Invitation au Trail
Bien au chaud près à préparer notre programme de courses de l’année, n’oublions surtout pas les courses nature. L’occasion est belle de faire le point sur l’explosion de ces courses vertes qui prennent de plus en plus de place dans le calendrier annuel. Un véritable phénomène.
Trail, nom masculin anglo-saxon : course sur chemin, pour le plaisir des paysages, avec ou sans dossard, de 1 à 000 kilomètres. Concept naturel de la course à pied inventé par l’homme de Cro-Magnon et remis au goût du jour à la fin du XXe siècle
Telle pourrait être la définition du trail et plus généralement des courses nature, si une définition était nécessaire. Certains revendiqueront des distances minimales d’autres de l’autosuffisance, plus de ceci, moins de cela, comment définir ce qui regroupe aux yeux des « trailers » et des organisateurs avant tout des notions de liberté et de convivialité ? Alors pas de polémiques étymologiques, et acceptons tous ceux qui se reconnaissent dans les valeurs suivantes.
Liberté de courir pour profiter des paysages, des forêts, des plaines, des champs, des montagnes, dans une philosophie quasi « écolo-sportive ». Quittons le bitume et les centre-villes pour respirer le grand air ! Liberté aussi de courir sans le chronomètre qui revient tous les kilomètres nous harceler… Bien entendu qu’il y a un chrono et un classement, mais le terrain changeant, l’itinéraire plus ou moins roulant, la dénivelée, font que l’on ne peut plus comparer les temps d’une course à l’autre même sur des distances identiques.
Convivialité : plutôt que de discuter chrono, on en vient avec ses compagnons de route à discuter de la petite traversée du ruisseau, du panorama avant la crête… autour d’un bon repas d’après course, où l’organisateur aura mis un point d’honneur à servir les spécialités du terroir local.
Ethique : pas ou peu de primes d’argent, pas plus de mercenaires de la course. Respect de l’environnement (disqualification en cas de jet de papiers, bouteilles…), autosuffisance ou ravitaillements limités afin de responsabiliser chacun…
Tout cela à moduler bien sûr d’une course à l’autre, chacune revendiquant ses spécificités. Il est surtout important de bien se renseigner sur la course envisagée. Il ne s’agit également en rien d’un dénigrement de la course sur route ou sur piste, qui savent aussi procurer émotions, convivialité, variété et paysages, mais d’une « troisième voie » en pleine explosion à découvrir avant tout pour le plaisir.
A l’origine du phénomène, comment ne pas citer les mythiques et précurseurs Grand Raid de la Réunion, 6000 D, Championnat du Canigou, ou autre Défi de l’Oisans, qui ont montré l’exemple aux quelques deux cents courses longues distances de 40 km à 80 km créées ces dernières années. L’évolution majeure actuelle est la multitude de courses plus courtes et plus accessibles, entre 10 km et 25 km. Parmi les grandes courses, beaucoup créent aussi une deuxième distance plus accessible pour attirer le plus grand nombre et permettre à tous de participer à la fête.
L’essor est national. Longtemps limité aux massifs montagneux, le phénomène gagne toutes les régions. En témoignent les Trail de la Vallée de Chevreuse, Trail du Perthuis d’Oléron Trail des Menhirs, et autre Trail des Terrils Loosois, sans oublier de signaler l’émergence de challenges régionaux des trails (Sud-Est, Sud-Ouest, Nord-Est, Morbihan…).
En marge de cet engouement général, il faut encore signaler que beaucoup de courses sur route basculent vers les chemins, une épreuve nature étant souvent plus faciles à organiser administrativement (il n’y a plus de routes à couper, plus de signaleurs à déclarer). Réservés auparavant à une bande de fous furieux pour qui courir 40 km était un minimum, le trail est maintenant accessible à tous.
Le trail est-il plus difficile que la route, pas forcément…
Les deux ne sont pas facilement comparables et il faut étudier la question au cas par cas. Tout dépend du parcours… et des délais donnés par l’organisation. Ainsi sur des distances de 10 km à 20 km, de nombreux pelotons se transforment en randonnées actives, et les délais permettent aux débutants de finir l’épreuve. Cela est particulièrement vrai pour les épreuves à 2 distances, où la petite distance est ouverte au plus grand nombre.
L’effort est aussi généralement moins soutenu. Dans les longues montées, 80 % des coureurs… marchent, et même si cela semble plus difficile, le rythme cardiaque est inférieur de 20 à 30 pulsations. Les descentes permettent aussi de récupérer. Sans pression du chrono, on prend aussi plus le temps de profiter des paysages.
