Jean-Marc Gipoulou, mon 1er 100 km
Jean-Marc Gipoulou, a terminé le 24 mai dernier, les 100 km de Belves et a pris sa plus belle plume…. Voici son récit fort en émotion !
Il y a quelques mois je me retrouve à discuter avec un ami, Olivier (Bikila-CLM) en lui disant que je cherchais quelque chose pour l’année de mes 40 ans, soit un grand marathon soit un 100km, histoire de se lancer un défi. Le grand marathon fut fait 3 mois après puisque je partais faire New York (mais à 39 ans), donc il me restait le 100 !!!.
On se tape dans la main, Belvès sera notre lieu de rendez-vous pour cette énorme épreuve. A partir de là, c’est d’abord l’inscription qui ne permet plus de reculer, dossard 77, tiens ça sonne juste ce chiffre et ça me donne confiance, parfois on s’attache à peu de chose… puis vient la bonne nouvelle Fabien mon cousin m’accompagnera et me coachera. A partir de là c’est la positive attitude !!!
De janvier à avril, la préparation a été parfois difficile, le froid, la pluie, courir seul pour m’imprégner de ce rythme particulier qui sera le mien durant 100 km. Quelques courses, très sympa en compagnie des membres du club des Galopins, Saucats, Bazas et St-Selve avec Fabien. Et puis au final, la date du 24 avril 2010 approche rapidement, il reste 1 semaine, voilà 4 ans tout juste que je partais toujours avec Fabien (tiens il y a des gens comme ça qui reviennent dans une vie) faire mes premiers 5 km, je me souviens, il faisait chaud et j’étais cramé ! 4 ans aussi où je m’inscrivais au club des Galopins Brédois et où Olivier me conseillait pour un marathon de Madrid inoubliable, bref plein de rencontres dans ce club qui m’ont permis de me dire et pourquoi pas un 100 !!??
Pour moi, la course reste un vrai plaisir, tout comme la table, finalement les deux sont conciliables sauf en période de préparation d’un 100… je sais que je ne ferrais jamais un exploit en terme de temps, mais mon objectif est ailleurs, prendre plaisir même si l’on souffre parfois un peu !
J-3 : Dernier entraînement avec les Galopins, cela faisait 4 mois que je n’y participais plus histoire de garder mon rythme, mais un vrai plaisir de retrouver les Galopins et les encouragements pour samedi. Voilà, j’ai fait ce qu’il fallait avec mes possibilités (3 sorties par semaine durant 4 mois avec la méthode Cyrano 14/1)
J-2 : Je travaille et ça fait du bien car ça m’évite de trop penser à la course, surtout que la nuit précédente j’ai rêvé que j’arrivais à Sarlat très fatigué ouf ce n’était qu’un rêve.
J-1 : Départ pour Belvès et installation au camping Moulin de la Pique, avec Annie et Fabien la famille. Nathalie ma femme et Manon, Romain mes enfants, Maxim trop petit ne participera pas à l’expédition. Olivier et sa famille (plus Benoît son accompagnateur) nous retrouvent le soir et nous partons retirer les dossards. Je me sens bien, j’ai la sensation d’avoir fait ce qu’il fallait maintenant je veux y être le plus vite possible. Nous mangeons le soir ensemble, ça rigole pas mal autour d’une bouteille de vin rouge du Domaine de Couquereau (le sponsor de chaque course) et puis il faut se coucher sans en avoir trop envie. Je finis par faire une bise aux petits et Romain me dit « Papa demain tu gagnes ! » Là je dois avouer que la pression est montée d’un cran, j’ai dit « oui ». On fait les derniers réglages avec Fabien, la lumière s’éteint il faut se coucher.
Jour J : 100km du Périgord Noir Levé 6h, petit déjeuner et on arrive à Belvès. Pour moi, c’est l’inconnu vraiment je ne sais pas à quoi m’attendre, 2-3 mots avec Olivier mais je suis un peu tendu, j’ai en souvenir tous ces gens qui me disaient « tu es fou », « c’est pas humain », « pourquoi tu fais ça » mais aussi tous ceux qui m’ont encouragé depuis 4 mois et pour qui je devais donner le maximum.
BOUM, BOUM, BOUM c’est parti !! Nous voilà avec Olivier pour les 2 premiers kilomètres dans le village de Belvès et puis on se donne rendez-vous à l’arrivée chacun son rythme, chacun sa course, c’est un peu ça aussi le running. Dés la descente de Belvès je me cale sur 14-1 la fameuse méthode, il fait un temps idéal, l’ambiance est excellente. Première traversée de la Dordogne à Siorac, là je me dis que cette course à un cadre splendide et que je vais en prendre plein les yeux. Je retrouve Fabien et c’est parti pour la grande aventure. Premier panneau 10km, petite photo qui me vaut quelques remarques de mes amis coureurs, mais j’ai décidé de faire ça tous les 10 donc je fais. Nous traversons de superbe village Mouzens, Saint-Cyprien, Bézenac, le 20km est là, on plaisante avec Fabien histoire d’enlever un peu de pression et de garder le rythme. Mon groupe de supporteur, plus Richard un Galopins de plus est là, même vers le 20ème ça fait du bien, une bise à la famille et je repars, une obsession le 14-1, ça m’occupe et je me sens bien. Nous voici au château de Beynac, le village de la Roque Gageac, à Vitrac au 30km mon équipe est là solide et bien disposée à manger au restaurant d’en face pendant que moi je trotte, je sais que je les retrouve au retour c’est à dire d’ici 30 km ça me paraît long mais bon la semaine prochaine c’est moi qui irait au resto avec une belle côte de bœuf ! Ça aussi ça motive, enfin là, je pense surtout à ne pas louper mes ravitaillements, pastille de sels, glucose, banane et de l’eau car ça commence à cogner dur avec ce beau soleil.

