Guillaume Arthus : Vers l’infini et au-delà
D’un semi-marathon autour d’un lac à Angers aux 800 km de la traversée des Pyrénées, le parcours de coureur de Guillaume Arthus n’a jamais été conventionnel. Rencontre avec un ultra-runner en quête de démesure.
Que faire lorsque vous déménagez à Angers pour vos études, avec 18 ans de natation dans vos bagages, mais que vous ne trouvez pas de piscine pour continuer à vous entraîner ? Si vous vous appelez Guillaume Arthus et que cette situation vous énerve au plus haut point, vous enfilez des chaussures de running et vous partez courir. Comme vous êtes vraiment très énervé, et même si vous n’avez jamais couru auparavant, vous êtes de retour après avoir bouclé un semi-marathon ! « Je suis parti courir autour d’un lac à côté de chez mes parents jusqu’à être épuisé » explique-t-il dans les allées du salon du Running où nous l’avons rencontré. « Je me suis rendu compte plus tard en comptant le nombre de tours que j’avais fait que c’était l’équivalent d’un semi ! Ce qui laisse de belles perspectives pour la suite… » sourit-il. Sans être encore accro à la course à pied, Guillaume s’entraîne par intermittence durant quelques années jusqu’à prendre le départ de son premier marathon à Paris, qu’il boucle difficilement en 4h40. Il renouvelle l’expérience par 2 fois, mais l’appel de la nature est trop fort pour ce randonneur dans l’âme, et il bascule tout naturellement vers le trail.
Parcs nationaux américains et 50 jours de running
Une participation au Tour des Fiz et à la SaintéLyon plus tard, et notre traileur en herbe s’envole pour les États-Unis afin d’y terminer ses études. L’entraînement se fait plus sérieux et Guillaume abaisse son record à 3h10 sur marathon avant de venir à bout de son premier ultra, le Sinister 7 Ultra (148 km) au Canada. « J’étais assez bas sur la liste d’attente mais comme j’étais un coureur étranger, j’ai eu la priorité et je me suis retrouvé avec mon dossard ! Un sacré morceau pour quelqu’un qui n’avait jamais couru plus de 72 km ! » se rappelle-t-il. Une courbe de progression impressionnante mais tout à fait logique selon lui : « J’ai augmenté les distances très rapidement mais mon corps était préparé à ça, grâce à mes années de natation. Une fois mon premier ultra bouclé, j’ai tout de suite su qu’il n’y aurait pas de retour en arrière et que je n’aurais de cesse d’augmenter les distances ». Et comme Guillaume Arthus ne fait pas les choses à moitié, il décide, avant de rentrer en France, de courir à travers les parcs nationaux américains…pendant 50 jours ! Un run trip fondateur, première ligne sur le CV de celui qui va très rapidement devenir boulimique de course à pied. L’année suivante, il boucle un parcours de 800 km à travers l’Europe de l’Ouest en 40 jours, avant de parcourir les Balkans pendant 35 jours un an plus tard. Pour ces 2 aventures, Guillaume Arthus se déplace en voiture, choisissant des spots intéressants pour courir entre 20 et 30 kilomètres par jour. « Et puis l’année dernière je me suis dit que finalement, je n’avais plus besoin de ma voiture car tout ce dont j’avais besoin pouvait rentrer dans un sac à dos. Donc j’ai fait la traversée des Pyrénées sans assistance (800 km et 43 000 m D+) en moins de 14 jours, après avoir bouclé le Tor des Géants (330 km et 24 000 m D+) » explique-t-il calmement alors que je reste bouche bée… À part ça, il y aura aussi le Marathon des Sables, ou encore un trip dans l’Himalaya avec des sorties running à plus de 5 000 mètres d’altitude !
Un entraînement XXL
Derrière ces milliers de kilomètres et cette accumulation de dénivelés à faire pâlir un chamois qui pourrait paraître déraisonnable, il y a bien sur un entraînement parfaitement calibré. Rien de plus logique pour un comptable dans le quartier d’affaires de la Défense (Hauts-de-Seine). « Pour être en mesure de parcourir autant de kilomètres il n’y a pas de secret…il faut courir tout le temps ! Mes soirées, mes week-ends, mes vacances, tout mon temps libre est dédié à la course à pied. Ca ne s’improvise absolument pas». Avec des plans d’entraînement qu’il concocte lui-même et qui sont très semblables à ceux que suivent les marathoniens. « La seule différence c’est que je multiplie les volumes kilométriques par 10. La sortie longue chez moi c’est une course de 130 bornes que je ne vais pas courir à fond. Je cours un marathon le mardi soir et un autre le samedi soir chaque semaine. Et les 10 000 m D+ de Montmartre auxquels j’ai participé en janvier dernier font office de séance de côte » explique-t-il le plus naturellement du monde. Avec un volume d’entraînement aussi « fou », Guillaume Arthus s’est tourné depuis quelques années déjà vers des épreuves totalement décalées, une évolution tout à fait logique selon lui. « Courir pour courir ça n’a aucun intérêt pour moi. La performance chronométrique passe au second plan. Je reste bien sur un compétiteur féroce dans l’âme mais j’ai besoin de vivre des aventures à travers la course à pied qui vont au-delà de ce qu’on peut vivre sur des épreuves classiques ». Trail de la Primavera en Belgique ou Last One Standing en Irlande (course avec des boucles à effectuer un maximum de fois), Escape From Meriden (210 km à effectuer tout en étant enchaîné à son binôme), Beer Ultra (50 km et une bière à boire tous les 5 km) ou même les marathons de Barkley en 2017…les courses totalement décalées ne manquent pas lorsque l’on sait où les chercher !
Un projet ambitieux
Des courses complètement loufoques que Guillaume Arthus partage depuis de nombreuses années sur son site et sa page Facebook : Runnexplorer. Une démarche importante à ses yeux afin de faire découvrir tout ce qu’il vit et les paysages qu’il traverse à d’autres traileurs à travers le monde. « Je m’entraîne quasiment tout le temps seul et après avoir profité d’une grande traversée en solitaire, je ressens le besoin de partager toutes ces émotions. C’est la 2e partie de chacune de mes courses en quelque sorte, et c’est primordial pour moi ». En 2019, Guillaume Arthus s’attaquera à une portion de la Via Alpina, un chemin de randonnée qui serpente à travers la France, la Suisse, l’Italie, le Liechtenstein, l’Autriche et la Slovénie. Un parcours titanesque de 2 630 km et 138 000 mètres de dénivelé positif qu’il compte boucler en une quarantaine de jours à peine et en autosuffisance (il achètera sa nourriture au fur et à mesure de son parcours). « Je bosse sur ce projet depuis 2014, pour acquérir des compétences en survie, en gestion de l’effort ou en récupération, mais aussi pour peaufiner mon itinéraire et toute la partie logistique d’un tel parcours en solo. C’est vraiment le but ultime de mes aventures et je suis déjà impatient d’y être ! Ensuite il faudra trouver encore plus long mais chaque chose en son temps » conclu-t-il dans un sourire. Vers l’infini et au-delà…
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