Tendinopathie d’Achille : syndromes et traitements
Blessure aussi fréquente que redoutée, la tendinopathie d’Achille est sans aucun doute le point faible du coureur. D’où l’importance de savoir bien la soigner et – c’est encore mieux – d’être en mesure de l’éviter…
Un tendon, c’est comme une cordelette qui relie le muscle à l’os. Et si celui d’Achille est particulièrement sensible chez le coureur, c’est que, allant du mollet à l’arrière du talon, il doit, à chaque foulée, encaisser une double contrainte : le fléchissement de la cheville qui provoque son étirement (et celui du mollet) et, en même temps, la contraction du mollet qui l’étire aussi fortement. Sans compter qu’à chaque foulée, il doit supporter le poids du coureur… multiplié par cinq ! Bref, le tendon d’Achille trinque en permanence. Et comme il est indispensable à la course, il est tout aussi vital de bien le soigner. En gardant en tête que certains coureurs cicatriseront moins vite et moins bien que d’autres. Et que l’hyper-sollicitation de ce tendon est signe d’une foulée efficace.Repérez les signes avant-coureurs
En prenant les précautions d’usage, vous n’aurez pas à courir dans la crainte permanente de léser votre tendon d’Achille. Mais soyez toujours attentif aux signes avant-coureurs pour éviter que la lésion, qui se développe progressivement, ne devienne une vraie blessure : raideur et douleur diffuse de la cheville au réveil ou craquement en touchant votre tendon doivent vous faire lever le pied. En course, une douleur aiguë au niveau du tendon doit vous pousser à stopper net et à consulter pour estimer les dégâts.Tendinopathie aiguë : kiné et reprise encadrée
Dans les premières 48 heures, vous devez laisser se mettre en route le phénomène de cicatrisation naturelle : glaçage, repos, mais pas d’anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS). à la marge, du paracétamol ou de l’arnica en homéopathie. Et du repos. Après, un traitement antidouleur pourra être envisagé. Il est possible d’ajouter provisoirement des talonnettes pour soulager le tendon. Il ne faut surtout pas zapper la kinésithérapie pour résorber la cicatrice qu’engendre dans le tendon la réparation des fibres.
Aux séances de massages transversaux profonds et/ou d’ondes de chocs couplées à des activités non traumatisantes (vélo, natation) devra ensuite succéder une reprise rapide, mais progressive et encadrée (kiné, médecin du sport) pour réadapter en douceur le tendon à la pratique. Cette reprise fait partie du traitement. Et le tout vise à éviter l’installation du problème dans le temps. Soyez donc bon élève !
Tendinopathie rebelle : toutes les solutions ne se valent pas
Sur une tendinopathie devenue chronique, la kinésithérapie est capitale pour engendrer de nouvelles réparations des fibres, les réaligner et les réadapter aux contraintes de la pratique. La palette de soin est large et doit être déterminée grâce à la précision du diagnostic, car on ne traite pas de la même façon un tendon présentant un nodule (une fibrose cicatricielle) ou une calcification. D’où la nécessité de toujours refaire un bilan complet avec échographie… Outre les gels AINS, font également partie du traitement la cryothérapie, l’électrophysiologie (surtout en cas de contracture associée du mollet) et la confection de semelles sur mesure. De même qu’une réadaptation de la charge d’entraînement pour que la douleur soit absente durant l’effort. Quand la douleur résiste à tout traitement, il est possible d’envisager un PRP : injection autologue de plasma enrichi de plaquettes directement dans le tendon lésé pour stimuler le processus de réparation. Uniquement prescrit par le médecin du sport (sur évaluation de la balance bénéfices/risques, intéressant lorsqu’il y a des fissurations dans le tendon), effectué sous guidage échographique et suivi d’une kinésithératie adaptée. En revanche, jamais d’infiltration de corticoïdes : ils risquent de mener à une rupture du tendon d’Achille. Notamment en cas de maladie de Haglund (os du talon agressif, susceptible de lacérer les fibres du tendon). Dans les cas de lésions du tendon irréversibles, reste la chirurgie qui consiste à peigner les fibres du tendon pour en stimuler la cicatrisation. Avec, comme dans toute chirurgie, des réussites, mais aussi des risques de complications.
Comment l’éviter ? Montrez vos dents et vos chaussures !
La tendinopathie d’Achille est avant tout due à une pratique mal menée. Échauffez-vous systématiquement, ne reprenez jamais intensément après une période d’arrêt et fuyez le surentraînement pour ne pas surmener les fibres et les léser. Mais soyez assidu : un tendon qui n’est pas régulièrement sollicité se raidit et ne peut s’adapter aux contraintes. Le plus important est de respecter la règle du QSM (quantification du stress mécanique) qui est propre à chacun et dont le principe est de stimuler le tissu « tendon » (nécessaire pour le rendre plus solide) sans aller au-delà de ce qu’il peut supporter. Veillez aussi à bien vous hydrater pour lui conserver sa souplesse et l’aider à éliminer les toxines, qu’il a tendance à trop stocker. Attention, également, à vos chaussures : elles doivent être adaptées à votre poids, au terrain, sans contreforts trop hauts venant buter sur le tendon, et dotées de semelles spécifiques pour compenser pieds creux ou plats, qui accentuent les contraintes mécaniques et vibrations. Limitez les viandes, produits laitiers entiers, alcools et plats préparés qui produisent des déchets acides. Et n’oubliez pas d’aller chez le dentiste : une infection dans la bouche accroît le risque de tendinopathie, car l’inflammation qui en résulte fragilise les tendons.
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