Fabien me conseille d’arrêter les chips, moi je trouvais ça bon, mais avec les ravito tous les 5 km ça risque de peser à la fin. J’avance toujours avec de belles sensations magnifiques château de Montfort, l’église de Carsac et nous voici à Sarlat 50km ou je croise une galopines Marie-Claude venue nous encourager et ça fait plaisir. Les 5 derniers kms avant Sarlat sont exceptionnels, une ancienne voie ferrée transformée en piste cyclable entourée de 2 murs couverts de fougère, il fait frais et j’avance toujours avec mon 14-1. Là, j’avais prévu de passer à 9-1 mais comme je me sens bien je continue,
Fabien téléphone à mes parents pour les rassurer et là j’entends « dis-lui que c’est bon qu’il arrête !!!! », Il raccroche et on rigole un bon coût. Quelques étirements et ça repart. Au ravitaillement 55km, je tombe sur Olivier qui n’est pas bien, je lui propose de me suivre, il s’accroche mais je sens que c’est dur, persuadé qu’il va récupérer et repartir j’insiste, il suit mais c’est difficile. Il fait terriblement chaud, nos supporters ont bien mangé et nous les retrouvons comme promis au 60km. Olivier me dit de partir, je lui demande de marcher jusqu’au bout même si je vois bien que c’est dur, très dur. Je lui promets d’arriver au bout mais je prends un coup au moral, Fabien me remobilise sur ma course et me dit de penser à moi, c’est difficile mais je crois qu’il a raison, c’est un sport qui se vit de l’intérieur, un peu d’égoisme pour mieux partager ses expériences d’après course avec les autres runners.
70 km, château de Castelnau, ça commence à être dur mais je retrouve mes supporters et du courage. On plaisante de moins en moins avec Fabien, superbe château des Milandes (Joséphine Baker pour les amateurs) et le château de Fayrac. 80 km, là c’est très dur et je commence à me poser certaines questions, Fabien me fait un petit massage qui me fait du bien, les supporters sont là aussi, je leur demande de ne plus venir, rendez-vous à l’arrivée mais ils ne m’écouteront pas à ma plus grande joie. Je tente de passer en 9-1 mais c’est dur, le 4-1 ne passe pas non plus, je marche je cours 30 secondes et puis je ne peux plus, je marche, je marche, j’essaie de marcher vite mais je me fais doubler par des marcheurs plus rapides au fond de moi j’enrage mais je ne peux pas faire mieux.
90km, Fabien et Benoît (l’accompagnateur d’Olivier) tente de me relancer et me revoici sur ce fameux pont de Siorac ou je m’étais 11h avant que cette course allait être magnifique. Je donne mes lunettes et la casquette à Fabien, je m’installe David Quetta dans les oreilles et je me motive pour redoubler tous ceux qui m’avaient doublé depuis le 80. Plus que 8 km, je vois mes petits, je prends le temps de faire une photo rapide, un verre de Perrier au dernier ravitaillement mais là plus de 14-1, j’avance le regard vers le loin, j’essaie d’allonger, le 95 arrive vite, je double, je double, je me fais une pose, Fabien s’avance me donne les dernières gouttes d’eau de la bouteille, ils sont derrière moi pas un mot, je finis ma course. Je double et j’arrive sur cette fameuse montée vers Belvès 1km800 pour finir, je vais en faire la moitié en courant, j’ai bien doublé tous ceux qui m’avaient passé au 80 même plus, plus que 200m, Manon et Romain viennent me chercher, on court ensemble, je ne vois plus grand chose car je suis ailleurs, on franchie la ligne en 13h17min12sec, une pensée pour Olivier et je jette un SUPER entouré de ma famille et mes amis!
C’est facile de raconter une course, c’est difficile de dire ce que l’on ressent lorsque vous affichez 100 au compteur, une émotion intense pour tous ceux qui m’ont accompagné et pour moi un vrai sentiment de victoire.
Une victoire sur soi avant tout, une victoire pour ceux qui y ont cru et un bonheur immense à partager. Ce texte est un peu long, mais 13h17min12sec de course à raconter ça peut bien prendre trois pages et puis un jour je relirais ce texte avec toutes ses sensations au fond de moi pour ne jamais rien oublier.
« Pour vaincre, il nous faut de l’audace, encore de l’audace, toujours de l’audace »
Danton
Vous aussi vous avez couru les 100 km de Belves, racontez les !
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