Marathon des Sables : une 24ème édition inédite.
Samedi 4 avril.
Traditionnellement, l’étape marathon, la « 42 » comme disent les coureurs, est l’avant dernière du marathon des Sables, elle est suivie le lendemain par celle qui est dite « la courte » sur le bivouac et qui fait normalement entre 15 et 20 kilomètres.
Patrick Bauer avait annoncé aux coureurs l’annulation de la dernière étape, pour des raisons inhérentes à l’adaptation constante du parcours depuis le premier jour, tracé quasiment en temps réel par les pisteurs. Pour autant, les coureurs ont auront eu pour leurs rêves, puisqu’en seulement quatre étapes, ils auront tout de même couru plus de 200 kilomètres.
L’ambiance sur le bivouac est donc à la fois au sérieux, une étape de 42 km c’est toujours un gros morceau à digérer, mais aussi à la décontraction la veille de ce dernier départ.
Au delà de l’aspect sportif, la plupart des concurrents réalisent que l’autonomie alimentaire, donc les feux précaires entre amis, se terminent après l’arrivée de vendredi. Ils veulent profiter de ces instants de pur magie que peut être un foyer, une gamelle et quelques copains, certains de circonstances, dans la lumière orange du crépuscule saharien.
Abdelaziz Benazzi en personne
Autre surprise au matin, alors que les plus désireux d’être sur les photos se trouvent déjà aux avant-postes de la ligne de épart, une ombre colossale fait aligner les pompiers de l’équipe « Pompiers Raid Aventure GMF ».
C’est Abdelaziz Benazzi en personne, l’ancien capitaine du Quinze de France, qui est venu courir avec eux soutenir leur association et leurs projets.
On ne saurait dire qui des quatre gamins qui se relaient dans la joëlette ou des rudes soldats du feu est le plus ému de se retrouver à enchaîner les figures d’un Haka comme l’équipe néo-zélandaise des légendaires All Blacks. Pour finir par un saut où le gigantesque nouveau marathonien des sables monte qu’il n’est pas le dernier en manière de détente.
Place à la course et à la bagarre sans merci que se livrent quatre hommes pour la victoire d’étape et peut être celle au classement général.
Mohammad Ahansal, tenant du titre a pour principaux rivaux les marocains Aziz El Akad et Mustapha Ait Amar, ainsi que le jordanien Al Aqrah Salameh.
Dès le départ, c’est une lutte sans merci. Mohammad Ahansal possède une avance de plus de six minutes à l’heure du départ et le challenge est sans doute impossible de lui reprendre ce temps sur une distance qu’il maîtrise parfaitement. Mais tous sont des compétiteurs de haut niveau et aucun ne compter lever le pied lors de cette journée, d’autant que derrière, dans le top dix du peloton de chasse, les loups sont également lâchés, à l’affût de la moindre défaillance pour remonter encore dans le classement.
C’est ainsi que la tête de course avale les kilomètres à un train d’enfer, sans même ralentir lors du passage des gros rochers du Djebel Heijira el beida, que certains passent en volant littéralement de bloc en bloc.
Même le passage de l’oued Ziz à Menta Sla, malgré la montée des eaux sur la piste, ne les ralentira pas d’une seconde.
Aziz El Akad, auteur d’une course magnifique, prendra vers la mi-course une longueur d’avance, mais n’arrivera jamais à distancer Mohammad Ahansal qui donnera tout pour rester à vue de son prédécesseur. El Aqrah, lui, semble à la peine pour suivre le rythme, malgré sa longue foulée très esthétique, mais gardera sa troisième place, celle du jour et du classement général.
Le titre reste donc à Zagora dans la famille Ahansal, comme une consolation offerte à Lahcen d’avoir dû abandonner lors de l’étape longue.
Les derniers kilomètres sont une pure merveille
Le peloton lui, est plus à la peine. La température est montée lors de cette journée à près de trente degré, et il n’y a guère d’air pour rafraîchir les coureurs peu accoutumés à ces températures saharienne puisqu’il a fait plutôt frais ces derniers jours.
