Entrainement

Trouvez-votre identité running !

Par La rédaction , le 2 novembre 2016 - 5 minutes de lecture

Ralenti par les blessures, lassé par une pratique trop systématique ou par des résultats qui ne décollent plus ? Suivez nos conseils pour passer un cap et remettre votre vie de coureur sur les bons rails.

Nous avons rencontré cinq coureurs.

Cinq « spécimens » qui, chacun dans leur domaine, sont confrontés à des difficultés, des doutes, des peurs.

Vous vous retrouverez forcément, un peu ou beaucoup, dans chacun d’entre eux. Leur parcours, c’est un peu le vôtre. Faites leur connaissance et apprenez, comme eux, à terrasser les obstacles qui leur barrent la route.

Le coureur débutant trop enthousiaste

Son portrait-robot


  • En moins d’un an de course à pied, il est devenu un monomaniaque.
  • Il vit et respire running, c’est d’ailleurs son seul sujet de conversation.
  • Une semaine classique pour notre spécimen, ce sont cinq à six sorties plus une compétition le week-end.
  • Lecteur avide de tous les magazines spécialisés, compulsant à longueur de journée les sites consacrés à la course à pied, il voit son humeur varier en fonction de ses performances.

Le témoignage

A 28 ans, Carole démarre fort sa carrière de coureuse à pied.

Peut-être un peu trop : « Je n’ai jamais été très sportive. Mais après la naissance de mon fils, j’ai voulu me redynamiser et perdre du poids. Mais ce qui n’était qu’un moyen de remise en forme est devenu une obsession. Sans le voir venir, en moins d’un an, la course est devenue mon seul loisir et une pierre angulaire de ma vie. Je cours sept jours sur sept et tout ce que je fais est pensé en fonction du sport : nutrition, heures de sommeil, budget, etc. »

Quelles conséquences ?

Bien entendu, un débutant se lançant à corps perdu dans une pratique aussi intense, aussi bien informé soit-il, est un candidat idéal à la blessure.

Mais selon Gilles Guibard, psychologue du sport, le vrai danger se cache sans doute ailleurs : « Les débutants qui deviennent rapidement « sportivo-dépendants » vont être amenés à couper les ponts avec d’anciennes relations, qui ne comprennent et ne partagent par leur pratique.

Plus grave, cela va souvent être à l’origine de problèmes familiaux, puisque le moindre temps libre est consacré à la course à pied, la moindre discussion y est consacrée. Le pratiquant ne s’en aperçoit pas et, quand il se réveille, il est parfois trop tard. Certes, il va se faire un nouveau cercle de connaissance auprès duquel il se sent compris, mais tout est dans l’art de l’équilibre… »

Les solutions

Gilles Guibard en est conscient, « décrocher » n’est pas facile : «Faire comprendre à un passionné qu’il doit savoir être raisonnable est délicat tant qu’il ne se rend pas compte que cela pose problème. Le réveil se fait souvent après une blessure grave ou un événement comme une séparation. Mais si vous êtes débutant et que votre famille vous dit qu’elle ne vous voit pas assez, si vous vous éloignez de vos amis non-coureurs et, plus globalement, si vous percevez que vous êtes passé de la pratique sportive à l’obsession, il est temps de faire un travail sur vous. Selon les patients, je recommande des solutions pouvant aller jusqu’à un décrochage total de la course pendant une à deux semaines puis une reprise donnant « le droit » à un volume hebdomadaire limité dans un premier temps.

L’important est alors de structurer ladite reprise et de s’interdire de dépasser le nombre d’heures défini. Pour cela, rien de mieux qu’un engagement auprès de ses proches, qui doivent savoir vous le rappeler. Bref, réapprenez à vivre sans le prisme de la course à pied. »

Le coureur blessé à répétition

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Tout a commencé par une entorse mal soignée, une contracture ignorée ou un rendez-vous chez le podologue finalement annulé.

Après tout, vont-elles vraiment servir à quelque chose ces semelles ? Alors les petites gênes s’installent sournoisement, avant que la blessure ne fasse son apparition. Tenace, elle va peu à peu s’installer jusqu’à, parfois, remettre en cause votre « carrière » de coureur à pied.

Le témoignage

A 34 ans, Florent a eu une vie de coureur en dent de scie. Très actif entre ses 18 et 22 ans, il a ensuite réduit la voilure, ne se remettant à courir qu’aux beaux jours. « Les premières semaines se passaient bien mais, ensuite, je me retrouvais toujours avec un ennui de santé : une contracture, une entorse…

Et puis, il y a deux ans, Philippe Hérisson, kiné qui me suit depuis mes 14 ans, m’a conseillé de me tourner vers XRun, structure d’entraînement dont il fait partie. Et là, lors d’un test VMA, une tendinopathie d’Achille, à gauche, s’est révélée. Je me suis en outre retrouvé avec des « bobos » liés à l’adoption d’une nouvelle foulée, avec réception sur l’avant du pied. Là, ce sont mes trois plus gros orteils qui ont souffert… »

Quelles conséquences ?

