Fatigue : trouvez la bonne !
Vous vous sentez fatigué ? Déterminez donc de quel type de fatigue il s’agit ! La course à pied pourra alors se révéler comme une cause… ou comme une façon de se reposer !
La fatigue est un phénomène physiologique correspondant à l’épuisement des ressources de l’organisme et qui va spontanément régresser avec la récupération de ces ressources grâce au repos et à la reconstitution des stocks énergétiques. Il en est ainsi de la fatigue musculaire après une activité physique ou sportive, ou neurosensorielle après des efforts intellectuels ou sensoriels (visuels ou auditifs).
L’asthénie caractérise une fatigue pathologique généralement chronique sans cause immédiate (absence d’effort physique ou sportif, ou bien effort minime). Cette asthénie peut être d’ordre somatique, psychique ou environnementale.
Le sportif venant consulter et se trouvant dans le premier cas se verra rapidement soulagé par le repos et des conseils diététiques visant à reconstituer son organisme. Repos et diététique vont permettre aux membranes cellulaires et aux stocks énergétiques de se reconstituer. Ainsi, en quelques jours, le sujet se retrouve en pleine possession de ses facultés.
L’asthénie chez un sujet, sportif ou non, demande un examen clinique général comprenant notamment un interrogatoire minutieux afin de déterminer s’il s’agit d’une pathologie organique, psychique ou environnementale consécutive au mode et au rythme de vie que nous impose notre société (transports, bruit, stress professionnel avec rentabilité et compétitivité sans cesse accrues).
L’examen clinique s’attachera à rechercher des signes d’insuffisance ou de défaillance des grandes fonctions organiques indispensables à la vie quotidienne et à la pratique d’un sport. Les principales causes organiques recherchées sont : l’insuffisance cardiovasculaire, l’insuffisance rénale, l’insuffisance hépatique, l’insuffisance respiratoire, les atteintes neurologiques et musculaires. Ensuite, l’examen recherchera un trouble des fonctions hormonales, thyroïdiennes, surrénaliennes, pancréatiques (diabète). Enfin, une recherche d’un foyer infectieux chronique « caché » au niveau ORL et dentaire est souvent positive chez un sportif asthénique. Au terme de cet examen clinique, certains examens biologiques simples peuvent être prescrits. Il s’agit d’une numération formule sanguine (maladies sanguines, infectieuses ou parasitaires), vitesse de sédimentation, C Réactive protéine, glycémie à jeun, créatinine (rein), bilan hépatique, TSH (thyroïde), bandelette urinaire (rein-infection), ferritine (réserve de fer).
Ce n’est qu’en cas d’association de perturbation de l’examen clinique et d’anomalie d’un ou plusieurs de ces indicateurs biologiques qu’il est utile de pousser plus avant les investigations complémentaires.
COURIR un excellent remède contre les fatigues dépressives
Il faut bien reconnaître que, le plus souvent, tout est normal et que l’interrogatoire retrouve un surmenage du rythme de vie associé à des troubles ou un manque de sommeil, un désintérêt croissant pour le travail, les loisirs, la vie sociale, voire familiale. Le tout s’accompagne très fréquemment d’anxiété se manifestant par des désordres digestifs (douleurs abdominales, diarrhée, constipation), cardiovasculaires (palpitations, précordialgies) ou neuromusculaires (fourmillements des extrémités, douleurs musculaires). Le diagnostic de syndrome dépressif peut alors être posé.
Dans cette situation, la pratique de la course à pied représente un excellent traitement de l’asthénie révélatrice d’un syndrome dépressif. Des études comparant cette activité pratiquée au moins 3 fois par semaine, à la prescription d’un antidépresseur ont montré un effet thérapeutique comparable sans les effets secondaires du médicament, après une évaluation à 3 mois. Cependant, cette activité sportive demande à être poursuivie pour en conserver les effets, ce qui, en général, ne pose aucun problème, les sujets restant très demandeurs d’une telle pratique.
La course agit en restaurant une meilleure hygiène de vie, qu’il s’agisse du repos ou de l’alimentation. Elle redonne au sujet une confiance en soi grâce aux progrès très vite réalisés, par une anxiolyse que procurent les séances de course, par un meilleur sommeil retrouvé. Elle permet d’aborder plus détendu le stress professionnel et permet également assez souvent d’établir de nouveaux liens sociaux entre catégories a priori différentes.
Enfin, une situation particulière est celle du coureur assidu présentant une asthénie. Après avoir éliminé une pathologie organique intercurrente toujours possible, la visite médicale recherchera un surentraînement. Il s’agit le plus souvent d’un coureur ayant refusé d’admettre une fatigue physiologique secondaire à son volume d’entraînement, et n’ayant pas respecté un repos suffisant. Les contre performances réalisées entraînent alors un accroissement de l’entraînement qui ne fait qu’aggraver la situation avec une asthénie croissante et son cortège de désillusions avec installation de troubles du comportement, irritabilité, troubles du sommeil et de l’appétit, blessures musculotendineuses et osseuses, troubles hormonaux (notamment des hormones sexuelles chez l’homme comme chez la femme avec baisse de la libido), perturbations cardio-vasculaires bien mises en évidence par des troubles de la repolarisation sur l’électrocardiogramme. Un retour à la normale ne peut être obtenu qu’après plusieurs mois d’arrêt total de la cause (au moins 2 mois), avec ensuite une reprise très progressive. Il est donc important de souligner l’importance du repos dans les plans d’entraînement.
La fatigue représente donc un modèle symptomatique très spécifique et physiologique répondant à l’épuisement des facultés de l’organisme à réaliser un effort (musculaire, intellectuel, sensoriel) en raison de l’utilisation totale de ses réserves et de l’altération de ses composantes. Le repos suffit à la faire disparaître.
L’asthénie quant à elle, représente un modèle particulièrement peu spécifique avec intrication de la participation de causes organiques, psychologiques et environnementales. Une prise en charge globale est nécessaire pour y remédier, où le sport, et notamment la course à pied, peut tenir une place importante.
Docteur Jean-Frédéric Donati, marathonien, cent-bornard
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