Les clés pour courir autrement
Changer de rythme de course, c’est d’abord une question de mental.
Pour courir autrement, il faut installer le changement dans sa tête. Après, tout se met en place : la foulée se réduit, le rythme se calme. Le coureur peut éventuellement allonger les distances mais en douceur. La dominante sera le plaisir de l’effort modéré, le bien-être en courant. Pour que cela fonctionne bien, pour faciliter le passage, il est préférable d’être vigilant.
– Vigilant au niveau du langage
Les mots génèrent des sensations. Par exemple, préférez : « A partir d’aujourd’hui, je cours à un rythme modéré, je vais découvrir de nouvelles sensations », plutôt que : « à partir d’aujourd’hui, fini les accélérations, terminé la perf ». Dans la première formulation, il y a l’idée d’une nouvelle approche, une dynamique positive.
Dans la seconde, il y a toute la nostalgie du regret. De même dans le choix du verbe , préférez : « Je vais aborder la course différemment » à : « Il faut que je change ma manière de courir ». Dans la première phrase, le verbe – je vais – indique une décision acceptée, un engagement personnel. Alors que dans la deuxième, il y a toute la pression, la contrainte du – il faut – .
– Vigilant au niveau du rythme
Vous aviez laissé tomber le « cardio » ? C’est le moment de le réactiver, pour fixer votre nouveau rythme et vous y tenir. Le petit « bip » vous rappellera à l’ordre, le cas échéant… Un coach perso en quelque sorte. Vous arriverez avec une sensation de forme et non d’épuisement.
Cette nouvelle approche est l’occasion de changer de lieux de course : Choisir les chemins forestiers plutôt que les stades. Privilégier l’environnement est important. Avant, la priorité était souvent donnée à la proximité, le principal était de rentabiliser le temps,. Vous ne courriez pas toujours dans les endroits les plus sympas mais les plus proches.
Maintenant, prenez le temps d’aller courir dans un lieu agréable, régénérant. Et pourquoi pas aller courir avec ceux qui courent à un rythme modéré sans ambitionner le moindre chrono. Ce ne sont pas forcement des « petits débutants », il y a de nombreux coureurs qui, depuis 20 ans, font des sorties de 1h à 2 h deux à trois fois par semaine. Vous découvrirez une autre façon de partager les plaisirs de la course, une autre convivialité,.On peut discuter tout en courant…
Le rythme des sorties va changer. S’il faut économiser ses articulations ou son dos, courir 3 fois par semaine même sur terrain souple sera suffisant. C’est peut-être l’occasion de découvrir, le WE, un autre sport qui vous convienne et qui ne soit pas traumatisant. Vous n’en apprécierez que plus, de retrouver dans la semaine, le plaisir de la foulée.
Alors, plutôt que de dire : « Ce n’est pas possible de courir autrement que pour la perf », essayez, juste une fois la sensation de ne courir que pour le plaisir !
36ème km, transpirant sous l’effort, grimaçant sous la douleur, un coureur arrive encore à tenir, à s’accrocher malgré cette souffrance terrible au mollet … Encore 5 km ! Enfin, ça y est, il passe la ligne d’arrivée. Avec cette tendinite récidivante, cette fois encore, il a pu tenir la distance et presque le chrono. Mais demain, il faudra bien se rendre à l’évidence : trop, c’est trop ! Il arrive un moment où le corps dit : « Stop, ça suffit ! ». Combien sont-ils à s’accrocher ainsi, malgré la douleur, n’écoutant ni leur corps ni leur médecin ?
Ces coureurs qui résistent
Qui sont ces coureurs ? On les trouve en senior, tel ce coureur dont l’entraînement poussé, pointu, a mis en évidence une fragilité articulaire. Il doit arrêter de forcer sur son genou mais il continue ! Dans une culture du sport où les valeurs de volonté, de dépassement de soi, sont valorisées, il est encore plus difficile de dire : « j’arrête ». Etre volontaire, se dépasser, est une chose. S’accrocher alors que son genou crie au secours depuis 6 mois déjà ou encore banaliser une douleur au cœur, c’est prendre des risques et parfois des risques sérieux.
On rencontre également ces coureurs chez les vétérans comme celui qui n’accepte pas de revoir ses objectifs à la baisse. Celui qui veut se prouver que le temps n’agit pas sur lui. Pourtant, son corps, à coup de blessures à répétition, lui dit « Attention moins fort ». Et lui continue. Il repense à ce coureur V2 qui a fait le tour du Mont Blanc en un temps à faire pâlir d’envie plus d’un senior.
Simplement, ce n’est pas juste une question de volonté, ni d’entraînement. On n’a pas tous le même potentiel. Pourtant un jour, il faudra bien que ces coureurs acceptent ces signaux d’alarme, acceptent d‘arrêter la compétition : que faire ce jour là ? Voilà, la grande question !
Là, deux solutions. Il y a ceux qui disent : « Si ce n’est pas pour la perf, si je n’ai plus d’objectif de progression ou de victoire : « j’arrête !». Et ils le font. Ils changent de sport, se mettent au golf, par exemple.
Et puis il y a les autres, ceux qui ne peuvent pas imaginer vivre sans courir. Ceux-la, pendant leur arrêt imposé, ont mûri leur réflexion et acceptent que le corps ait ses limites. Ils arrivent à dépasser le sentiment de frustration, de déception. Vivre une déception est une chose, l’entretenir en est une autre. Ils choisissent d’être constructif, d’aller de l’avant, Ils vont passer de la course perf à la course loisir, trouver du plaisir à courir sans se « défoncer », ni viser des résultats.
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