Si le blessé chronique n’adopte pas la bonne attitude, deux chemins se profilent pour lui : d’un côté, à terme, un abandon d’une pratique considérée comme trop traumatisante. C’est ce qui aurait pu se passer pour Florent pour qui, « sans Xrun, je ne courrais plus ».

Autre possibilité : un coureur têtu qui va poursuivre la pratique en masquant la douleur par des procédés médicamenteux ou qui va tenter de l’apprivoiser. Stéphane, 42 ans, a été de ceux-là : « Avant chaque sortie, chaque compétition, c’était antidouleurs sur antidouleurs. Je courais avec une déchirure musculaire, une entorse ne m’arrêtait pas. Puis le corps a dit stop, tout d’un coup. Impossible de cacher les douleurs, trois membres sur quatre hors-services. C’était il y a deux ans et je n’ai repris la course qu’il y a un mois… »

Les solutions

Florent, en pleine préparation au marathon de Paris, est rentré dans un « cercle vertueux ».

Pour lui, le blessé chronique, outre le traitement du mal, va devoir revoir sa pratique dans tous ses aspects : « Il faut prendre en compte les aspects mécaniques (semelles, chaussures), accepter de revoir sa charge de travail en l’adaptant à ses possibilités et en faisant dans le progressif et avoir un comportement raisonnable, en n’allant pas au-delà de ses limites.

En fait, c’est tout un nouveau rapport au corps, qui va au-delà du sport… Et puis n’oubliez pas d’être cadré : pour moi, ça a été avec Xrun, mais la communauté des coureurs est suffisamment riche pour que vous trouviez ce qui vous convient. »

Le coureur stagnant

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Avec quelques années de pratique et après avoir connu une progression naturelle, battant chaque année ses records et parvenant, peu à peu, à augmenter les distances, c’est l’heure du plateau pour notre coureur.

Les chronos semblent le narguer, refusant de perdre la moindre seconde.

Le témoignage

Deux ans. Cela fait deux ans que Simon, 36 ans, ne parvient plus à à faire descendre ses temps, que ce soit sur 10 km (record à 41 min 20 s fin 2011, 41 min 23 s début 2014) ou sur semi (un record à 1 h 35 sur l’épreuve parisienne de 2012). « Un énorme sentiment de frustration.

Je me suis dit, au début, qu’il fallait que je pousse plus mes entraînements, que je change ma manière de m’alimenter, que je me mette à m’intéresser au coaching mental, mais rien n’y a fait : les temps ne bougent pas d’un pouce… »

Quelles conséquences ?

Découragé, Simon se laisse jusqu’à la fin de l’année pour sortir de l’ornière : « Si je ne passe pas un cap, comme par exemple approcher les 41 minutes, voire les 40 minutes sur 10 km, je pense que je lâcherai l’affaire. Je fais trop d’efforts et si, au bout du compte, la récompense n’est pas là, à quoi bon ? »

Les solutions

Stéphane Courtois, entraîneur, a pris en main Simon début 2014. Selon lui, un coureur en phase de stagnation aura plusieurs solutions pour s’en sortir : « D’une part, il faut bien se rendre compte que nous avons tous des limites physiologiques qu’il faut savoir accepter : quel que soit votre entraînement, à un moment à un autre, vous êtes susceptible d’atteindre ce plafond. Mais, pour 99% des coureurs, le problème vient de la vision de l’entraînement.

Par exemple, Simon a voulu tout changer d’un coup, se mettant à « charger la mule » au niveau des sorties tout en modifiant du tout au tout son régime alimentaire. Rien de mieux pour traumatiser l’organisme. Alors, bien sûr, il faut augmenter le volume d’entraînement, mais je préconise alors de ne pas dépasser une séance hebdomadaire en plus par saison. La course à pied, ce n’est pas tout obtenir tout de suite. De même, mais là il faut faire appel à un spécialiste, faites analyser votre posture, votre foulée : changer de technique de course vous fera sans doute régresser au niveau chrono dans un premier temps, mais, à terme, ça ne peut être que bénéfique. »

Le coureur qui a tout vu

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La lassitude du coureur de fond. Ce sentiment d’avoir tout vu, tout fait. Cette petite voix qui se fait de plus en plus forte alors que l’entraînement approche et vous enjoint de ne pas enfiler les runnings. Elle peut vite devenir obsédante, avec son cortège d’excuses plus ou moins valables. ET puis, sérieusement, à quoi bon accrocher pour la 30e fois un dossard de marathon ?

Le témoignage

Murielle, 56 ans, dont vingt-quatre sur toutes les routes de France. Et une envie de raccrocher : « Aujourd’hui, je n’ai même plus envie de me déplacer sur des courses le dimanche, alors que ça a été ma vie pendant tant d’années. Je me nourrissait de cette ambiance, de ces rencontres. Mes quatre sorties hebdomadaires se sont transformées en trois, puis deux. Et là, depuis deux mois, c’est un footing par semaine. C’est bizarre : j’ai perdu la flamme, mais elle me manque. Je me sens dans une impasse… »

Quelles conséquences ?