L’herbe ou la terre battue des chemins est aussi beaucoup moins traumatisante pour les articulations que le bitume.
On peut même commencer la compétition par le trail, en choisissant une course adaptée à ses capacités. La hantise de devoir courir toute la course « sans s’arrêter » n’est plus de mise, et n’ayez plus la crainte que l’on vous voit ralentir ou marcher alors que vous serez au milieu des bois.
La première chose à faire en vue d’une course nature, est de s’informer sur celle-ci. Les bonnes questions qui n’apparaissent pas toujours clairement sur les prospectus sont
1°) le type de terrain,
2°) les ravitaillements,
3°) la dénivelée.
De cela découlera notamment le matériel à prévoir :
-Chaussures : privilégiez toujours un bon amorti au poids de la chaussure, les chocs étant plus traumatisants en descente. Une semelle « trail » avec une bonne accroche et des renforts de protection sont importants pour ne pas glisser et protéger le pied des pierres, rochers, racines…
-Ravitaillement : de plus en plus de courses se font en autonomie par principe mais aussi parce qu’il est parfois difficile d’organiser des ravitaillements en pleine nature. Un bon conseil est de toujours emmener un bidon de boisson et quelques barres ou gels pour les pannes imprévues. Un kilomètre en montagne en vaut parfois trois ou quatre sur le plat, alors quand la fringale est là….
-Entraînement : il est bien sûr à adapter aux difficultés de la courses, et un travail spécifique est nécessaire. L’habitude du tout-terrain et le renforcement musculaire pour les dénivelés importants sont prépondérants.
Mais peut-être faisiez-vous déjà du « trail » à l’entraînement ou en compétition sans le savoir, comme Monsieur Jourdain et sa prose. Ce n’est qu’un prolongement naturel de la course à pied. Le trail, c’est la joie de courir en nature, en oubliant le chronomètre et en découvrant des paysages somptueux. Un minimum de préparation pour un maximum de plaisir, à intégrer assurément dans votre programme annuel.
Lexique pratique
- Course Nature : toutes les courses sur chemins, par opposition aux courses « sur route ». C’est un terme assez générique. Ce terme est généralement employé pour des distances de 10 km à 25 km sans difficultés majeures, accessibles au plus grand nombre. Idéal pour débuter.
- Course de montagne : la notion de dénivelée (montées/descentes) est bien entendu primordiale. La fédération française d’athlétisme (FFA) a créé un « format » reconnu pour son Challenge et le Championnat de France, de l’ordre de 15 km et au moins 500 m de dénivelée positive. On trouve également toutes sortes de distances et de dénivelées, avec parfois uniquement la montée à réaliser.
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Trail : terme générique assez proche de « Course Nature ». Toutefois, cela correspond le plus souvent à des longues distances, sur des terrains et sentiers plus techniques, avec une notion de ravitaillement limitée pour favoriser l’autosuffisance.
De son côté, la FFA propose dans cette catégorie d’épreuves, une classification
« Courses de Nature » distance inférieure à 21 km
« Trail court » entre 21 et 41 km
« Trail » de 42 à 80 km
« Ultra Trail » au-delà de 80 km
- Raid : se dit généralement des courses au caractère plus aventureux, sur des terrains très techniques, où l’autonomie est de rigueur et une bonne expérience nécessaire.
- Course aventure : terme désignant le plus souvent des courses à étapes.
La dénivelée, c’est quoi ?
Pour chaque côte à monter, on mesure la différence d’altitude en mètres entre le sommet et le point bas.
La dénivelée est le cumul de toutes ces montées. Ainsi, gravir 100 mètres de dénivelée dans une cote à 25 % ne correspond pas à 100 mètres de distance, mais à plus de 400 mètres de distance…
On considère généralement que 100 mètres de dénivelée équivaut à 1 kilomètre sur le plat.
On distingue :
– La dénivelée positive (D +), qui est la dénivelée à gravir (somme des montées).
– La dénivelée négative (D-), qui est la dénivelée à descendre (somme des descentes).
– La dénivelée cumulée, qui est la somme du D + et du D-.
Il est important de savoir si l’organisateur parle de la dénivelée cumulée ou de la dénivelée positive. Par exemple, la fameuse course « 6000D » tire son nom de sa dénivelée totale, (D + = 3 000 m, D- = 3 000 m), alors qu’au Grand Raid de la Réunion, la dénivelée annoncée de 8 000 m n’est « que » la dénivelée positive
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