Course et asthme : halte aux idées reçues
Longtemps considérée comme incompatible avec cette l’asthme, la course est aujourd’hui admise comme une pratique possible. Et même conseillée.
L’asthmatique peut-il courir ? Le bronchospasme (contraction des muscles des bronches) provoqué par la course chez le sujet non asthmatique (asthme d’effort) lui permet-il de continuer ce sport ? La réponse à ces questions est clairement restée négative durant de longues années.
C’était avant que de nombreux travaux apportent la preuve scientifique des bénéfices physiologiques et psychosociaux de la pratique du sport – et notamment de la course à pied – chez les personnes atteintes d’asthme. Mais si la pratique de la course est aujourd’hui possible voire conseillée, elle se fera sous certaines conditions et de façon encadrée.
Qu’est-ce que l’asthme d’effort ?
La définition de l’asthme d’effort est le rétrécissement transitoire des bronches survenant pendant l’effort ou après l’effort. Chez un sujet habituellement non asthmatique, on parle de bronchospasme d’effort. Les symptômes en sont une toux avec expectoration de petits crachats épais et perlés, une respiration sifflante, une sensation de serrement thoracique, un essoufflement, des maux de tête, des douleurs musculaires, une baisse des performances avec une sensation de méforme.
Deux hypothèses sont avancées pour expliquer le déclenchement du phénomène : l’hypothèse thermique et l’hypothèse osmotique. Dans le premier cas, l’effort entraîne un refroidissement bronchique suivi, à l’arrêt, d’un réchauffement rapide entraînant une dilatation de la circulation sanguine des bronches avec un œdème. Dans le second, les cellules bronchiques se déshydratent et libèrent des médiateurs inflammatoires qui provoquent une contraction des muscles péribronchiques et un œdème.
La course comme solution thérapeutique…
De ces constatations découle que l’augmentation de l’aptitude physique, par un réentraînement programmé et encadré, est le seul moyen de rompre le cercle vicieux de l’asthme d’effort ! Quitte, parfois, à devoir s’aider d’un traitement médicamenteux. Le réentraînement progressif est individuel, car fonction des capacités du sujet et de sa sensibilité aux conditions climatiques et environnementales (pollution, allergènes…).
L’entraînement commencera toujours par un échauffement de 15 à 20 minutes en endurance. Cela permet de ne pas provoquer d’hyperventilation brutale, source de refroidissement bronchique et de déshydratation bronchique. Lorsque le sujet se sent à l’aise et en parfait confort ventilatoire après une vingtaine de minutes, il peut accélérer progressivement ou démarrer un entraînement fractionné.
Il existe chez environ 50 % des asthmatiques une période réfractaire de deux heures après l’effort durant laquelle les bronches sont moins sensibles à la constriction. Cette technique est donc applicable aux asthmatiques d’effort « vrais » et à ceux sujets au bronchospasme post-effort.
Ce mode d’entraînement doit être progressif et personnel en raison de la susceptibilité différente de chaque individu. Le seuil ventilatoire de déclenchement de l’asthme n’est pas identique pour chacun et devra donc être établi, avant d’effectuer son échauffement, à une allure de course ne l’atteignant pas.
… même si un bronchodilatateur s’impose
Par ailleurs, l’extrême sensibilité au froid obligera à courir en hiver avec une protection devant le nez et la bouche durant cet échauffement. L’asthmatique ne devra jamais se séparer d’un médicament bronchodilatateur d’action courte durant ses entraînements (Salbutamol : Ventoline ; Terbutaline : Bricanyl) au cas où une crise se déclencherait, notamment en phase d’adaptation.
Cela nous conduit à évoquer les situations où la réadaptation et l’échauffement progressif ne suffisent pas à maîtriser les symptômes. Il est alors possible d’utiliser un bronchodilatateur d’action rapide 15 à 20 minutes avant l’entraînement, qui devra de toute façon être entrepris de façon très progressive.
Les sujets particulièrement sensibles pourront bénéficier d’un traitement par corticoïdes inhalés afin de réduire la sensibilité de la muqueuse bronchique aux facteurs déclenchants. Les sujets particulièrement allergiques peuvent, eux, bénéficier d’autres médicaments (Singulair, Lomudal) pour un traitement de fond.
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