Électrostimulation : De plus en plus courant…
L’utilisation de l’électrostimulation ne se limite plus aux soins. Préparation et renfort musculaires, entraînement, récupération, fitness entrent désormais dans le cadre de ses applications et donc, dans la vie des coureurs. Explications
Voilà trente ans que l’électrostimulation existe. Utilisée tout d’abord à des fins thérapeutiques pour empêcher ou récupérer l’atrophie d’un membre mis au repos forcé en raison d’une blessure ou pour soulager une douleur, elle permet aujourd’hui de compléter les entraînements ou d’aider à la récupération.
Mais comment ? L’électrostimulation consiste à produire des contractions musculaires au moyen de courants électriques bien spécifiques appliqués sur le muscle (au niveau des points moteurs) grâce à des électrodes de surface. La nature des impulsions électriques permet d’obtenir différents types de contractions et donc de travailler musculairement dans un axe déterminé à l’avance.
Aujourd’hui, cette méthode dépasse largement le simple cadre de la rééducation et de la récupération musculaire pour s’inscrire, grâce à des protocoles particuliers, parmi les techniques de traitement thérapeutiques et de compléments d’entraînement. Attention toutefois, l’objectif n’est ni de remplacer l’exercice physique indispensable à l’hygiène de vie ni de supplanter les séances d’entraînement indispensables à toute progression.
Comment ça marche ?
Lorsque vous effectuez un effort physique, votre cerveau via les nerfs, donne des ordres à vos muscles. Avec l’électrostimulation, c’est l’appareil qui commande. En envoyant de minuscules impulsions, vous avez la possibilité avec cette nouvelle génération d’appareils de contrôler parfaitement la quantité et la qualité du travail. En fonction de ce dernier, on fait varier plusieurs paramètres : la fréquence du courant, la largeur d’impulsion, l’intensité du courant et les temps de contraction et de repos.
La fréquence.
C’est le paramètre le plus important car il détermine l’effet recherché.: augmentation du flux veineux et du flux artériel, antalgique, endorphinique, décontracturant, entretien et amélioration de la qualité musculaire (effet tétanisant), préparation du muscle à l’effort (potentiation).
Les fréquences utilisées varient selon les appareils de 1 à 150 Hertz.
1 – 3 Hz : relâchement des fibres
4 – 6 Hz : endorphinique (fréquence permettant la libération d’endorphine, l’anti douleur )
8 – 10 Hz : Capillarisation (fréquence permettant le recrutement d’un nombre plus important de capillaire voire l’amélioration de ce réseau dans certains cas)
15 – 50 Hz : Potentiation (fréquence permettant aux fibres musculaires d’atteindre plus rapidement leur efficacité maximale)
20 – 120 Hz : Effets tétanisants (fréquence permettant la contraction efficace du muscle avec en fonction de l’intensité un recrutement maximal d’unité motrice au sein du muscle)
80 Hz : Décontracturant (fréquence permettant d’aboutir à la décontraction du muscle)
80 – 150 Hz : Antalgique (fréquence permettant d’obtenir un effet anti – douloureux)
La largeur d’impulsion.
La durée totale d’une impulsion s’exprime en us (micro seconde). La valeur de la largeur d’impulsion se détermine en fonction de la particularité et de la localisation de chaque muscle.
L’intensité.
Elle sera variable en fonction des fréquences utilisées donc des effets recherchés :
Effets | Intensité à utiliser pour un résultat optimal |
Relâchement des fibres Endorphinique Capillarisation |
Faible : minimun nécessaire pour déclencher des battements musculaire, ou voir les secousses |
Tétanisation | Au maximun de ce que l’on peut supporter tout en restant confortable (monter l’intensité au cours de la séance) |
Décontracturant | Elevée : tout en restant supportable par le patient |
Potentiation | Moyenne : car il y a des variations de fréquence dans le programme. |
Le temps de contraction.
Le temps de contraction est déterminé en fonction du travail que l’on veut réaliser. Attention, il sera adapté à un individu à un moment donné (que ce soit en rééducation ou complément d’entraînement).
Le temps de contraction sera permanent pour : le relâchement musculaire, la capillarisation, l’antalgie l’endorphinique. Sa valeur variera de 2 secondes (potentiation) à 12 secondes pour les courants tétanisants.
Le temps de repos.
Sa valeur sera en fonction du temps de contraction et de la fréquence utilisée. Pour les fréquences inférieures à 35 Hz, le temps de repos peut être égal au temps de contraction et peut même être inférieur.
Pour les fréquences supérieures à 50 Hz, le temps de repos doit être supérieur au temps de contraction.
La durée de la séance.
Ce temps est à déterminer en fonction du travail recherché, donc de la fréquence que ce soit en rééducation, récupération ou complément d’entraînement. Les fréquences inférieures à 10 Hz peuvent être appliquées longtemps sans risque, puisque la notion de fatigue n’intervient pas.
Pour les fréquences supérieures à 20 Hz la durée de la séance doit rentrer dans le cadre d’un protocole de rééducation ou d’entraînement, cette séance doit être précédée d’un échauffement et suivi d’une période de récupération, d’étirements voire de repos.
Ceci expliqué, il est temps de vous donner des conseils pratiques.
