Courses

Autres temps, autres mœurs

Par La Rédaction , le 2 novembre 2016 - 5 minutes de lecture

La dernière semaine d’août auront lieu les 9es championnats du monde d’athlétisme à Paris, avec au programme les deux marathons hommes et femmes. En participant à cinq des huit dernières éditions, je suis certainement l’un des rares marathoniens au monde à en avoir couru autant. Privilège symbolique n’amenant toutefois aucune reconnaissance de la part de ma fédération. Avoir porté tant de fois le maillot tricolore frappé du coq (il a disparu aussi lui !) durant deux décennies ne vous donne droit à aucune invitation, ni billet… juste un coup de téléphone me demandant si je connaissais des entreprises susceptibles d’acheter des places pour leurs clients !!!

Heureusement il me reste les souvenirs de Mes mondiaux !

1983 – HELSINKI « le calvaire ». Je suis le seul français au départ de ce premier mondial. Vainqueur du marathon d’Helsinki l’année précédente, mon inexpérience me sera fatale… dès le 20e kilomètre ! Je marche lors des trois derniers kilomètres, la fraîcheur du tunnel d’entrée dans le stade olympique me réveillera pour effectuer le dernier tour de piste devant plus de 60 000 spectateurs connaisseurs. 2 h 23 mn à 13 minutes du vainqueur, le port du maillot m’interdisait d’abandonner.

1991 – TOKYO « l’amitié ». Chaleur humide de la mousson japonaise (32 °C et 70 % d’humidité) Le départ du marathon est donc donné à 6 heures du mat. Lever tardif à 3 h 30 ! Mais quelle surprise, mes potes de chambrée Thiebaut et Mahmoud qui avaient participé les jours précédents au 5 000 m et au 3 000 steeple, m’accompagnent dès le petit déj. Je ne serai donc pas seul, leur geste d’amitié me touche encore aujourd’hui. Ma première moitié de course est catastrophique : je dors en courant ! Le réveil sonnera au 30e kilomètre je termine en trombe pour une 15e place mondiale. À 8 h 20 ma journée était terminée, une heure plus tard mes deux acolytes auront du mal à me suivre lors de mes dernières emplettes avant de quitter le Japon.

Aujourd’hui le maillot bleu ne fait plus rêver, il se négocie ; les choix sont « efficaces »

1993 – STUTTGART « la canicule » — 16 heures l’horaire « télé », chaleur torride, 50 abandons, le 2e Français engagé, B. Itsweire, ne se souviendra même plus avoir abandonné, persuadé même d’avoir terminé. Je le retrouve sous perfusion à l’infirmerie après mes 2 h 27 mn 26s de course pour une belle 26e place de galérien. Je me souviens aussi de mon seul avertissement : carton jaune pour avoir cherché de l’ombre sur le trottoir et avoir ainsi quitté la ligne bleue tracée sur la route ! Ah cette rigueur allemande !

1995 – GÖTEBORG « l’une de mes plus grandes fiertés ». Je suis nommé capitaine de l’Equipe de France. ÉNORME RECONNAISSANCE. Mes adjoints s’appellent Pérec, Diagana, Galfione. Je porte ainsi le drapeau tricolore à la cérémonie protocolaire devant des millions de téléspectateurs. La course, bof, fatigué, je finis 39e, une course oubliée, le brassard non.

1997 – ATHÈNES « la der » à 41 ans. Nouvel honneur pour moi : j’avais en charge la préparation finale des marathoniens chez moi à La Flèche. Philippe Rémond sera 11e, moi 38e et la fin d’une équipe de copains marathoniens solidaires (Monciaux, le regretté Zilliox et Léger).
Paris 2003. Les mentalités ont changé, le maillot bleu ne fait plus rêver, il se négocie ! Benoît Z n’y participera peut-être pas, les sollicitations pour un nouveau recordman d’Europe sont trop importantes. Les sorties plus rares, les choix plus justes et efficaces. Les jeux Olympiques se profilent et attirent beaucoup plus de convoitises…

L’athlétisme est une grande famille. Le niveau mondial, c’est quelque chose ; le départ d’un 100 mètres, l’envolée d’un triple sauteur, où l’arrivée d’un marathonien exténué devant des dizaines de milliers de spectateurs vous donnent un plein d’émotions et de souvenirs inoubliables. Venez nombreux assister à ces exploits, l’occasion est trop rare pour la manquer. Moi j’y serai !

1983 HELSINKI – 1. De Castella (Australie). 1991 TOKYO :- 1. Taniguchi (japon) 2 h 14 mn 57 s. 1993 STUTTGART – 1. Plaatjes (USA) 2 h 13 mn 57 s. 1995 GÖTEBORG – 1.Fiz (Espagne) 2 h 11 mn41 s. 1997 ATHÈNES — 1.Anton (Espagne) 2h13 mn16 s.

Rubrique « Entre nous », par Dominique Chauvelier

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