Outre, là aussi, l’abandon pur et simple de la course à pied, certains coureurs se mettent à se forcer plus que de raison, s’obligeant à poursuivre une pratique qui ne leur apporte plus aucun plaisir.

Stéphane Courtois, qui a coaché de tels sportifs, l’a constaté : « C’est une population qui va se blesser plus facilement, qui est moins attentive, qui va essayer d’abréger les sorties en allant plus vite que prévu. Au final, l’entraînement devient totalement contre-productif. »

Les solutions

Gilles Guibard conseille « une prise de distance avec sa pratique. Il faut déjà savoir si seule la course à pied est en cause ou si l’ensemble des pratiques sportives sont concernées.

Dans le premier cas, la solution évidente et pourtant trop souvent ignorée est l’entraînement croisé. Je conseille, selon les personnalités, de se tourner vers différents types de sport : les « boules d’énergie », qui ont besoin de la course pour se vider, iront vers des pratiques à fort impact cardio. Le squash, par exemple, est une arme redoutable car, outre l’aspect sportif, il possède une dimension ludique qui fait revenir le plaisir dans la pratique.

Car c’est bien là l’essentiel. Pour les plus posés, la natation demeure mon choix numéro 1, car elle permet d’alterner des phases d’intériorisation, où le sportif va pouvoir être à l’écoute de ses sensations, et des phases dynamiques, où la dimension physique prend toute sa place.

Mais si toute activité physique devient une contrainte, on est souvent en face d’un des symptômes du surentraînement. Là, il faut se faire un peu violence et stopper toute pratique sportive à forte intensité pendant, selon les cas, 15 jours à deux mois.

A l’heure de vos habituelles sorties, troquez vos runnings pour des chaussures de rando ou une balade à vélo. Retrouvez-vous complétement avant de retrouver la course. »

Le coureur peureux

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Confortablement installé dans ses habitudes, ce coureur ne veut pas aller plus loin pour voir si le chemin y est plus vert : passer à la distance supérieure l’effraie ; prendre le départ d’un trail est inenvisageable pour lui, le fan du bitume ; ou bien le mot « dénivelé » le met dans un état de paralysie dès qu’il est accompagné d’un nombre à quatre chiffres.

Le témoignage

Catherine, 38 ans, ne le cache pas : « De nature, je suis loin d’être aventureuse, j’ai besoin de stabilité, de savoir où je vais. Il m’a fallu cinq ans pour prendre mon premier dossard.

C’était il y a trois ans. Mais depuis, tous les ans, je fais les quatre mêmes courses, toujours sur 10 km ou moins, et toujours sur route. Le trail m’attire mais j’ai peur de ne pas être à la hauteur, de me blesser, d’être ridicule. Même chose pour le semi ou le marathon : je trouve toujours des excuses pour ne pas m’inscrire alors que mes copines d’entraînement m’affirment que c’est à ma portée. J’ai du mal à les croire. »

Quelles conséquences ?

« Certaines personnes s’accommodent très bien d’une vie de coureur sans surprise, avec des repères fixes : toujours les mêmes parcours, les mêmes têtes, une stabilité rassurante.

Mais elles sont nombreuses à secrètement envier celle ou celui qui ose, ce collègue qui s’est inscrit sur un ultra et l’a préparé pendant un an, ce cousin qui lui parle de toutes ses expériences qui font envie tout en semblant inatteignables. Alors ces coureurs continuent à ne vivre leur pratique qu’à moitié, tout en sachant qu’elle pourrait être tellement plus belle », affirme Gilles Guibard.

Les solutions

Tout tient en deux mots : engagement et progressivité. Gilles Guibard est un adepte de l’inscription obligatoire. Feuilletez le calendrier des courses, regardez une épreuve qui vous semble légèrement au-dessus de votre niveau, ou du moins du niveau que vous pensez avoir, et qui vous fait rêver.

Ne réfléchissez plus et inscrivez-vous. Là, tout de suite. Et parlez-en autour de vous. Sur les réseaux sociaux, à vos proches. Certes, il va falloir muscler votre plan d(‘entraînement, sortir du confort du connu et reconnu. Nouvelles sensations, nouveaux plaisirs. Attention cependant à ne pas tomber dans l’excès inverse de l’ancien timide qui se transforme en clown insupportable : adepte du 10 km sur route, évitez une inscription à un ultra-trail de plus de 150 km se déroulant dans les six mois.

Une histoire dont nous avons été témoins et qui s’est terminée au bout de 30 km de course. Résultat inverse à celui espéré avec un retour exclusif sur le bitume et un hochement de tête désapprobateur lorsque, aujourd’hui, le mot « trail » est évoqué…

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