Titouan et Ninon main dans la main au Marathon de Paris !
Ce dimanche 3 avril , Titouan, 21 ans, sera sur la ligne de départ du marathon de Paris avec sa mère, Ninon. C’est elle qui lui a donné le goût de la course à pied. Un défi pour ce duo, uni plus que jamais par les obstacles de la vie liés à l’autisme de Titouan.
Au premier abord, Titouan est un jeune homme comme les autres. Titulaire d’une licence en comptabilité, détenteur du permis de conduire et passionné de sport, il s’élancera, comme des milliers d’autres personnes sur le Marathon de Paris, le 3 avril prochain. Et pourtant, Titouan a quelque chose de spécial : il est autiste. Ce trouble du comportement lui en a fait voir de toutes les couleurs, à lui ainsi qu’à sa famille et notamment sa maman, Ninon, installée à Longwy, dans l’est de la France. « Titouan est le plus de jeune de mes trois fils. Il est né en 2001. À l’époque, on savait encore très peu de choses sur l’autisme. La prise en charge était au niveau zéro. Il a fallu attendre le témoignage et l’aide de familles, étrangères notamment, pour poser un diagnostic », explique Ninon.
Si tout s’annonçait compliqué, notamment à cause de la méconnaissance de ce trouble au début des année 2000, Ninon et sa famille se sont battus, avec d’autres parents, pour assurer une prise en charge et un accompagnement adéquat. « À l’époque, nous avons monté une association, qui est devenue depuis un centre expérimental, afin d’appliquer des approches comportementales qui n’existaient qu’à l’étranger », se remémore la mère de famille, qui a raconté cette expérience dans un livre1.
Titouan a ainsi été l’un des premiers enfants à en bénéficier. « On nous a dit qu’il ne parlerait pas et que sa place était en hôpital de jour, aujourd’hui, il a une vie presque normale, titulaire de son bac avec mention très bien et, désormais, d’un diplôme universitaire », insiste fièrement Ninon.
De père… en mère… en fils
Pour en arriver là, Ninon a dépensé une énergie incommensurable qui se traduit aujourd’hui par un lien indéfectible entre elle et son fils. Preuve de cet attachement, c’est ensemble qu’ils s’élanceront sur le Marathon de Paris.
Pour Ninon, il s’agira de participer enfin à cette course qu’elle a elle-même classée parmi « les choses à faire avant de mourir ». Ninon est une athlète reconnue, notamment en trail. Elle a remporté de nombreuses courses en Belgique et truste régulièrement les premières places.
Courir avec son fils, c’est pour elle comme une sorte de revanche sur le passé. « J’ai débuté la course à pied pour rendre fier mon père, qui était un grand coureur. Le but était de me rapprocher de lui. Malheureusement, ça a été un échec. Le fait de courir avec mon fils aujourd’hui, c’est pour un moi quelque chose d’extraordinaire. »
Titouan a découvert la course à pied pour fêter son passage à la majorité. Rien de très compliqué pour ce grand sportif, compétiteur dans l’âme, qui carbure déjà au tennis. Le garçon s’était donc fixé un objectif pour marquer le passage dans le monde adulte : courir un trail nocturne de 14 km, le jour de ses 18 ans. Et naturellement, il a souhaité le faire avec sa mère ! « Cette course a été un grand moment puisqu’il y a eu tout un tas de choses organisées autour ! Ses copains autistes l’attendaient sur la ligne d’arrivée, la télévision belge était également présente et Titouan à eu droit à une standing ovation dans la salle ! C’était quelque chose de génial », se souvient Ninon, présente, naturellement, à ses côtés !
Une première expérience en 4h06
C’est donc assez logiquement qu’après cette première fois réussie, d’autres challenges ont émergé. Cela s’est ainsi poursuivi avec un semi-marathon, l’été suivant son premier trail. Puis, très vite est venue l’envie de découvrir le marathon. Pandémie oblige, les projets ont capoté. Mais la motivation était bel et bien là. Titouan et Ninon, malgré les annulations de courses, ont donc décidé de se lancer dans leur marathon « off », à une date symbolique : le 1er janvier 2021. Ensemble, puis accompagnés d’une amie sur la moitié du parcours, ils ont bouclé leur 42,195 km, dans le froid et la pluie, au Luxembourg. Une première tentative en 4h06 seulement, excusez du peu ! « Physiquement, c’était dur et c’est surtout vers le 34-35e kilomètre que j’ai senti que mon corps souffrait. Quand j’ai fini, j’étais heureux, mais ce que j’ai aimé le plus, c’était le fait d’avoir été accompagné par ma mère durant la course », témoigne Titouan avec le recul.
Le sport comme accomplissement
« Accompagner mon fils, c’est mon ultra à moi ! Je compare souvent le parcours des parents d’autiste à celui d’un ultra-trail. C’est un long combat, avec de nombreuses étapes à franchir. »
Longtemps guidé par sa mère, c’est désormais au jeune Titouan de prendre les rênes. « Il s’est passé quelque chose de très drôle car un jour, Titouan a dit : “Je suis censé amener ma mère à bon port”, à propos de ce marathon. Ça m’a vraiment touchée. C’est un peu le sens de la vie. L’accompagnant devient accompagné ! »
L’histoire de Titouan est aussi la plus belle preuve de toutes les choses positives que peut apporter le sport. « Le sport a beaucoup aidé Titouan. Ça lui a notamment permis de mieux s’intégrer dans la société. Il est devenu une personne équilibrée grâce à sa pratique. » Aujourd’hui, Titouan est devenu un jeune homme doué. Sa rigueur, sa persévérance, sa ténacité, sans aucun doute liés au travail qu’il a dû fournir à cause de son autisme, lui permettront d’aborder avec sérénité les 42,195 km des rues parisiennes.
- Tranche de vie d’une maman optimiste… Autisme, hyperactivité, précocité, Ninon Legendre, éd. Jérôme Do Bentzinger, 2006
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