Entrainement

Course à pied et grossesse

Par La Rédaction , le 2 novembre 2016 - 5 minutes de lecture

Beaucoup de femmes enceintes se posent la question de la poursuite de leur pratique sportive durant la grossesse. Le Docteur Laurence Vaksmann, gynécologue, sportive accomplie et maman de quatre enfants, nous délivre ses conseils pour vivre harmonieusement la grossesse tout en continuant, dans une certaine mesure, la course à pied.

Il est plus facile de déconseiller que de conseiller la course à pied durant la grossesse. La décision de continuer l’activité sportive doit être prise avec le gynécologue, il existe des grossesses qui nécessitent des précautions particulières qui vous seront indiquées par votre médecin. Dans le cas d’une grossesse classique, la course à pied peut être maintenue jusqu’au quatrième mois sans problème. Bien sûr, on ne parle surtout plus de compétition et le rythme de course doit être réduit. En règle générale à la moindre douleur ou fatigue, il faut s’arrêter!

Jusqu’au quatrième mois de grossesse.
Vous pouvez continuer à courir avec prudence à un rythme ralenti. Tout dépend de l’activité physique que vous aviez au préalable, mais il est inutile, voire même dangereux d’en rajouter sous prétexte que vous serez en arrêt total les mois suivants. Chez certaines athlètes de haut niveau, pratiquant de manière intensive, la grossesse est synonyme de break souvent bénéfique psychologiquement (voir plus bas, le témoignage de Rodica Moroianu).
Au niveau des sensations, votre souffle est plus court et votre cœur plus rapide en raison d’une augmentation du volume sanguin, avant même la prise du premier kilo. Vous observez une augmentation de votre fréquence cardiaque causée par une moins bonne adaptation à l’effort. L’exercice physique est rendu plus difficile car la vascularisation va vers le fœtus. Si vous courez à un rythme trop élevé (supérieur à 150 pulsations/mn), votre cœur va détourner le flux sanguin en direction de vos muscles au détriment du fœtus qui sera alors moins bien nourri.

A partir du quatrième mois jusqu’à l’accouchement.
L’utérus devient lourd et pèse sur la paroi abdominale, les chocs répétés qu’engendre la course à pied peuvent être mauvais pour le bébé.
C’est le moment de choisir le vélo, la marche ou la natation. Le vélo ne devra pas être pratiqué sur terrain accidenté, l’idéal étant le vélo d’appartement pour éviter les chutes. La marche peut être difficile chez certaine femme, l’utérus étant lourd et suspendu, il a tendance à plonger vers l’avant et accentuer les douleurs de dos. Au moindre signal de douleur dans le bas ventre, n’hésitez pas à vous allonger un moment. La natation est la meilleure activité physique ; sans problème de pesanteur, vous vous sentez légère. Evitez la brasse cambrée, préférez les mouvements sur le dos bien à plat pour travailler et étirer dos et jambes. C’est aussi un bon moment de détente.
La reprise après l’accouchement.
Il faut d’abord effectuer la visite médicale post-natale six semaines à deux mois après l’accouchement. Au cours de celle ci le médecin donnera son accord pour la reprise de la course à pied après avoir vérifié la force des muscles du périnée, pour éviter un prolapsus (utérus qui descend) ou une incontinence urinaire à l’effort. Des séances de rééducation périnéale chez un kinésithérapeute peuvent être prescrites. Si vous allaitez votre bébé, la course à pied peut réduire votre quantité de lait.
D’une manière générale, la femme sportive, habituée à l’effort physique, a une grossesse plus facile et récupère souvent plus vite. En revanche, ses abdominaux et périnée plus toniques ne lui procurent pas que des avantages. Ainsi, on constate que nombre d’athlètes doivent à ce statut d’avoir accouché par césarienne ;

L’avis de la championne
Rodica Moroianu
Championne de France de cross en 2002 ; 24ème des championnats du monde de cross en 2001 et 3ème par équipes ; 1h12’33 au semi-marathon en 2001.
Maman d’un petit Alex âgé de 3ans
« Je me suis arrêtée assez vite de courir, à partir du troisième mois je me suis mise au repos quasi complet. En fait, j’avais aussi besoin de souffler et ma grossesse était une bonne raison. J’ai fait un peu de natation et de l’aquajogging pour m’entretenir. Mais comme je suis très active, je ne restais jamais vraiment tranquille, c’est comme cela que je me suis entretenue. L’accouchement a été un peu long, le médecin s’est rendu compte que j’avais les muscles du périnée très forts. S’il l’avait vu avant, il aurait sans doute préconisé une césarienne.
Un mois après l’accouchement j’ai recommencé une activité physique, je faisais de la marche alternée avec des petites séquences de footing (de 5 à10 mn). Au troisième mois, j’attaquais sérieusement une préparation, au quatrième mois les sensations étaient de retour. Quelques mois après (7 mois), je termine quatrième des championnats de France de cross et me qualifie pour les championnats du monde. Je ne me suis jamais sentie aussi bien que durant cette période, mon corps était plus fort que maintenant. J’avais de meilleures sensations et surtout je récupérais mieux. »
Quant au papa, éminent coureur également, il se porte bien, 8 ème du marathon de Londres Hendrix Ramaala a amélioré sa meilleure performance en 2h 08’58’’.

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