Courses

J’ai aimé / J’ai pas aimé

Par La Rédaction , le 2 novembre 2016 - 5 minutes de lecture

J’ai aimé courir la nuit, lampe vissée sur le front, pour un trail au road-book avec de l’orientation (le Raidnight 41). Balises à trouver, à pointer… Mais comment ça marche une boussole ? 65 degrés de quoi ?… Allez, c’est bon, je suivrai les premiers, des fois que je les batte au sprint. Erreur. Un tronc d’arbre à sauter… attention pas trop haut ! Trop tard, et bing, une branche en plein front… Les lucioles des premiers disparaissent dans le noir et moi au pays des étoiles. « Bien fait, prétentieux ! » Mais qui me parle comme cela ?

J’ai bien aimé me retrouver seul dans le noir dans la forêt, tel le Petit Poucet. Point de cailloux pour jalonner le parcours… Retour en arrière pour vérifier, assurer, et retrouver mes… poursuivants. Ébloui par leurs spots : « Je suis perdu ! – Mais non, tu étais sur le bon chemin ! – Oh m… » Un kilomètre de rab pour rien !

Je n’ai pas aimé mes lunettes de vue. À chaque arrêt, échange gazeux entre la forêt glaciale et ma chaleur animale et buée sur le pare-brise ! « Oh, les gars, vous pouvez poinçonner ma carte dans la bonne case, je n’y vois rien ! » Dans le noir, avec nos looks de mineurs de fond, personne ne sait qui est qui. J’ai aimé ce fair-play qui m’arrangeait bien. L’aurais-je fait pour un autre ? Pour la gagne… pas sûr !

Je n’ai pas aimé penser cela de moi. « Eh, mon vieux, tu as fait ton temps, fini la gagne pour toi, amuse-toi maintenant ! » me dit encore cette voix au fond de ma boîte crânienne.

J’ai bien aimé qu’on ne me reconnaisse pas, courir incognito, sans souci de chrono, de place. Juste un parcours à accomplir… J’ai aimé, rétrospectivement, cette peur en entendant le grognement des sangliers à quelques mètres de notre sentier*. Certains coureurs sautant de l’autre côté de la clôture, au risque de déchirer le collant, voire plus !

J’ai aimé ne rien gagner excepté le vin chaud à l’arrivée. Je n’ai pas aimé salir ma voiture, rentrer seul chez moi, ne rien partager au retour…
La nuit, le jour. « Il est… 9 heures, Paris s’éveille… » J’ai aimé courir les 10 km du 8e arrondissement parisien. Il paraîtrait que chaque arrondissement en organise un ! Trop bon de courir sur une avenue qui vous appartient, visant l’Arc de triomphe, pour redescendre ensuite vers le parc Monceau. Vive le 14e, le 5e… Les pavés de Paris sous vos pieds, les monuments sous vos yeux. Je n’ai pas aimé que nous, les provinciaux, nous ne le sachions pas ! Paris aux Parisiens ?

Je n’ai pas aimé les coureurs trop râleurs, bardés de technologies (GPS et autres capteurs), qui protestent de façon trop véhémente contre l’organisation parce que le parcours – certes officiel – ferait 380 mètres de trop. Un incident diplomatique pour deux minutes de plus au chrono… Et combien de temps passé le lendemain sur le temps de travail à “chatter” sur quelque forum défouloir ? Je provoque…

Après Paris, Marseille. J’aime la provocation. J’aime courir dans cette ville. Prado, Borely, la Corniche, Pointe Rouge, Callelongue, voie sans issue et retour. 20 km à vous ressourcer. Décor inusable et différent dans l’autre sens. C’est si agréable de découvrir une ville en courant : Paris, Marseille, New York, Milan… Une paire de chaussures, une tenue dans le bagage. Coureur touriste. Mais je n’aime pas qu’on me vole mon sac dans le TGV…
*Aveu : j’ai ADORE me faire avoir… Les grognements des sangliers dans la forêt n’étaient que des enregistrements pour faire peur aux coureurs ! Mort de rire, dirait mon fils.

Rubrique « Entre nous », par Dominique Chauvelier

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