Bien protéger sa poitrine
Courir sans soutien-gorge n’est pas seulement inconfortable, cela peut aussi engendrer des pathologies.
Les seins jouent un rôle important dans la représentation de la féminité. De la puberté où les jeunes demoiselles surveillent avec appréhension le développement de leur poitrine, à la ménopause où leur forme et leur volume évoluent, le sein est investi d’une valeur symbolique et affective forte.
Un peu de médical
Le sein est un organe constitué d’un tissu graisseux qui repose sur les muscles pectoraux. La glande mammaire ne comporte donc aucun muscle. Les seins sont suspendus en équilibre précaire par les pectoraux et des muscles peauciers soumis aux forces de gravitation.
Chez la femme, sa principale fonction est la lactation. Il comporte 15 à 25 lobules faits de glandes mammaires responsables de la sécrétion du lait. Celui-ci est conduit par les canaux galactophores vers le mamelon. Les seins sont soutenus par la peau et un tissu fibreux qui pénètre à l’intérieur de la glande mammaire, participant ainsi à leur maintien.
Les seins évoluent selon l’histoire naturelle des femmes, leur âge, leurs grossesses éventuelles, et leur activité physique. Ils se transforment notamment au cours de la grossesse sous l’action des hormones, pouvant tripler de volume, et atteindre, au lieu de ses 150 à 400 g (le poids moyen est de 200 g), jusqu’à 800 ou 900 g ! Fort heureusement, il retrouve ensuite sa taille habituelle.
Si on envisage le cas des femmes qui courent, les poitrines généreuse peuvent constituer un problème. Il est plus aisé de courir avec un 80 B qu’avec un 90 D. Pour une taille dépassant le 95 il est même déconseillé d’envisager le marathon.
Dans certains cas particuliers il arrive que l’on procède à une intervention chirurgicale de réduction mammaire, si la poitrine constitue un véritable handicap. Cette intervention peut être prise en charge par la sécurité sociale si la lourdeur des seins entraîne une souffrance, notamment au niveau du dos.
Les traumatismes du sein à la course à pied
Pourquoi les seins doivent il faire l’objet d’attention en course à pied ? Simplement du fait que la course à pied va soumettre votre poitrine à des mouvements complexes qui peuvent la traumatiser et occasionner des douleurs. Il faut avoir conscience en effet que la course se différencie de la marche, où le contact du corps avec le sol est permanent, par la succession de sauts qui la constituent.
Or, un sein de 400 gr va, lors d’un saut de 1m, peser alors près d’un kilo! D’où la nécessité d’un bon maintien. Selon Elodie Mutter, chercheuse au centre hospitalier universitaire de Saint Etienne, les coureuses qui ne portent pas de soutien-gorge imposent à leurs seins des accélérations deux fois supérieures à celles ressenties par les pilotes de F1 au niveau du cou.
« Ces chocs provoquent des tensions cutanées et, à long terme, leur répétition pourrait abîmer les fibres des seins et modifier l’élasticité de la peau», affirme la chercheuse, qui a mesuré chez les coureuses un balancement du sein de quelque 15 centimètres dans le sens latéral et de 13 centimètres verticalement.
Le port d’un soutien-gorge adapté, c’est-à-dire expressément conçu pour le sport, apporte un net soulagement: les déplacements verticaux sont réduits de plus de 70%!
Quel soutien-gorge choisir
La taille d’un soutien-gorge est définie par deux critères : le chiffre (85, 90, 95…) correspond au tour de dos, et la lettre (A, B, C…) à la profondeur des bonnets.
Pour qu’un soutien gorge de sport soit efficace, il doit limiter l’amplitude du mouvement du sein à 2 cm lors de la course. Il devra être :
– confortable.
– en coton majoritairement (car absorbe mieux la transpiration) ou en textile perspirant.
– sans dentelle ni crochets ou agrafes, pour éliminer les sources de blessures et irritations.
– avec des bretelles larges et réglables pour pouvoir l’ajuster.
– sans baleine car cela peut vous blesser.
– Avec une structure en croix ou en Y.
– De la bonne taille, il doit maintenir sans comprimer.
– Sans couture au niveau des mamelons.
Pas question donc de s’engager dans une course sur longue distance sans enfiler un soutien-gorge. Même les petits seins sont sensibles aux tressautements de la course à pied et, à la longue, ces vibrations risquent de détruire les fibres du tissu conjonctif. Il arrive aussi que cela perturbe l’équilibre hormonal.
Des études ont révélé que les sécrétions de prolactine variaient sensiblement chez les coureuses à pied, selon qu’elles portaient ou non un soutien-gorge. L’absence de soutien peut également favoriser l’apparition d’une symptomatologie étonnante avec aménorrhée (arrêt des règles) et galactorrhée (écoulement de lait par le mamelon).
Malheureusement, cette pathologie est encore méconnue des médecins qui, en cas de problèmes endocriniens, ne pensent pas toujours à interroger leurs patientes sur le port d’un soutien-gorge pendant l’effort.
Pour les irritations du téton, deux options : mettre un peu de vaseline sur le mamelon, ce qui va diminuer les effets du frottement ou alors le recouvrir de sparadrap. C’est le plus efficace, comme peuvent en attester nombre de… messieurs !
Nicolas Bompard, médecin du sport.
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