Courir pour les autres
Coup de cœur pour les athlètes handisport. Ceux qui se sont illustrés à Athènes, les anonymes de nos pelotons, et les autres.
Les jeux para-olympiques viennent de s’achever sur le site d’Athènes, là où s’affrontèrent récemment les stars dites valides. Enfin médiatisées, ces épreuves mirent en valeur une belle et frêle jeune française, Assia, mal-voyante : trois médaille d’or autour du coup ( 200, 400, et 800 mètres) et capable de courir un tour de piste en 53 secondes ! Imaginant son handicap, je me revois dans l’obscurité de quelques soirées d’hivers passés, tel un voleur, en train d’enjamber le portail d’un stade fermé afin d’effectuer une séance de fractionné. Dans la pénombre ma course n’était plus la même, une impression de pose de pied dans le vide, un désir involontaire de s’écarter de la corde pour suivre la première ligne blanche du 2ème couloir, et des notions de vitesse et de distance complètement déréglées … Je me trouvai déconnecté de la réalité ! Alors 53 secondes attachée par une ficelle à un guide… Chapeau !
Et bravo à tous ces handisports que je côtoie chaque dimanche. Récemment n’étant plus à quelques secondes près … un lendemain de « Médoc », je me suis même permis d’en pousser un dans la célèbre côte du Vincin lors du semi-marathon d’Auray-Vannes. Il était « planté » là , dans cette terrible difficulté qui ferait plutôt reculer un fauteuil roulant . Quelques instants auparavant ce même athlète m’avait doublé à une vitesse vertigineuse dans une descente en me criant « reste à droite ». Une tape amicale par là, un encouragement par ci, pour le plaisir de partager des sensations dans notre sport si semblable et différent à la fois.
Aujourd’hui encore j’effectue régulièrement des séances de piste avec François, handisport licencié dans mon club, accidenté de la route à vingt ans. Dès le départ de l’un de ces nombreux 400 mètres effectuées ensemble, je lui prends une trentaine de mètres … puis j’entends le bruit de ses poussées telles des bielles bien huilées, et le roulement de son engin sur le tartan qui se rapproche de moi. Sa machine est lancée, nous sommes deux sportifs qui se tirons la bourre. Il n’y a plus d’handicap : c’est chacun sa spécificité. Sans préjugé ni superstition j’ai même essayé un jour son « tricycle »… incontrôlable pour moi ! Je vous le répète, ce sont de sacrés gaillards ces Issorat, Jeannot et autre François Pierre, mon ami.
Coup de cœur encore pour d’autres handicapés. IME, CAT et autres foyers occupationnels n’ont plus de secret pour moi. Parrainer ces instituts, courir avec ces enfants ou adultes, signer un autographe contre un sourire, distribuer mes tee-shirts ou autres gadgets de mes partenaires, recycler mes runnings à peine usagées aux plus démunis d’entre eux sont des actes qui font partie de ma vie intime depuis des années Leur joie, leur insouciance et leur combat me rendent encore plus fort dans ma vie personnelle. J’ai la chance d’avoir toutes mes capacités intellectuelles et mes deux jambes alors c’est un plaisir de courir parfois pour les autres, pour ceux qui ne peuvent pas, qui ne peuvent plus…
Rubrique « Entre nous », par Dominique Chauvelier
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