Blessures & Prévention

Le mollet, point sensible du coureur

Par La Rédaction , le 2 novembre 2016 - 6 minutes de lecture

Parce qu’il est un élément moteur dans l’acte de propulsion propre à la course à pied, le mollet est un endroit particulièrement sensible où se concentre un certain nombre de maux du coureur.

Les douleurs au mollet sont un motif fréquent de consultation pour le coureur à pied. Ce qui est logique, car si la course est permise par la poussée exercée sur le sol, il faut savoir que 70 % de la force musculaire de propulsion des membres inférieurs se situe aux niveau des mollets. Ceci étant dit, toutes les douleurs ressenties au mollet ne sont pas le fait d’un problème musculaire. Nous allons donc essayer de dénombrer l’ensemble des douleurs de la région du mollet et leurs traitements.

La pathologie musculaire

Elle sera vue en premier car c’est de loin la lésion la plus fréquente. C’est une lésion particulièrement fréquente chez le coureur autour de la quarantaine, elle peut être d’apparition brutale (et même provoquer un bruit audible par le coureur) lors de la déchirure ou bien plus sournoise avec des douleurs récurrentes lors de chaque tentative de reprise.

Dans le premier cas l’accident est brutal avec sensation de déchirure et violente douleur au mollet, la course est immédiatement interrompue : il s’agit plutôt d’un accident survenant à froid ou lors de séances de vitesse (fractionné). Le mollet gonfle et un hématome est visible dans les jours qui suivent.

Le traitement associera la pose d’une contention (bandage ou chaussette serrant le mollet) et le port d’une talonnette, si l’hématome est important on pourra être amené à le ponctionner, parfois plusieurs fois. La rééducation sera utile au bout de trois semaines environ et la reprise de la course se fera rarement avant six semaines.

Attention, une mauvaise cicatrisation constituera un point de faiblesse du mollet et une gêne douloureuse lors de la course. On pourra alors avoir recours à des traitements mécaniques comme des massages, des ondes de choc ou encore une infiltration. Le recours à la chirurgie est rare.

En prévention il convient de toujours respecter un léger échauffement et des étirements avant sa séance. L’accident musculaire peut être moins important, de type contracture ou élongation, la douleur s’estompera seule au bout de 2 à 3 jours, le coureur sera alors tenté de reprendre son entraînement mais la douleur réapparaîtra rapidement. Chaque tentative de reprise se soldera par un échec malgré des arrêts de plus en plus long incitant l’athlète à consulter. Encore une fois le traitement nécessitera des séances de rééducation ayant pour but de renforcer de façon progressive le mollet selon un protocole bien défini.

Des micro accidents qui peuvent passer quasi inaperçus peuvent donner ces même douleurs chroniques au milieu du mollet à la jonction muscle / aponévrose avec un examen clinique ne permettant pas de les déceler et aucune douleur dans la vie quotidienne. Ici aussi il faudra faire appel aux massages du kiné, aux renforcements musculaires excentriques (contraction du muscle dans sa phase d’étirement), ondes de choc, infiltration ou encore mésothérapie.

Les examens complémentaires pour les lésions musculaires seront l’échographie et dans de rares indications l’IRM.

Le syndrome de loge

On reste ici dans les pathologies musculaires mais il s’agit d’un état anatomique pathologique. En effet, lors de l’exercice, le muscle « gonfle » par l’afflux sanguin, cette augmentation de volume (20% environ) va se faire dans une loge inextensible qui devient alors trop petite pour son contenant (le muscle) et entraîner une augmentation de pression à l’intérieur de celle-ci. Cette augmentation de pression va « étouffer » le muscle (l’artère, les veines et le nerf à l’intérieur de la loge vont être comprimés) entraînant douleurs et arrêt de l’exercice.

