Courses

Peu importe le chemin

Par La Rédaction , le 2 novembre 2016 - 5 minutes de lecture

C’est l’histoire classique de quelques amis qui se retrouvent en début d’année lors d’une soirée au restaurant. Le leader du groupe, Philippe, préside une petite association de coureurs et propose le challenge le plus osé de la soirée : réunir un maximum de coureurs du village pour aller tracter la fusée de Tintin lors du prochain marathon du Médoc, le tout avec un déguisement différent pour chaque coureur. Cette version populaire de la course à pied plaît d’emblée. Trente-cinq volontaires adhèrent au projet, dont cinq n’ayant jamais couru et d’autres pour qui la plus longue course se résume à dix kilomètres ! Après avoir épluché les albums d’Hergé, nos Haddock, Dupondt, Tournesol et autres Rastapopoulos démarrent les premiers entraînements, encadrés par les plus habitués du macadam. Déjà, le projet se révèle fédérateur. Certains membres du groupe étaient voisins mais ne se connaissaient pas. Pas de doute, la fusée est bien lancée, car, aujourd’hui, ils sont potes de course à pied. Je me joins à la bande en tant que docteur Krollspell (Vol 714 pour Sydney, le sérum de vérité, vous vous souvenez ?). Le car est rempli de supporters, quelques élus sont là : c’est comme si Ormes, ce petit village près d’Orléans, était qualifié pour la finale de la Coupe de France !
Sur la ligne de départ, le stress est présent, tous ont conscience qu’ils partent pour un marathon et oublient leurs costumes. La lenteur du départ est rassurante. Les groupes de déguisés, les chars bouchonnent… Les huit premiers kilomètres sont parcourus en une heure et dix minutes ! Je m’interroge : qui sont ces coureurs qui m’entourent, qui trottinent entre deux ravitaillements, cachés dans leurs déguisements ? Je ne les connais pas, ils ne me connaissent pas. Dans chaque groupe, on distingue le leader, le “coach”. Beaucoup de débutants dans ce peloton. Je retrouve ainsi par hasard mon banquier aguerri de course accompagnant son épouse Sylvie pour son premier marathon, qu’elle terminera en 5 h 59 mn. Aucun excès dans les dégustations ni d’orgie de grands crus comme je pouvais l’imaginer. Notre rythme est lent, ponctué d’arrêts pour nous regrouper et nous relayer pour pousser la fusée. L’esprit d’équipe l’emporte et nous bouclons notre périple en 5 h 25 mn.
Futiles, ces courses festives ? N’oublions jamais que c’est souvent ainsi que se sont révélées des vocations de coureurs, de marathoniens. Dans notre bus du retour, certains de mes tintinophiles étaient déjà différents. Et d’évoquer de prochains rendez-vous, sur marathon.
À peine rentré, un ami de jeunesse m’appelait pour me raconter l’histoire de sa femme qui s’est mise depuis peu à la course à pied avec deux copines : « Elle m’a saoulé avec sa course à pied ! Des semaines pour préparer un truc de 6 km où participent quelques milliers de femmes (La Parisienne). » Il m’avoue cependant qu’elle est rentrée radieuse de son week-end à Paris et les enfants émerveillés par la première médaille de maman. Elle aussi ne pense plus désormais qu’à la prochaine étape de sa nouvelle vie de coureuse à pied : une nouvelle course féminine ? Un 10 km ? Pour elle aussi, ces 6 km où elle aura plus marché que couru auront eu ce mérite de lui donner l’envie de recommencer, d’en faire plus.
Je reconnais humblement que je n’ai pas toujours pensé ainsi, mais quelle importance, finalement, le moyen par lequel on en vient à devenir coureur ou coureuse. L’essentiel est bien que nous soyons toujours plus nombreux à aimer cela et à grossir les pelotons.

Rubrique « Entre nous », par Dominique Chauvelier

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