Voici plusieurs cas d’utilisation :
Récupération et soins
1. Après la séance d’entraînement lorsque le sujet ressent une fatigue pouvant engendrer des courbatures
Objectif : Relâchement musculaire
Fréquence de 1 à 3 Hz :
Durée : 20 minutes
Le retour veineux est facilité grâce au pompage musculaire. Les membres inférieurs restent la priorité puisque les contractions du triceps sural et la semelle veineuse de Lejars assurent 80% du drainage des membres inférieurs.
Quand : après la séance de façon ponctuelle
2. Après la séance d’entraînement lorsque le sujet ressent une fatigue s’accompagnant de douleurs localisées
Objectif : Récupération post effort et antalgie par libération d’endorphine
Fréquence de 10 à 1 Hz
Durée : 24 minutes
En balayant les différentes fréquences de 10 Hz à 1 Hz et grâce à un battement musculaire permanent il y aura cumulé : l’action antalgique, l’action décontracturante et la capillarisation.
Quand : après la séance d’entraînement ou la compétition, et le lendemain si les douleurs persistes.
3. En cas de douleur permanente au triceps sural (rencontré chez les coureurs à pied, mais sans syndrome des loges)
Objectif : Soulager le sportif et lui permettre de reprendre son activité sportive !
Fréquence de 8 à 10 Hz
Durée : 25 minutes
Pratiquer tous les jours ce protocole de capillarisation afin d’améliorer la perfusion tissulaire. Placer les électrodes sous le mollet : une en distale, l’autre en proximale.
Quand : Tous les jours et après la séance d’entraînement.
4. Contracture
Les kinésithérapeutes utilisent aussi l’électrostimulation dans le cadre de soins, les protocoles étant alors complètement individualisés. Toutefois, vous pouvez utiliser l’appareil dans le cadre d’une contracture musculaire.
Fréquence utilisée 80 Hz
Intensité : Au maximun de ce que l’on peut supporter tout en restant confortable (monter l’intensité au cours de la séance)
Temps de contraction : 10 à 12 secondes suivi d’un temps de repos de 20 secondes pendant lequel on étire le muscle ou le groupe musculaire en question
Durée de la séance : 5 à 8 minutes.
Position : confortable, dans une position où il sera facile d’étirer le muscle.
5. Travail de gainage (abdominaux) :
Exercice de renforcement à titre préventif, d’hygiène, ou de rééquilibrage dans le cadre d’hyperlordose, pubalgie…..
Fréquence utilisée 35 à 45 Hz
Intensité : Au maximun de ce que l’on peut supporter tout en restant confortable pour le patient, (monter l’intensité au cours de la séance)
Temps de contraction : 6 à 8 secondes suivi d’un temps de repos égal au temps de contraction
Durée de la séance : 20 à 25 minutes (échauffement et récupération inclus)
Position : allongé sur le dos les genoux fléchis ou les jambes reposant sur un petit banc….le patient doit décoller les épaules et expirer à fond (souffler) durant le temps de contraction.
Complément d’entraînement
L’objectif est de toujours rechercher la meilleure contraction possible, le seuil de la douleur étant la limite. L’expérience nous a montré que les progrès sont intéressants en électrostimulation quand la force développée est supérieure à 50% de la force maximale volontaire. L’idéal est de travailler entre 60 et 80% (voire 100 %) de la force maximale volontaire pendant toute la séance.
Il s’avère qu’il est très intéressant de pratiquer les exercices dans des positions proches de la fonction.
Objectif force
La fréquence est supérieure à 45 Hz et l’intensité au maximun de ce que l’on peut supporter tout en restant confortable, (monter l’intensité au cours de la séance)
Durée de la séance : 20 à 25 minutes.
Objectif endurance
La fréquence varie de 10 à 20 Hz, l’intensité ne sera pas maximale mais les contractions seront visible.
Durée de la séance : plusieurs heures, réponses musculaire faible mais longue dans le temps.
En ce qui concerne l’endurance l’idéal est de coupler les séances sur le terrain et celles avec un appareil d’électrostimulation car cela permet de limiter les footing longs et ainsi de minimiser les traumatismes ostéo-tendineux.
Exemple : séance terrain de 30 minutes puis séance d’ES sur les membres inférieurs 40 minutes.
Même s’il existe encore des polémiques aujourd’hui dans l’utilisation de l’électrostimulation, son utilisation se justifie par les réels bienfaits qu’elle apporte aussi bien dans le domaine des soins ou de la rééducation que dans le domaine de l’entraînement complémentaire.
Petites précisions !
Attention
L’Electrostimulation Musculaire est une technique qui ne s’adresse pas à tout le monde puisqu’elle est contre-indiquée chez la femme enceinte, le porteur de stimulateur (cardiaque ou autre ). Il est également interdit d’utiliser cette technique sur le visage .
Les limites
Tout le monde ne supporte pas l’électrostimulation, vous pouvez ne pas tolérer une stimulation suffisamment intense pour obtenir une amélioration musculaire. Rappelez vous toujours que l’électrostimulation ne doit pas être un moyen d’échapper à votre entraînement et que ce type de contraction n’engendre aucun travail cardio-vasculaire et aucune mise en pratique gestuelle
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