Les douleurs ressemblent à une crampe avec un durcissement de la région musculaire concernée (le plus souvent les loges antérieures en avant du tibia plus rarement le mollet), ces douleurs diminuent et disparaissent à l’arrêt de la course et apparaissent souvent pour une certaine vitesse ou lors de côtes. Le diagnostic fait appel à la prise de pression intramusculaire après effort (avec une aiguille reliée à un manomètre) et le traitement à la chirurgie en cas d’échec du traitement médical (repos, port d’une contention, massages et étirements).

Au niveau osseux

Deux pathologies dominent ici le tableau des douleurs osseuses de jambe, la fracture de fatigue et la périostite qui peuvent donner des douleurs irradiantes au mollet.

Les fractures de fatigue peuvent se loger sur le tibia (partie supérieure, tiers moyen ou en regard de la malléole interne) ou sur le péroné le plus souvent sur la partie basse (malléole externe). D’abord, les douleurs surviennent en fin d’exercice pour disparaître au repos puis apparaîtront de plus en plus tôt dans la course et de plus en plus intensément jusqu’à imposer l’arrêt de la pratique. Le diagnostic fait appel à la radio, au scanner, à l’IRM ou à la scintigraphie, dans tous les cas le repos sera nécessaire de 6 à 8 semaines.

Pour la périostite ou syndrome de surmenage du périoste (membrane de l’os), la douleur lors de la course se situe plus volontiers en regard du bord postéro interne de la partie basse du tibia. Le diagnostic est essentiellement clinique mais il faudra dans certain cas éliminer une fracture de fatigue (radio, scintigraphie). Le traitement dépendra de la durée d’évolution et de la cause mais il associera souvent le glaçage, les anti-inflammatoires, les étirements et le port de semelles thermo-formées, en cas d’échec les ondes de choc et plus rarement la chirurgie peuvent être envisagées.

Cas d’une pathologie neurologique

La jambe est parcourue par plusieurs nerfs, le seul qui puisse être à l’origine de douleurs au mollet est une branche du nerf tibial postérieur appelée nerf sural : la compression de ce nerf à la face postérieur du mollet au-dessus du tendon d’Achille donne des douleurs lors de la flexion plantaire du pied (pointe en bas lors de la poussée), l’examen clinique retrouve un point précis douloureux à la pression. Le traitement est chirurgical en cas d’échec d’une ou deux infiltrations locales.

Il s’agit d’une pathologie souvent induite par une compression du nerf à l’occasion du port de chaussures montantes rigides (chaussure de ski ou de roller par exemple).

Les pathologies vasculaires

On distinguera les pathologies artérielles (sang qui va aux muscles lui apporter l’oxygène) et veineuses (sang qui remonte vers le cœur via les poumons pour se recharger en oxygène).

Les artères peuvent être comprimées par des muscles ou des tendons, soit par anomalie de ces derniers soit par hypertrophie (musculation excessive), et donner des manifestations cliniques uniquement à l’effort par manque d’oxygénation des muscles. La compression peut aussi relever d’une anomalie osseuse derrière le genou, ce type de pathologie s’appelle le syndrome de l’artère poplitée piégée.

C’est une pathologie d’effort du sujet jeune : lors de la mise en dorsi-flexion (pointe en haut) du pied et de la contraction du mollet le débit sanguin artériel va se trouver diminué et engendrer des douleurs qui vont rendre impossible toute poursuite de l’effort.

Le diagnostic fera appel à un bon examen clinique : la recherche d’une diminution du débit sanguin avec une échographie couplée au doppler (visualisation des vaisseaux) et avec des mouvements du patient (contraction du mollet avec pied pointe en haut) et une angio-IRM (IRM avec produit de contraste artériel) pour confirmer le diagnostic et rechercher une cause anatomique. Le traitement est chirurgical en levant l’obstacle.

Les pathologies veineuses sont dominées par l’insuffisance veineuse chronique avec mauvais retour veineux, on retrouvera ici fréquemment un œdème de jambe et souvent des varices, le mollet peut sembler lourd à l’effort et la complication majeure reste la phlébite (une veine qui se bouche par formation d’un caillot de sang). Ici le port d’une contention peut être la solution après un bilan chez un phlébologue et un écho doppler.

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