Forme et bien-être

Le sang : votre meilleur indicateur de forme

Par gmartine , le 2 novembre 2016 - 4 minutes de lecture

Si l’analyse sanguine permet de déceler des facteurs de risques cardiovasculaires pour tout individu, elle permet aussi d’établir un suivi biologique du coureur à pied.

Par Jean-Frédéric Donati, médecin du sport, spécialiste de la course à pied.

Une analyse sanguine est certainement le complément utile au bilan clinique initial chez le sujet désireux de se mettre à la course à pied. Elle permet de déceler des facteurs de risque cardiovasculaire et d’établir un document de base permettant ultérieurement, de suivre l’évolution du sportif. Chez le coureur régulier, le suivi biologique permet de vérifier si son activité a une action favorable et correctrice de certaines anomalies, ou bien au contraire en provoque.

Une fréquence annuelle est suffisante pour certains paramètres, alors que d’autres ne nécessitent un contrôle que tous les 2 ou 3 ans. Une fréquence plus rapprochée est nécessaire en cas d’anomalie et certains paramètres ne sont utiles que d’après l’examen clinique et des plaintes spécifiques.

Le bilan initial doit comporter :

*une numération formule sanguine (NFS) et de plaquettes ;

*une ferritinémie qui représente les réserves en fer de l’organisme ;

*une glycémie à jeûn qui recherche un diabète ;

*un bilan lipidique comprenant un dosage des triglycérides, du cholestérol total, du HDL cholestérol et le calcul du LDL cholestérol. Le HDL cholestérol représente le « bon cholestérol », facteur cardiovasculaire protecteur ; le LDL représente le « mauvais » cholestérol, facteur délétère sur le plan cardiovasculaire ;

*un dosage d’acide urique à la recherche d’un taux limite faisant craindre le déclenchement de crises de goutte par l’activité sportive.

Le dosage du calcium, du magnésium et de divers oligoéléments ne représente aucun intérêt pour le suivi normal d’un coureur.

La NFS : plus que le nombre de globules rouges (GR), le taux d’hémoglobine (Hb) est le chiffre le plus important. L’Hb est le transporteur d’Oxygène et l’anémie se définit pour une femme à un taux inférieur à 12 g et pour un homme à 13 g pour 100ml.

Le VGM ou volume globulaire moyen représente la taille des globules rouges (GR). Des GR trop gros peuvent être signe de carence en Folates et vitamine B12 , des GR trop petits sont souvent signe de carence en fer.

La TCMH ou teneur corpusculaire moyenne en hémoglobine indique si le globule rouge est correctement rempli en Hémoglobine. Là aussi une carence martiale (déficit en fer) entraîne une baisse de cette teneur.

L’hématocrite (Hte) est le rapport entre le volume de cellules (essentiellement les globules rouges) et le volume plasmatique d’un tube gradué à 100 après centrifugation. L’hématocrite normal pour un homme se situe entre 40 % et 54 % ; celui d’une femme se situe entre 35 % et 47 %. Son interprétation demande donc de prendre en considération l’état d’hydratation du sujet et le nombre de globules rouges. La déshydratation fait augmenter l’Hématocrite alors qu’une anémie avec une baisse du nombre de globules rouges la fait baisser.

Le bilan lipidique est utile car il permet de constater chez le coureur régulier de façon quasi constante une baisse des triglycérides, une élévation du HDL cholestérol et de façon moins probante une baisse du cholestérol total et du LDL cholestérol. Un entraînement de seulement 3 séances hebdomadaires de 20 minutes chacune à 70 % de la VO2 max suffit à augmenter le HDL cholestérol de 5 % environ. Il semblerait que cette augmentation soit due principalement à une diminution de la dégradation du HDL plutôt qu’à l’accroissement de sa synthèse.

En résumé, une analyse sanguine ne permet pas de suivre la qualité d’un entraînement, mais plutôt l’état de santé de l’athlète qui le suit. Elle permet de vérifier l’effet de l’entraînement sur certaines constantes importantes et d’identifier certaines causes expliquant des difficultés à le suivre ou une fatigue anormale.

Elle permet de répondre à cinq interrogations :

. présence d’une anémie expliquant un essoufflement anormal, une fatigue (taux d’hémoglobine trop faible, baisse de l’ hématocrite)

. présence d’une carence martiale (déficit en fer) pouvant expliquer une faiblesse musculaire, des douleurs musculaires inhabituelles pour le type d’effort effectué,

. prévention des troubles précédents par dosage de la ferritine, suffisante ou non,

. correction d’une anomalie lipidique sans traitement médicamenteux ;

. aggravation ou non d’une hyperuricémie (augmentation de l’acide urique dans le sang), amélioration, voire correction d’un diabète chez les sujets concernés par ces troubles métaboliques.

Enfin, si l’on désire faire un don de sang, il est préférable de le faire après plutôt qu’avant une séance d’entraînement, en raison de la baisse (faible) du nombre de globules rouges qu’il entraîne et qui n’est compensée que dans les heures suivant le don. Par rapport à une compétition un don est possible sans aucune incidence jusqu’à la semaine précédant celle-ci.

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