Le cross, un sport nature
Est-ce la fin du cross s’interroge Dominique Chauvelier après les disparitions du Figaro et de Volvic. Optimiste, il oppose à ces disparitions, la belle santé du cross Ouest-France ou de celui du CE-RATP, et estime surtout qu’il faudrait carrément ouvrir les championnats FFA aux… non-licenciés. Plus qu’une évolution, une révolution !
Les mois de janvier et de février ne vous laissent que peu de choix pour vos compétitions : le cross, et uniquement le cross. C’est la période des championnats officiels et de quelques épreuves populaires du type les Violettes à Toulouse, l’Auchan à Tourcoing et le cross Ouest-France- Pays de Loire au Mans, chez moi.
Ce dernier est devenu le rassemblement hivernal le plus important de France, voire d’Europe, avec quelque 15 000 participants dont 6 000 scolaires. Soutenu par le plus grand quotidien régional français et les collectivités, cette initiative locale est tout à fait exceptionnelle car ici la culture du cross a toujours existé. Cependant les perspectives d’avenir du cross semblent bien incertaines avec les disparitions des cross du Figaro, du Volvic au niveau national et avec une répercussion identique au niveau local où le petit cross de Saint-Calais (Sarthe) réunit péniblement 250 concurrents toutes catégories confondues alors qu’une semaine plus tard à 30 km seulement, mille seniors et vétérans prendront part à la corrida d’Arnage pour un 10 km sur route…
Est-ce la fin du cross ?
Alors est-ce la fin du cross malgré les actions du Comité d’entreprise de la RATP et d’Ouest-France pour soutenir ce type d’épreuve ? Le décalage entre les valeurs que représente ce sport : dureté de l’effort, labeur de l’entraînement, bagarre contre des éléments naturels et notre société où tout est acquis facilement est-il irrémédiable ? Le cross ne serait-il plus dans l’air du temps ?
Faux ! Pour la 22e édition du cross Ouest-France les organisateurs se sont donné les moyens de réussir en innovant et relookant ce sport vieux de plus d’un siècle. Au Mans, un 10 km populaire a été créé partant du centre de la ville et rejoignant le parcours du cross et hop ! D’un coup près de 2 000 concurrents inscrits qui n’auraient, pour la plupart, pas participé au cross proprement dit, des courses parents-enfants, celle des invités, un village expo, des jeux, des animations, une vraie fête foraine… Le mélange route-cross-fête est la clé de la réussite des épreuves hivernales.
Il faut faire vite car l’étau se resserre autour du cross. La classification du cross-country avec les courses nature, trail, randonnées et autres sorties VTT peut cependant le faire rebondir. Excepté le cross cité précédemment, les principales organisations ont lieu de mi-novembre à mi-décembre (comme aux États-Unis, tiens donc !), ensuite place aux corridas de fin d’année que l’on attend tous avec impatience, la suite de mi-janvier à début mars étant réservée aux licenciés d’où une certaine élite se dégagera au fur et à mesure des championnats officiels. Championnats en pleine perte de vitesse… nous étions 105 arrivants seniors lors de mes championnats départementaux… soit la moitié de moins qu’il y a une dizaine d’années ! La survie de ces championnats passe-t-elle par une ouverture aux coureurs non-licenciés ?
De plus en plus de non-licenciés en tête des classements
Normal me direz-vous puisque de nombreux coureurs ne reprennent plus de licence. On retrouve de plus en plus de non-licenciés en tête des classements, ils étaient 3 ou 4 non-licenciés dans les 10 premiers à la corrida de Chalon-sur-Saône. De nombreuses associations ou regroupements de coureurs se créent en dehors du cadre fédéral, se cotisant pour un même maillot et pour des objectifs en commun mais aucun ne concernant un quelconque championnat « officiel ». Ils veulent simplement s’amuser, courir entre potes, se défier entre eux ou par leur chrono respectif. Parfois l’un deux franchit le pas histoire de se situer dans la hiérarchie départementale ; alors il devient difficile d’expliquer à une coureuse qu’il lui est impossible qu’elle puisse participer au championnat départemental de cross au seul motif qu’elle était seulement membre d’une association de coureurs appelé « jog’air » mais non-licenciée à la FFA. Trop de rigidité tue la bonne volonté ! La refonte du calendrier et l’ouverture des épreuves à tous s’imposent donc…
Courons tous dans les bois, un peu de boue sur vos jambes vous fera le plus grand bien.
Dominique Chauvelier
Photo Vincent Lyky
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