Certains enlèvent même leurs chaussures pour passer le gué, prétexte également pour se rafraîchir dans l’eau claire. Les derniers kilomètres sont une pure merveille, un itinéraire en balcon montagneux dominant la plaine cernée de montagnes où se trouve le bivouac, dans une grande étendue blanche et craquelée.
Les visages sont tendus, les dents serrées, certains pleurent bien avant la ligne d’arrivée. Là, comme tous les ans, c’est le grand bain d’émotion dans lequel se baigne Patrick Bauer et qui semble donner une éternelle jouvence au Marathon des Sables.
Des larmes tombent même du haut du mètre quatre vingt dix sept de l’ancien rugbyman quand il arrive dans les bras du directeur de course et sent autour de lui que les pompiers de Paris, pourtant des hommes durs à la tâche et à la souffrance, laissent également pleureur leurs âmes en serrant les petits ; David, Corentin, Valentin et Maxense contre eux.
Plus encore peut être que les années précédentes à cause des difficiles conditions de course et des aléas liés aux conditions climatiques, c’est une communauté soudée qui est née au fil de l’errance saharienne du Marathon des Sables.
Et au soir, bercé par un air d’opéra qui les envoûte lors d’un récital en plein air, les coureurs, les yeux fermés, qu’ils viennent pour la première ou la vingtième fois, se remémorent chaque minute de cette grande aventure humaine et sportive qu’ils savent déjà ne jamais oublier.
Voir le site du marathon des sables
Vendredi 3 avril 2009 – Etape 4 – Aferdou Nsooualhine/Tizin Ighrs : 42 km
Température à 9h45 : 21,4 degrés et 29,6% d’hygrométrie
Température à 12h00 : 29 degrés et 16,5% d’hygrométrie
Classement étape 4
Hommes
1. Aziz El Akad (3-Maroc) 2h52m23s
2. Mohamad Ahansal (2-Maroc) 2h54m29s
3. Salameh El Aqrah (357- Jordanie) 3h04m28
4. Mustapha Ait Amar (8- Maroc) 3h06m00
5. Samir Akhdar (4- Maroc) 3h09m43s
6. Aurelio Antonio Olivar Roldan (529 – Espagne ) 3h10m32s
7. Jorge Aubeso (458 – Espagne) 3h12m15s
8. Anton Vencelj (220 – Slovenie) 3h12m41s
9. Michael Wardian (870 – USA) 3h14m15s
10. Lorenzo Trincheri (460 – Italie) 3h19m57s
Classement étape 4 femmes
1. Touda Didi (265- Maroc) 4h16m52s
2. Luz Perez Carbajo (480 – Espagne) 4h18m33s
3. Rosa Espachs Olivera (504- Espagne) 4h24m49s
4. Meghan Hicks (825 – USA) 4h30m51s
5. Simone Keyzer (434 – Luxembourg) 4h38m41s
Classement général final
Homme
1. Mohamad Ahansal (2-Maroc) 16h27m26s
2. Aziz El Akad (3-Maroc) à 4m14s
3. Salameh El Aqrah (357- Jordanie) 47m40s
4. Anton Vencelj (220 – Slovenie) à 1h47m09s
5. Mustapha Ait Amar (8 Maroc) à 1h49m11s
6. Lorenzo Trincheri (460 – Italie) à 2h14m27s
7. Samir Akhdar (4- Maroc) à 2h16m06s
8. Michael Wardian (870 – USA) à 2h17m23s
9. Aurelio Antonio Olivar Roldan (529 – Espagne ) à 2h23m24s
10. Julio Gomez Camacho (473- Espagne) à 2h33m36s
Femme
1. Touda Didi (265- Maroc) 23h30m44s
2. Meghan Hicks (825 – USA) à 58m52s
3. Luz Perez Carbajo (480 – Espagne) à 1h07m48s
4. Simone Keyzer (434 – Luxembourg) à 2h46m27s
5. Rosa Espachs Olivera (504- Espagne) à 3h11m01s
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