Sciatique : les nerfs à vif
Une douleur violente qui irradie du dos jusqu’au pied et qui bloque tout mouvement… La sciatique s’annonce et il ne faut surtout pas la traiter à la légère.
La sciatique débute généralement d’un coup, suite à un effort ou une mauvaise posture. La douleur est souvent violente, elle commence au bas du dos et peut descendre (irradier) dans toute la face arrière de la jambe.
Elle suit un trajet bien précis qui permet de situer la hernie discale à l’origine du mal (voir encadré) : si elle est entre les vertèbres lombaires L4 et L5, la douleur descend sur la face externe de la cuisse et de la jambe puis sur le dos du pied pour finir au gros orteil.
Entre la lombaire L5 et la sacrée S1, le trajet de la douleur passe par la face postérieure de la cuisse et de la jambe, la plante du pied et touche le 5e orteil. Parfois associés à la douleur les patients ressentent des troubles de sensations (des fourmis ou un engourdissement). Généralement l’intensité de la douleur nécessite un repos au lit immédiat. Parfois la douleur est tronquée et s’arrête à la fesse ou à la cuisse.
Les circonstances de survenue et la description de la douleur sont caractéristiques ce qui rendra le diagnostic aisé au médecin.
Le rachis (colonne vertébrale) est douloureux et raide à la mobilisation. Il y a une contracture des muscles enserrant la colonne vertébrale (muscles para vertébraux) et parfois la douleur sciatique apparaît en appuyant sur les muscles contractés (signe de la sonnette).
Le signe de Lasègue se recherche sur le patient couché sur le dos : le médecin lève la jambe douloureuse qui doit rester tendue, ce qui met le nerf sciatique en tension, une douleur violente freine la poursuite du mouvement à partir d’un certain angle.
Le médecin note une diminution ou une perte de sensibilité dans le territoire cutané de la racine atteinte. Les réflexes peuvent être diminués ou abolis dans certains cas.
La toux, l’éternuement et la position assise exacerbent la douleur.
Examens complémentaires et traitement
Pour confirmer son diagnostic et visualiser la hernie, le médecin prescrit des examens radiologiques. La radio ne montre pas directement la hernie mais pourra être utile pour éliminer une autre pathologie ou rechercher une cause. La hernie sera mise en évidence par le scanner ou mieux l’IRM.
Le traitement de la sciatique est d’abord médical, ce n’est qu’en cas de formes graves (hyperalgiques ou avec paralysie) ou récidivantes que l’on a recours à la chirurgie.
Les antalgiques, anti-inflammatoires parfois cortisone et décontracturants sont généralement efficaces. Le repos est aussi nécessaire même si on ne prône plus maintenant l’arrêt de toute activité.
Une infiltration en regard de la hernie sous contrôle radio est souvent efficace si elle est bien effectuée.
Les manipulations (ostéopathie, chiropraxie) ont pour conséquence une détente musculaire, une action antalgique par libération d’endorphines, et une modification de pression au sein du disque vertébral. L’action sera plus marquée sur les pathologies aiguës, récentes et mécaniques ou traumatiques. L’efficacité à moyen terme n’est pas supérieure au traitement médical classique.
Les tables à traction qui consistaient à étirer le patient avaient de bon résultats mais sont de moins en moins utilisées car des accidents sont arrivés.
Un corset d’immobilisation sur mesure peut être utile dans certain cas.
A la limite de la chirurgie, la chimionucléolyse consiste à détruire le noyau du disque intervertébral à l’aide d’une substance injectée sous contrôle radiologique.
Enfin la chirurgie permet de retirer la hernie, ainsi qu’une partie du disque, mais c’est un geste important nécessitant une hospitalisation d’une semaine environ et une rééducation avec un kinésithérapeute.
Quid du coureur à pied ?
Dans le cas particulier du coureur à pied, un diagnostic différentiel vise à éviter la confusion entre sciatique et une autre pathologie. Le plus classique chez le coureur est la pathologie tendineuse d’insertion haute des ischio-jambiers (tendinopathie d’insertion).
Le motif de consultation est proche de la sciatique, avec des douleurs de la fesse irradiant parfois jusqu’au genou lors de la course en cote ou des accélérations mais aussi de la position assise prolongée.
L’examen du rachis est ici sans particularité et la contraction des Ischio-jambier active la douleur.
Le syndrome du pyramidale : ce muscle situé dans la fesse peut lorsqu’il est contracté comprimer le nerf sciatique qui le traverse et donner la même irradiation douloureuse qu’en cas de sciatique.
Sciatique et course à pied
Il est évident qu’il ne faudra reprendre la course à pied que lorsque le rachis sera indolore et que les symptômes auront disparus.
La reprise de votre sport favori pourra être repris dès le feu vert de votre médecin, en attendant vous pouvez entretenir votre forme avec du vélo.
La reprise devra se faire en évitant les descentes et les fractionnés.
Il faudra observer votre course en faisant attention de ne pas trop talonner, avoir plutôt une foulée rasante économique.
Pour ce qui est de la prévention de la sciatique, insistons sur l’importance de l’échauffement et des étirements. Une rétractation des muscles postérieurs de la cuisse pourra être un facteur favorisant.
Le maintient d’une bonne musculature abdominale est indispensable, de même que la surveillance de son poids.
Contrôlez régulièrement vos chaussures et par-dessus tout faites attention à votre dos dans les gestes de la vie courante. Pliez les jambes pour se baisser et porter, s’asseoir correctement, dormir sur ne bonne literie….
Dr Nicolas Bompard
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