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Fatigue mentale : comment s’en servir pour progresser en course à pied ?

Par La Rédaction , le 19 janvier 2024 , mis à jour le 31 janvier 2024 - 4 minutes de lecture

La fatigue mentale d’un coureur a une influence importante sur son niveau de performance. Pour autant, une étude suggère également que s’entraîner dans un état de fraicheur mentale diminué pourrait aussi avoir du bon. Explications.

Le rapport entre fatigue mentale et capacité à décliner un effort de qualité est moins diffus qu’il n’y parait. Une étude scientifique britannique a demandé à des coureurs de tenir à deux reprises le plus longtemps à allure imposée sur un tapis roulant. Dans le premier cas, le test avait lieu après que les participants avaient regardé un documentaire ne procurant aucune émotion particulière. Dans le second cas, le test de course à pied intervenait à l’issue d’un test de logique, lors duquel les coureurs devaient résoudre des exercices sur ordinateur imposant un très haut niveau d’attention et un travail réflexif important. L’objectif était simple : fatiguer les méninges des coureurs avant qu’ils ne montent sur le tapis roulant ! Un peu comme si l’on décidait de comparer ce que donnerait une séance VMA après une journée passée à ne rien faire ou à l’issue d’une journée de travail passée derrière un écran d’ordinateur.

Les résultats furent spectaculaires puisque chaque coureur craqua en moyenne 20% plus tôt après s’être creusé les méninges. Aucun indice physiologique enregistré n’était pourtant dans le rouge. Preuve que l’état de fraîcheur mentale influence directement le niveau de performance en course à pied.

A la lumière de cette étude, il semble logique de gérer l’approche des compétitions en tenant compte des contenus de séances, mais aussi des contraintes annexes — même si celles-ci n’ont rien de physique ni ne semblent pas génératrices de fatigue. Il est donc judicieux, lors de la période d’affutage, de lever le pied tant sur le plan physique que mental et d’éviter de programmer une compétition importante si les conditions personnelles (famille, travail…) ne sont pas optimales.

Quand la fatigue mentale nous rend plus fort

Logique de penser qu’il est plus judicieux et profitable (en termes de progression) de courir les idées claires. Mais, paradoxalement – et à rebours de ce qui a précédé –, la fatigue mentale engendrée par la vie professionnelle autant que les contraintes familiales peut se révéler positive. C’est ce qu’a démontré une étude à la méthodologie similaire à la précédente. Il a en effet été demandé à des sujets adultes actifs de s’entraîner plusieurs fois par semaine en réalisant le protocole précédemment décrit de creusage de méninges. Dans le même temps, un second groupe de participants respectait sa manière habituelle de s’entraîner. A l’issue de douze semaines, le protocole a été stoppé et l’on a demandé aux participants de réaliser la meilleure performance possible lors d’une épreuve de course à pied.

Les progrès furent plus probants pour les coureurs à pied du groupe adepte du ‘Brain Endurance Training’. Concrètement, ces derniers révélaient une meilleure perception de la difficulté de l’exercice. Le fait de courir régulièrement en étant fatigué mentalement rendait leur effort moins pénible, sans pour autant que cela soit liée à une amélioration de la réponse de leur organisme à l’effort. Cela peut s’avérer bénéfique lorsque l’on sait que c’est toujours la pénibilité de l’effort ressenti qui guide l’allure imprimée lors d’une compétition.

Apprendre à courir dans des conditions pénibles…

Quelles leçons tirer de ces deux informations finalement contradictoires ? Sans doute qu’il est nécessaire d’approcher et concevoir l’entraînement dans sa globalité. Pour progresser, il faut gommer ses points faibles et renforcer ses points forts. Dans cette perspective, toute la subtilité d’un entraînement bien mené consiste à en varier le contenu pour devenir progressivement le plus adapté possible au challenge qu’impose la pratique du running.

Au même titre que l’entraînement à jeun oblige l’organisme à s’organiser sur le plan énergétique ou que les séances de PPG renforcent muscles et tendons, courir occasionnellement dans des conditions pénibles sur le plan perceptif (quand il ne fait pas beau, que l’on se sent fatigué nerveusement…) peut constituer une vraie stratégie de progression. Dans la même logique, toutes les activités imposées dans les raids multisports qui hyper-sollicitent les méninges durant l’effort (course d’orientation, VTT roadbooks…) constituent de formidables opportunités d’entraînement des ressources mentales que sollicite la course à pied.

Fatigue mentale : savoir régler le curseur

Et si tout n’était finalement que question de dosage. Au même titre qu’il serait farfelu de systématiquement courir le ventre vide ou d’enchaîner les séances intensives, il convient de gérer son état de fatigue mentale avec doigté dans le contexte de l’entraînement. Ne pas hésiter à s’entraîner parfois dans des conditions plus pénibles pour sortir de la routine en prenant garde toutefois de ne pas en faire trop. Pour gérer habilement ce savant dosage, veiller à conserver le plaisir pris à courir et à s’assurer que le niveau de forme reste cohérent lors des séances clés du programme hebdomadaire.