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« A Votre santé »

Par La Rédaction , le 2 novembre 2016 - 5 minutes de lecture

Dopage, conduite dopante… Dominique s’attaque à un sujet tabou, à seule fin de faire œuvre utile ; au moins auprès des plus jeunes.

A la demande des services « de la Jeunesse et des Sports » j’anime régulièrement des conférences dans le cadre de la lutte anti-dopage . Lors d’une formation récente de quelques jours j’ai fait partager mon expérience de sportif de haut niveau, avec ses éventuelles tentations, mais j’ai aussi beaucoup appris sur ce phénomène sociologique qui nous concerne tous.

Durant toute ma carrière internationale mon équilibre de vie m’a permis de ne jamais me poser la question du petit « plus » qui m’aurait peut-être aidé à être encore meilleur, et ma naïveté m’a toujours laissé croire que mes concurrents pensaient de même ! Je m’étais constitué mon propre suivi médical : un kiné, un ostéo, des tests physiologiques sur tapis roulant pour connaître mes allures « utiles » (seuils) et deux analyses de sang annuelles. Après l’affaire Festina en 98, je retrouvai dans mes archives , mes propres taux d’hématocrite…ces globules rouges transportant l’oxygène dont le dépassement de la fameuse barrière à 50% met aujourd’hui le cycliste en arrêt de travail pour soupçon de prise d’EPO ; pour ce qui me concerne, 43 à 45% me suffisait à l’époque pour être l’un des meilleurs marathoniens européens …… une bière ( voire deux) après la course me contentait plus qu’une perfusion de glucose . Actuellement ces chiffres sont devenus un « secret médical ».

Le haut niveau est bien contaminé

Une analyse de sang d’un bon marathonien qui traîne sur une table de nuit révélant un chiffre de 54 confirme que le haut niveau est bien contaminé. Dopage, conduite dopante, médicalisation poussée (exemple : piqûre de fer préventive et non curative…). Non, les chronos actuels ne me font plus rêver , j’ai du mal à croire que l’on puisse terminer un marathon par un salto arrière lors d’un récent record du monde … La suspicion est partout et naturellement les plus sains trinquent également. Lors de mes interventions dans les lycées, collèges, clubs, je m’aperçois que l’image du champion n’est pas toujours très bonne, que le dopage est souvent associé au haut niveau et que pour certains il devient un phénomène banal presque indissociable, voire indispensable à la réussite. Je suis là pour rappeler que se doper c’est tricher par rapport aux autres et surtout par rapport à soi même. Pour progresser et réussir il n’y a d’autre solution que de travailler dur.

La conduite dopante touche beaucoup de monde

Cela ne vous concerne pas me direz-vous ? En êtes-vous bien sûr ? La conduite dopante touche beaucoup plus de monde qu’on ne l’imagine ; le produit miracle qui fait mieux récupérer, les trois tasses de café serré avant le départ, le tube de vitamine C dans le sac de sport et tous ces artifices à l’effet placebo , nous y avons tous pensé, nous l’avons tous pratiqué . Soyons honnêtes !…. Conduite dopante est sans doute un peu exagérée comme expression, mais ces gestes ont pour objectif d’augmenter vos capacités à être performant, à diminuer vos inquiétudes et ceci, tout simplement parce que l’on pense que nos capacités ne sont pas tout à fait à la hauteur de nos objectifs…
Le sport a ses règles et ses limites, les dépasser c’est tricher ! on trouvera dans les substances interdites le cannabis, le fameux « pétard » phénomène de société et produit euphorisant, atténuant votre douleur et reculant le seuil de fatigue, les anti-dépresseurs (Prozac) , l’extasy… Tout cela concerne une génération plus jeune mais notre rôle est aussi d’éduquer.

Les alternatives au dopage

Les alternatives au dopage et à la médicalisation systématique : un bon entraînement, une planification de cet entraînement et de ses objectifs, un respect des principes de récupération, une bonne hygiène de vie, une pratique sportive en harmonie avec son niveau et son âge…enfin tous les conseils donnés dans une saine lecture de Jogging-International !
Le bilan et le suivi médical ont pour but de vous accompagner dans votre performance, de vous prévenir des risques, de vous conseiller et aussi de vous éduquer.
C’est un beau défi à soi-même de pratiquer son sport sainement dans un contexte de société où tout semble devoir s’acquérir très vite, alors je vais continuer à prêcher la bonne parole auprès de nos ados… en découvrant un nouveau danger qui les guette : le « cybersport » et les super sensations qu’il procure… dans un fauteuil. Mais là, je l’avoue, je suis dépassé !

Rubrique « Entre nous », par Dominique Chauvelier

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