Entrainement route

Course à pied : comment bien exécuter sa séance de 30/30

Par gmartine , le 9 octobre 2020 - 5 minutes de lecture

Faire une séance de 30/30, ça paraît simple, dit comme cela : 30 secondes vite, 30 secondes lentement, et on recommence. Pourtant, ce fractionné est souvent maltraité par les coureurs. Petit guide pratique de ce classique de l’entraînement de course à pied.

La séance de 30/30 a pour objectif le développement de la vitesse maximale aérobie (VMA) en alternant 30 secondes à vitesse rapide et 30 secondes de récupération, donc lentes. Cette VMA est la plus petite vitesse que vous atteignez lorsque vous êtes au maximum de vos capacités cardiopulmonaires, soit le moment où vous avez atteint votre pic de consommation de dioxygène (appelé VO2max). En la développant, vous pourrez courir plus vite pour un même niveau d’effort.

Les pièges du 30/30

La principale erreur est de réaliser les 30 secondes rapides… trop rapidement. Sur de courtes distances, tout le monde, ou presque, peut exprimer tout son potentiel de vitesse, mais dans ce cas, il s’agit d’un véritable sprint (anaérobie alactique) qui ne pourra pas être renouvelé plus d’une ou deux fois de suite. Et même si vous vous contrôlez un peu plus, courir sur un rythme légèrement supérieur à ce qu’il faudrait fera que, très souvent, vous pourrez réaliser une série de six à huit 30/30, mais ne serez pas en mesure d’en faire une seconde de façon satisfaisante.

A contrario, d’autres coureurs adoptent une allure trop confortable, en deçà de leur VMA : ils achèvent leur séance sans difficulté, mais ne bénéficient pas des effets escomptés. Le secret d’une séance de 30/30 réussie résulte donc du choix de la bonne allure.

Déterminer la bonne allure

1- Le chrono


Le premier écueil à éviter est de se référer à la ­fréquence cardiaque (FC). Lors d’un effort de 30 secondes, du fait de l’inertie cardiaque, votre FC ne montera pas aussi rapidement que votre vitesse de course et vous pourrez même constater que votre cœur continuera à accélérer lors des 30 secondes de récupération. Exit, donc, le cardiofréquencemètre. Il vous reste alors trois possibilités pour maîtriser votre allure :

L’expérience : les coureurs qui ont des années de pratique adoptent intuitivement la bonne allure. C’est là le fruit d’une parfaite interprétation des sensations à l’effort.

– Le pragmatisme : les conseils de « bon sens » que l’on donnait déjà voilà quelques décennies ne sont pas devenus obsolètes aujourd’hui et vous devez être capable de faire les dernières accélérations aussi vite que les premières, tout en ayant l’impression, à la fin, de pouvoir encore réaliser une ou deux fractions.

– Faire un test pour calculer son allure de course : pour que la séance soit profitable, il faut que les 30 secondes rapides soient courues à 100 % de votre VMA. Pour connaître votre VMA, vous pouvez réaliser un test d’effort en laboratoire ou faire un test de terrain (VAMEVAL, Léger-Boucher, test de Brue, CAT Test…). Si vous n’avez pas d’entraîneur, vous pouvez faire un 1 000 m (si vous êtes débutant) ou un 2 000 m (si vous êtes expérimenté) le plus rapidement possible. ­Relevez votre temps de passage à la mi-course (500 ou 1 000 m) et, si vous constatez que votre allure s’effondre lors de la seconde partie du test, recommencez ce dernier en partant moins vite. ­L’allure du test sera alors l’allure à adopter pour vos 30/30. Exemple : dans le cas d’un 1 000 m réalisé en 4 minutes, les 30 secondes rapides seront courues à 15 km/h.

2- La distance

Pour être encore plus précis, il est possible de réaliser votre séance sur une piste ou un parcours plat étalonné. Dans ce cas, vous pourrez repérer de façon très précise la distance à couvrir lors des 30 secondes rapides. Pour cela, divisez votre VMA par 3,6. Vous obtenez alors une vitesse en mètres par seconde (m/s). Il ne vous reste plus qu’à multiplier cette vitesse par 30 pour connaître votre distance de référence. Si l’on reprend notre exemple à 15 km/h : 15/3,6 = 4,16. 4,16 x 30 = 124,8. Soit, pour notre coureur, environ 125 m à parcourir pendant ses 30 s rapides. Faire une ou deux séances avec des références précises peut permettre de mémoriser le bon tempo pour de futures séances sur des parcours plus ludiques, où vos sensations et votre expérience seront vos guides.

Comment réaliser votre séance

Vous devez toujours vous lancer dans un état de fraîcheur physique, ce qui implique de ne pas faire de sorties longues ou intenses 48 heures avant. À la suite de cette séance, vous programmerez uniquement un footing en endurance (75-78 % de FCM) compris entre 45 minutes et 1 h.

La séance de 30/30 sera précédée d’un échauffement de 20 à 30 minutes ponctuées de quelques exercices sur 30 mètres du type talons-fesses et ­montées de genoux de faible amplitude, puis de deux accélérations sur 10 secondes. 10 minutes en endurance clôtureront la sortie et vous éviterez, ce jour-là, de vous étirer.

Progression et fréquence des séances

Pour une première séance, 2 séries de 6 fois 30/30 avec 4 min de trot et marche entre chaque série seront suffisantes. Puis, vous pourrez ajouter, durant deux semaines, une fraction à chaque série pour arriver à 2 séries de 8 fois 30/30 en semaine 3. Un coureur confirmé pourra débuter par 2 séries de 8 pour arriver à 2 séries de 10 en semaine 3. La quatrième semaine sera celle de la régénération, sans travail de VMA.

Après, vous pourrez reprendre un nouveau cycle de trois semaines et il sera alors possible d’aménager la séance, afin d’en optimiser les effets. Pour cela, vous pouvez envisager de modifier les durées d’efforts et de récupération en alternant, par exemple, 40 s rapides pour 20 s lentes ou 45 s rapides pour 30 s lentes.

Cycle de 7 semaines pour un débutant :

  • Semaine 1 : 2 séries de 6 fois 30/30 avec 4 minutes en trot de récupération entre les deux séries.
  • Semaine 2 : 2 séries de 7 fois 30/30
  • Semaine 3 : 2 séries de 8 fois 30/30
  • Semaine 4 : régénération, pas de 30/30
  • Semaine 5 :2 séries de 8 ou 10 fois 30/30
  • Semaine 6 : 2 séries de 8 fois 40/20
  • Semaine 7 : 2 séries de 8 fois 45/30

Ce cycle de sept semaines devrait vous permettre de gagner en VMA sans risque de blessures ni de surentraînement. Notez que les séances du type 30/30 ne doivent pas être réalisées tout au long de l’année, mais à l’occasion de cycles de sept semaines et à distance de toute préparation spécifique. Il serait tout à fait contre-productif de mélanger un cycle complet de 30/30 et une prépa marathon ou trail.

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