Allez au delà du marathon
La longue distance est de plus en plus populaire. Les milliers de dossards de l’UtraTrail du Tour du Mont-Blanc ou des 100 km de Millau partent chaque année comme des petits pains. Mais qu’est-ce qui pousse un coureur à pied à courir si longtemps ?
C’est quoi l’ultra ? Allons au plus simple : c’est une course supérieure au marathon, donc supérieure à 42 km 195.
Sur la route, les distances repères sont les 100 kilomètres, ou les 24 heures. Mais il y a encore plus long : 48 heures, 6 jours… En trail, les distances supérieures au marathon sont assez fréquentes, par exemple 65 kilomètres environ pour la grande course des Templiers. On considère que l’UltraTrail démarre au-delà de 80 kilomètres environ. Il y a toutes les distances, souvent corsées par des dénivelés impressionnants.
L’Ultra peut paraître sans limites, mais rassurez-vous : pour passer à l’ultra, vous pouvez commencer par aller « juste » un peu plus loin que le marathon.
Plus accessible qu’on croit
Si il est évident qu’il faut aborder ces épreuves avec un entraînement adapté – une expérience sur marathon ou équivalent est un minimum – le nombre d’inscrits sur ces parcours prouve que le coureur d’ultra n’est pas surhumain, et que ces compétitions ne s’adressent pas à une « élite surentraînée ».
Terminer un ultra n’est en effet pas forcément plus difficile que terminer un marathon. Premièrement l’effort est moins intense, il n’y a pas de rythme à tenir, et bien souvent finir est déjà le seul objectif. Un marathonien jugera souvent comme un « échec » d’avoir dû marcher, alors que ce ne sera pas le cas pour une grande partie du peloton sur un 100km, et ce sera même tout à fait normal sur un UltraTrail. Sur les courses populaires, les délais d’arrivée sont généralement assez longs (24 heures pour les 100km de Millau, 64 heures pour le Grand Raid de la Réunion).
Le Marathon est réussi, et l’envie de voir plus loin vous titille, alors par quoi commencer ? Le 100km reste une valeur étalon, un repère, un « compte rond ». Mais d’une manière générale, un UltraTrail même bien plus long n’est pas plus difficile, parce qu’on y marchera plus, et parce que l’UltraTrail représente aussi une aventure. Les paysages, la nature vous feront oublier votre effort (et quand on est loin de tout, on est bien forcé de continuer…).
La solitude du coureur de fond ?
Si par solitude on entend courir seul, alors ce n’est pas le cas de l’ultra. Vu la popularité des épreuves, vous serez rarement seul, et des petits groupes se font et se défont au fur et à mesure de la course. Par exemple, sur les 24 heures (qui se courent généralement sur une boucle d’un kilomètre environ que l’on boucle cent cinquante à deux cent cinquante fois…), on voit donc souvent du monde : on double, on se fait doubler, ravito tous les kilomètres. D’ailleurs, vu le rythme en endurance, on a la capacité de parler, de discuter, de s’entraider, bien plus que sur un marathon ou un 10km. Et c’est dans l’adversité et la rudesse de la course qu’on lie de fortes amitiés.
La solitude de l’ultra, elle s’exprime plus comme une solitude intérieure. Parce que finir un ultra, c’est plus une performance mentale que physique. Il faut déjà avoir le courage de s’engager ! Ensuite c’est en grande partie dans la tête que cela se joue. Bien sûr, il y aura des moments physiquement difficiles… après 30km, tout le monde a les jambes lourdes, même quand on part pour un 100km ou un grand Raid ! Mais avec le mental, il faut passer outre, l’oublier, et on peut l’oublier…
Avec l’expérience, on sait que la forme peut revenir. Il faut apprivoiser ces moments difficiles, apprivoiser ce mouvement de yoyo entre fatigue et forme. À la fin d’un ultra, on peut être surpris de retrouver des jambes et du jus, finir en trombe les dix derniers kilomètres, alors que juste avant, on était au fond du trou, prêt à abandonner, sûr que nos jambes n’en pouvaient plus… L’ effet du mental est impressionnant parfois, près de la ligne d’arrivée…
Maintenant, si l’ultra vous intéresse toujours, si vous sentez cette étincelle qui pousse à voir ce qu’il y a au-delà du marathon, pour voir aussi ce que vous avez au fond de vous-même. Il ne faut pas réfléchir trop longtemps, pour savoir si vous êtes capable ou non. Il n’y a qu’un seul moyen, c’est de se lancer !
Les 3 points clefs
Partir doucement
Cela semble évident, mais c‘est tellement vrai ! Si vous faisiez le 100 km à votre allure habituelle de footing, vous feriez certainement un très bon temps (10km/h = 10h; 12km/h = 8h20mn, …), mais il sera très difficile de tenir cette cadence aussi longtemps. Alors malgré l’excitation, il faut absolument « freiner » tout le début de la course. Et cette allure de course, parfois plus lente que votre footing habituel, il faudra la travailler dès l’entraînement, évidemment.
Découper son effort
Mentalement, il ne faut pas penser à l’ensemble de la course ! Il faut découper par tronçon, se dire qu’on fera le point au premier ravitaillement. Ensuite on part jusqu’au grand col un peu plus loin… Et de point en point, on se rapproche de l’arrivée. Eviter en tout cas les « plus que… 150km », « plus que 140km… », qui n’aident pas à positiver…
La gestion de l’alimentation en course
C’est un point fondamental ! S’alimenter régulièrement, boire, manger, manger, boire… Après plusieurs heures, toutes les réserves physiologiques sont épuisées, et seul le carburant apporté à intervalles réguliers permet au « moteur » de tourner. Bien s’alimenter, ça se pratique dès le départ de la course, en faisant varier les goûts, en alternant sucré et salé…
Par benoît Laval
Photo : Grand raid de la Réunion© Vincent Lyky
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