Ode à la nature…
Insondables plaisirs de la course à pied ! Loin d’avoir terminé sa carrière sur route, Dominique découvre et apprécie les parcours nature. Avec humilité et modestie.
Il m’arrive souvent d’encadrer des stages et d’aller ainsi à la rencontre de coureurs lors d’un week-end programmé comme tel : conférence le vendredi soir, footing et séance (ou test) VMA le samedi, longue sortie le dimanche. Lors de ces courts séjours, hors d’un cadre compétitif, je découvre sereinement la beauté, les couleurs et les odeurs de nos régions. Les stagiaires m’amenant sur leurs parcours de sortie dominicale, de la petite route Béarnaise aux chemins forestiers Bressans en passant par les sentiers du Verdon. Pour tous ces lieux, je comprends mieux l’attachement et l’engouement, et mesure l’impact de ces nouvelles pratiques de course à pied : trails, courses nature, courses de montagne, trekking ou tout autre nom… sans parler de ces défis aventure jumelant à la course à pied d’autres pratiques sportives à base d’endurance comme le VTT, le canoë… le décor est là, devant vous, il suffit d’en profiter ! Et je me prends quant à moi à réfléchir aussi sur ces courses, par opposition à toutes les autres…
Mon parcours de coureur à pied est des plus classiques, de minime jusqu’à… bientôt V2, à travers les distances comme le 3 000, 5 000 et 10 000 mètres sur piste, le cross avant d’aborder les courses sur routes officielles : 10 km, semi, marathon sans oublier les chronos ou records à battre… jusqu’au jour où ce n’est plus possible. Entre les courses à label et les courses classantes, les championnats, la nécessité d’un parcours le plus plat possible pour réaliser un temps, le respect des temps de passage pour ne pas exploser, les juges parfois tatillons « les pieds derrière la ligne sinon je ne donne pas le départ ! » Et que dire de cette foule de plusieurs centaines (ou milliers) de coureurs qui vous poussent avant le départ, piaffant d’impatience d’être enfin libérés. Les puces, les meneurs d’allure, les sas… la compétition sur route est « prévisible », presque aseptisée.
Parfois, trop rarement, une pointe d’innocence, une tâche dans le décor : vu récemment ce coureur, bon petit gros en short de plage, le dossard épinglé sur son « marcel » en coton, au milieu des dossards Elite. D’un sourire complaisant je le préviens : « attention cela risque de partir vite ». Cause toujours… il va gagner trois secondes sur les cinquante premiers mètres avant de disparaître happé et bousculé sans doute par la meute.
Force est de reconnaître le contraste avec ces courses nature évoquées plus haut. De fait, je comprends mieux ces silences lorsque je demande à mes stagiaires « quels sont vos records sur 10 km ou semi-marathon ? », peu en possèdent, finalement, mais tous me citent les objectifs locaux « la Rhune » ou « les crêtes d’Espelette » pour le basque, « le trail de Revermont » pour le bressan « le raid du Verdon sur 4 jours » pour le méditerranéen… Vu les cadres dans lesquels ils évoluent quotidiennement, pourquoi iraient-ils donc avaler du bitume !
C’est trop beau ! Je m’arrête, je suis parti pour 3 heures, alors 20 secondes de plus… C’est moi qui pense comme ça ? Impensable
Alors chiche, je m’y colle, j’y cours. Une étape du raid du Verdon par ici, une « crête » par là. Ce ne sont pas des courses pour moi, je le sais. Je me trouve trop grand, trop mince, manque de puissance dans les cannes. Je veux du « pied », je veux aller vite mais ce n’est pas possible. Ici il faut marcher les mains sur les genoux et j’sais pas faire ! Pour parcourir ici 25 km je dois mettre à mal mon record sur marathon (!). Et lui, ce petit râblé à qui j’ai mis 5 minutes dans la vue lors d’un récent semi-marathon qui me lâche irrémédiablement dans cette interminable grimpette, je ne le reverrai plus car, en plus il descend comme un avion. Mais j’y suis, j’y reste, c’est trop beau ! Envie de m’arrêter… et je m’arrête.
Personne n’en saura rien, même pas mon chrono, je suis parti pour trois heures alors 20 secondes de plus ou de moins, impensable autrefois… J’avais pourtant mis les chaussures légères, celles de route, comme si… J’écoute, j’observe mais je n’applique pas. Plus question de gagne mais le plaisir d’y être, c’est dur, c’est beau. Je rêve d’être un alpiniste !
Ah ! j’oubliais la descente qui martèle les cuisses, dois-je freiner ou dévaler, comment se retenir ? Que disent-ils dans Jogging ? Trop tard un troupeau de coureurs-cabris me double, je ne comprends plus rien, je m’en fous, j’y étais. Pas vu de kenyans, seulement des bergers… Clic photo. Je la montrerai à tous les coureurs de la Beauce…
Rubrique « Entre nous », par Dominique Chauvelier
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