Tout savoir sur le syndrome de l’essuie-glace
Le syndrome de l’essuie-glace, dit aussi syndrome du tenseur du fascia lata (TFL) est une pathologie extrêmement fréquente chez le coureur à pied. Le diagnostic est souvent simple pour le médecin du sport et peut être fait uniquement à l’interrogatoire du patient avant d’être confirmé par l’examen clinique.
Typiquement, le patient décrit une douleur du compartiment externe du genou remontant parfois le long externe de la cuisse, douleur qui se déclare après une certaine durée de course (souvent la même, entre 10 et 45 minutes) et obligeant l’arrêt de celle-ci. Après quelques pas en marchant les douleurs diminuent ou disparaissent avant de revenir à la moindre tentative de reprise de la course. Le lendemain, le genou peut être douloureux quand on descend les escaliers.
D’où vient le mal ?
De la bandelette ilio-tibiale. C’est une bande fibreuse, véritable tendon, qui correspond au tendon terminal du muscle grand fessier et du tenseur du fascia-lata. Ce tendon, dont la forme est particulière, puisqu’elle est plate, comme une véritable lame, va se fixer à la partie supéro-externe du tibia, sur une zone en relief appelée le tubercule de Gerdy. De sa naissance en haut et à l’extérieur de la cuisse jusqu’à son insertion basse, cette lame tendineuse est libre et peut donc se déplacer. Elle balaie tout naturellement la zone située en-dessous d’elle, le condyle externe, partie basse et externe du fémur.
Le syndrome tient son nom du fait que l’inflammation se déclare quand ce tendon, un peu échauffé par une cause quelconque, frotte et fait l’essuie-glace sur le fémur. Dans la course de fond, la répétition des flexions-extensions du genou, provoque des micro-lésions des fibres collagènes de la bandelette ilio-tibiale, et parfois, une bursite de la bourse séreuse située entre la bandelette et le condyle.
Trouver les causes chez un médecin du sport
Lorsque le médecin examine le genou, on est surpris de constater qu’il n’existe souvent aucune douleur particulière. Pour retrouver la douleur habituelle, il faut effectuer des manœuvres spécifiques :
– Le test de Renne. Il consiste lors d’un appui unipodal –sur un pied- du genou incriminé, à effectuer des mouvements de flexion extension. Autour de 30° les douleurs peuvent apparaître.
– La douleur élective peut être également réveillée par la pression du tendon sur le condyle ; avec ses doigts le médecin exerce une pression au niveau du condyle externe, 3 cm environ au dessus de l’articulation entre le tibia et le fémur, alors qu’il effectue en même temps des mouvements de flexion / extension du genou du patient. Il s’agit du test de Noble. Il est parfois perçu un crissement sous le doigt correspondant à une bursite.
Le plus souvent, pour ces pathologies présentes uniquement à l’effort, le médecin convoque le patient en tenue de sport et lui demande d’aller courir avant de l’examiner une fois les douleurs présentes afin de ne pas me tromper.
L’examen clinique recherchera aussi des rétractions musculaires qui sont un facteur déclenchant ou favorisant lorsqu’elles sont présentes. Une bandelette tendue frottera plus.
Il faudra aussi rechercher une inégalité de longueur des jambes, un varus exagéré (jambes en ()) qui met la bandelette sous tension, un trouble rotatoire des jambes, des anomalies statiques du bassin…
Pour finir, on réalisera un examen des appuis plantaires sur podoscope (un pied creux en varus est souvent retrouvé) et surtout l’étude des chaussures de jogging. Une chaussure inadaptée ou usée (l’usure externe excessive est caractéristique) sont des éléments très importants et peuvent par leur correction guérir définitivement l’athlète.
Autres causes possibles, l’augmentation sensible de l’entraînement, un changement de chaussures ou la pratique sur un terrain accidenté ou inhabituel. La course sur terrain bombé étire la bandelette sur le genou en dévers.
Bien entendu, on éliminera un diagnostic différentiel comme une pathologie du ménisque externe, une autre tendinite (biceps, poplité), une souffrance rotulienne, une arthrose femoro-tibiale externe, une fracture de fatigue ou encore une pathologie de l’articulation peronéotibiale supérieure.
Les examens complémentaires
Le diagnostic est essentiellement clinique et les examens complémentaires sont le plus souvent inutiles et ne serviront bien souvent qu’à éliminer un diagnostic différentiel :
– les radiographies sont habituellement normales.
– la résonance magnétique (IRM), comme l’échographie, peut mettre en évidence une inflammation à type de bursite située entre la bandelette ilio-tibiale et le condyle externe.
Les traitements
Ils ne seront pas standardisés mais adaptés à chaque cas selon l’origine de la pathologie trouvée lors de la consultation. Ils pourront être ainsi constitués :
* Le changement de chaussures, associé ou non à une prescription de semelles orthopédiques thermoformées sera souvent utiles. Ces semelles comprendront la plupart du temps une bande postérieure pronatrice afin de limiter les tensions excessives sur les insertions tendineuses du compartiment externe du genou lors de la course.
* L’étude du type de terrain d’entraînement afin de corriger les éventuelles erreurs.
* Le traitement médical local par application d’anti-inflammatoire en pommade ou en patch.
* La mésothérapie est souvent efficace.
* Les infiltrations peuvent être proposées en cas de bursite et d’inflammation importante, elles seront effectuées entre le tendon et l’os du condyle.
* Un repos d’environ 20 jours est nécessaire quelque soit le traitement.
* Les étirements sont indispensables en cas de rétractions musculaires.
* La kinésithérapie peut compléter le traitement.
* Les cas les plus rebelles avec l’échec d’un traitement médical bien conduit pourront avoir recours à la chirurgie ; le chirurgien pratiquera l’allongement de la bandelette ilio-tibiale ou bien la section des fibres postérieures. La reprise du sport se fera alors après deux à trois mois.
Par le Dr Nicolas Bompard, médecin du sport
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