Courses

Comme un gamin

Par La Rédaction , le 2 novembre 2016 - 5 minutes de lecture

La grisaille du temps fait place à une superbe arrière-saison, une heure de plus ou de moins, nous ne savons plus trop.

Le changement d’horaire nous perturbe, la fatigue guette, le moral vacille : la coupure semble nécessaire. Le corps doit soigner ses petits bobos : le tendon qui titille, la cheville douloureuse, le dos qui dit aïe et la tête qui doute –« Ne serait-ce plus de mon âge ? Suis-je trop vieux ? » Le manque est réel, la balance oscille entre ce corps fatigué qui réclame du repos et l’envie obsessionnelle de courir coûte que coûte. La solution est de s’occuper l’esprit, de donner du temps au temps, ce temps contre lequel nous luttons à longueur d’année à coups de minutes, de secondes. Notre égoïsme remisé au placard avec nos chaussures de course, sachons apprécier ce temps libre, regarder autour de nous et nous occuper des autres…

Assis sur un tabouret face à un placard, je range et vire les tee-shirts offerts de l’année écoulée. À chaque maillot, le souvenir d’une course. Celui-ci en coton servira à lustrer meubles et voiture ; ce n’est pas très sympa, certes, mais certains sont vraiment importables… Les autres, bien pliés, s’entassent dans des cartons direction un institut médico-pédagogique et ses enfants défavorisés. Maillots, coupe-vent, casquettes, sacs à dos, chaussures peu usées, coupes… tout y passe. Oh ! je peux jouer le généreux donateur, cela ne m’a rien coûté, juste de prendre le temps d’aller apporter mes cartons à l’institut et d’y être payé en retour du sourire des enfants. Ces équipements logotés d’un trèfle, d’une virgule, d’un félin feront leur effet sur les épaules de ces ados ravis, tandis que d’autres chaussures iront finir leur carrière dans d’autres centres de ma région (IME et CAT). Ces petits plaisirs faits à ces jeunes ou moins jeunes, ça redonne la pêche. Ça régénère.
Autre bain de jouvence avec ces milliers de gamins dans les rues de Niort, ce dimanche d’octobre, à l’occasion de “Courir en Deux-Sèvres”. Tous affublés du même tee-shirt ; par séries de 500, les courses s’enchaînent par années de naissance : « En piste les 2001, à vous les 2000, préparez-vous les 99… » Une vague de filles, une de garçons. Ça braille, ça s’époumone, un point de côté par ici, une chute au virage là-bas, quelques pleurs, des parents portemanteaux qui s’inquiètent en essayant de repérer leur progéniture au loin… Ça se bagarre, ça sprinte… Une médaille à chacun et les trois premiers sur le podium. Bandeau éponge sur la tête, chocolat chaud, barres de céréales, tout gratis, trop cool ! Tous heureux. Ça me rappelle le cross de Laigné-en-Belin, en 1971, ma première breloque… je pourrais encore la dessiner de mémoire.
Autant d’expériences similaires à vivre pour les jeunes à Reims dans le cadre de son marathon, avec des relais d’un kilomètre pour les scolaires à la saint Nicolas de Nancy, au cross du Courrier de l’Ouest à Angers, au cross Ouest-France au Mans… Des centaines de milliers d’enfants recevront ainsi LA médaille. Souvenir éternel pour un éventuel déclic. Demain, plus tard. La relève ! Peut-être quand papa ou maman ira s’inscrire à la corrida de fin d’année.
Ce matin, c’est la reprise, je suis frais comme le temps. Je n’ai plus d’âge, ou alors celui de ces gamins avec leur médaille autour du cou. C’est trop bon de courir !

Rubrique « Entre nous », par Dominique Chauvelier

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