade, on ne devrait plus courir ? Au contraire, dans la majorité des cas, le sport est non seulement permis mais même recommandé. À condition de respecter une pratique loisir adaptée.

Courir avec un cancer

De très nombreuses études ont montré que l’activité physique améliore les capacités et la qualité de vie des patients atteints d’un cancer (et ce quel que soit le type de cancer). Par exemple, la course à pied améliore les aptitudes cardiaques et respiratoires durant et après le traitement du cancer. L’activité physique peut également atténuer les symptômes et désagréments liés à la chimiothérapie. Elle a un impact positif sur le moral et le bien-être (moins d’anxiété, de dépression, meilleur sommeil et image du corps revalorisée). Elle aide ainsi à guérir et à ne pas rechuter. Au point que, pour les cancers du sein traités par chimiothérapie, le risque de décès chute de 34 % et le taux de récidive de 24 %.

La pratique doit bien évidemment s’adapter à la condition de chacun. On ne recherchera pas l’intensité ou la vitesse. Et les séances de course à pied ne seront pas les mêmes durant une phase de chimiothérapie et après une guérison. Après une chimiothérapie, l’organisme étant fragilisé sur le plan immunitaire et musculaire, on préfèrera par exemple des sorties en endurance fondamentale.

L’activité physique recommandée après un cancer du sein est une activité de type aérobie d’intensité modérée, entre 50 et 75 % de la fréquence cardiaque de réserve (fréquence cardiaque maximale – fréquence cardiaque de repos), durant 20 mn à 1 heure trois à cinq fois par semaine. Après un cancer du côlon, une activité physique d’intensité modérée à élevée durant le traitement produira de meilleurs résultats aux niveaux fonctionnel, physique, émotionnel et du bien-être. En revanche, les traitements chez les patients de plus de 65 ans sont délicats. Pour cette population, on recommande au moins 30 mn d’activité physique d’intensité modérée aérobie (55 à 70 % de la fréquence cardiaque maximale) tous les jours. Les mécanismes qui pourraient expliquer l’effet bénéfique de l’activité physique sur les cancers sont liés à des incidences sur la production de certaines hormones par l’organisme et sur le pourcentage de cellules graisseuses abdominales.

Après un infarctus

Après un infarctus (artères du cœur bouchées), plusieurs traitements sont entrepris : pontages (opération du cœur), mise en place de petits ressorts dans les artères (stents) pour les rouvrir et prise de médicaments. L’activité physique est ensuite conseillée et même encouragée. De nombreux cardiologues prescrivent ainsi de la rééducation sur tapis roulant ou vélo, l’objectif étant de conserver une pratique sportive régulière au décours de la maladie. Car on réduit ainsi les risques de rechute et on améliore les performances de ses artères et son cœur. Le sport en compétition est déconseillé, mais il n’y a aucune contre-indication à une pratique «plaisir», à condition de faire attention à l’échauffement, à l’intensité, à la progressivité dans l’effort et la récupération. L’environnement est également à prendre en compte : le froid ou la chaleur intense, le vent ou l’altitude sont des ennemis potentiels qui doivent obliger au minimum à adapter ses allures et sa pratique. Parmi les conseils indispensables au coureur cardiaque : toujours avoir son téléphone avec soi, ainsi que de la Trinitrine (médicament qui calme les douleurs dans la poitrine en élargissant les artères), au besoin. Il faut écouter ses sensations et consulter si des symptômes (douleurs ou palpitations inhabituelles, malaise) apparaissent.

Les patients cardiaques peuvent être classés en trois groupes : à risque faible, à risque intermédiaire et à risque élevé, en fonction de l’importance d’un infarctus, des résultats de leur test d’effort et de leur échographie du cœur, qui sont indispensables pour pratiquer. Seuls les conseils de votre cardiologue vous permettront de courir de façon appropriée. La prise de certains médicaments ralentissant la fréquence cardiaque comme les bêta-bloquants vous obligera à ne pas tenir compte des formules d’entraînement habituelles. Le test d’effort permettra à votre médecin de déterminer les fréquences à respecter sur votre cardiofréquencemètre, essentiel pour surveiller son effort. La première année, les sorties devront être réalisées en endurance, sans fractionné. Ensuite, la pratique pourra être plus intense. Il faut comprendre que le contexte individuel est la pierre angulaire de votre pratique et de son niveau.

Combattre l’asthme

L’asthme est une maladie inflammatoire des voies aériennes qui induit une limitation de la respiration. Jusque dans la deuxième moitié du XXe siècle, l’activité physique était contre-indiquée dans cette maladie, ce qui a eu pour conséquence des générations d’enfants asthmatiques chétifs, surprotégés et déconditionnés à l’effort. Depuis, la majorité des sports sont conseillés chez l’asthmatique, un entraînement régulier réduisant les effets secondaires et séquelles causés par la maladie ou le traitement. L’activité physique se révèle alors bénéfique sur de nombreux plans, à condition de la pratiquer de façon raisonnable et adaptée à la condition physique individuelle. Elle améliore la mobilité, développe la force et l’endurance, stimule les défenses de l’organisme, procure du plaisir et permet de nouer de nouveaux contacts. L’exercice a d’autres effets positifs : on respire mieux, on se sent plus fort, on a davantage d’énergie, de confiance en soi, on se fatigue moins et on se concentre mieux.

Chez les sportifs de haut niveau (fréquemment touchés par l’asthme), l’hyperventilation prolongée occasionnée par les séances répétitives d’entraînement accentuerait l’irritation des voies respiratoires. Ce phénomène serait renforcé lorsqu’on pratique la course à pied dans un air froid, au printemps (pollens en suspension) et en cas de pic de pollution. Toutefois, l’asthme n’affecte pas vraiment la performance.

La prise de médicaments bronchodilatateurs (comme la Ventoline) juste avant d’aller courir prévient le risque d’une crise d’asthme d’effort et améliore le confort de respiration. Attention cependant aux problèmes de dopage : certains médicaments nécessitent d’être déclarés avant d’être utilisés en compétition. Associé à cette médication, un échauffement approprié diminue également le risque d’apparition de l’asthme d’effort à l’exercice aigu. Ainsi, un échauffement de 10 à 15 mn à 60 % de VO2 max (notre capacité maximale d’absorption d’oxygène) réduit significativement ce risque. L’entraînement physique repousse le seuil d’intensité de l’effort à partir duquel la crise risque d’apparaître. Par ailleurs, les défenses immunitaires sont augmentées par des entraînements physiques modérés. On observe ainsi une réduction des infections respiratoires chez les sujets ayant une activité physique régulière et modérée, mais une augmentation de celles-ci en cas d’activités intenses. Un dernier conseil : si vous êtes asthmatique, gardez toujours votre aérosol à portée de main durant une sortie.

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