Courses

Non aux cadences infernales

Par La Rédaction , le 2 novembre 2016 - 5 minutes de lecture

Notre corps a une faculté impressionnante à assimiler des efforts intensifs et répétitifs proposés par un coach ou par votre revue spécialisée préférée. Il répertorie puis mémorise ces efforts, nous permettant ainsi de progresser et d’obtenir la forme optimale le jour J. Le hic, c’est qu’il existe une limite à ne pas dépasser, une frontière entre le raisonnable et l’irréalisable. Le mental propose, le corps dispose. Quand celui-ci allume le voyant rouge, il est souvent déjà trop tard, l’orange n’a pas été respecté, la blessure vous arrête… Et, il faut bien en convenir, celle-ci n’est pas due au hasard.

Le mental propose, le corps dispose. Quand le voyant rouge s’allume, il est souvent trop tard.

La préparation du marathon se termine, vous êtes affûté comme jamais, vos amis vous trouvent même un air “maladif”, vous êtes un funambule sur le fil du rasoir et le risque, oublié, de basculer du mauvais côté est élevé. La séance de trop, le petit truc que l’on rajoute pour se rassurer, la dernière longue sortie trop tardive, trop intense… et patatras, la tuile : le genou, le tendon, le dos, le bassin… Rien ne va plus ! Et cet objectif qui se rapproche… La panique gagne, le moral est au plus bas (« Tout ça pour rien ! »). Vite, rouvrir l’agenda médical, refaire le parcours du combattant : toubib, kiné, ostéo, podologue, radio, IRM, rebouteux (!)… Votre vie en dépend (« Vite, prenez-moi en urgence ! » « Quand pourrai-je recourir ? ») Moments de détresse. La flamme qui vous animait est éteinte. La déprime vous gagne. J’oubliais le pire : la vision des copains de bitume poursuivant leur chemin sans se retourner, l’objectif étant bien trop proche. Ils vous laissent là, assis sur votre chaise de salle d’attente d’un cabinet médical. Un rendez-vous pistonné à l’arrache, la boule au ventre, vous êtes prêt à surgir dès que le starter à la blouse blanche va ouvrir la porte, sans aucune compassion pour les autres concurrents… euh, pardon, les autres patients, parfois bien plus malades que vous – mais qui n’ont pas le marathon de Paris à courir ! Le verdict du tribunal : élongation. Condamnation : trois semaines d’arrêt. « Non, pitié, mettez-moi quinze jours, je ferai plus attention la prochaine fois ! » Rien à faire, au suivant !
Attendre, soigner ce mal qui ronge de l’intérieur pendant que les potes commentent leurs scores du dernier semi sans prendre de vos nouvelles. Vous n’êtes plus rien, tout semble fade, vous êtes un drogué en manque sans le savoir.
Moi-même, je faisais bien le malin à l’automne, à enchaîner les courses et épater les copains sur cette excellente forme. Mais lui, l’autre, mon corps, s’est mis en grève. « Trop de boulot », m’a-t-il fait savoir. Trois semaines sans foulées en janvier. Je négocie au mieux et reprends en douceur. Pas d’alternative pour mon grand corps rouillé. Je renoue avec les courbatures de reprise, cette espèce de méforme totale, les coups de blues. « Cette fois-ci, c’est fini, je ne reviendrai plus ! » « Moral, ne me lâche pas, s’il te plaît… » J’insiste, puis, un jour, une éclaircie, une sensation d’aisance, un chrono sympa, un délai supplémentaire de quinze jours, le temps de caser deux longues sorties. Des fourmis dans les jambes, un plein d’énergie et d’envie, je retrouve la bande et son actualité : Marcel, « rincé » par une overdose de kilomètres, Hamid, arrêté par une entorse, Laurence, au mieux pour son prochain objectif. Je serai son accompagnateur… Ouf ! Le couperet est passé si près. Et, finalement, je remercie mon corps pour cette “petite” punition.
Il va faire bon courir au printemps. Vite, mon calendrier des courses !

Rubrique « Entre nous », par Dominique Chauvelier

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