Blessures & Prévention

L’échographie pour mieux prévenir les accidents cardiaques

Par gmartine , le 2 novembre 2016 - 6 minutes de lecture

Moins connue et moins pratiquée que le test d’effort, l’échographie cardiaque ou échocardiographie est néanmoins l’outil diagnostic le plus performant à même de prévenir les accidents cardiaques. S’il ne s’agit de tomber dans un excès d’examens, l’échographie est néanmoins nécessaire dans certains cas : antécédents cardiaques ou terrain à risques notamment.

Afin d’améliorer la surveillance et le suivi des coureurs, les médecins du sport font appel à de nombreux examens complémentaires cardiologiques, le but louable étant de prévenir des complications voire des drames tel que la mort subite d’un coureur, hélas encore trop souvent répertoriée lors des épreuves sur route. Néanmoins, il ne faut pas tomber dans l’excès inverse en imposant la réalisation systématique de ces examens à tout coureur, cette démarche doit être réalisée étape par étape en tenant compte d’un guide d’indications bien établi.

Outre un examen médical d’aptitude complet, seul, à ce jour, l’électrocardiogramme « de repos » est officiellement recommandé depuis mai 2005 par la très sérieuse Société Européenne de Cardiologie du Sport. L’épreuve d’effort et l’écographie cardiaque ou échocardiographie restent donc le plus souvent des explorations de deuxième intention surtout chez le coureur sans antécédent cardiaque.

Les renseignements apportés par l’échocardiographie :

Il reste que étant un examen totalement inoffensif par émission d’ultrasons, l’échocardiographie cardiaque est l’outil diagnostic le plus performant pour examiner avec précision « les entrailles » du « moteur humain » et d’en apprécier :

la cylindrée : dimension des cavités cardiaques surtout du ventricule gauche principale pièce du moteur, et de l’épaisseur des parois du muscle cardiaque (le myocarde).

la force de contraction du myocarde, étude de la « fraction d’éjection » qui représente la quantité de sang propulsée par le cœur vers le corps entier à chaque battement cardiaque.

l’état des soupapes : par une analyse précise du mouvement des valves mitrales et surtout aortique qui en s’ouvrant correctement laissent partir le sang vers la périphérie .Le doppler très souvent réalisé en même temps permet de bien voir en couleur le trajet du sang à l’intérieur du cœur.

Chez le coureur à pied, seule une charge d’entraînement supérieure à 8 heures hebdomadaires va provoquer une modification « normale » de la structure du cœur qui pour s’adapter à cette forte sollicitation va légèrement se dilater et s’hypertrophier (augmentation des dimensions internes et de l’épaisseur des parois), le tout restant dans des limites raisonnables et bien connues. Pour une durée de pratique inférieure à 8 heures l’échographie du coureur « sain » sera et devra rester similaire à celle d’un non pratiquant.

Quand faut-il proposer une échocardiographie ?

Etant donné la forte sollicitation cardiaque engendrée par le jogging où le débit cardiaque peut être multiplié jusqu’à cinq, l’échographie et l’épreuve d’effort seront réalisés d’emblée en cas d’antécédents cardiaques personnels (ou familiaux) ou en cas de terrain à risque telle qu’une hypertension artérielle sévère, un diabète traité par insuline.

Ailleurs l’indication doit être le fruit d’une démarche médicale réfléchie : le coureur a des plaintes récentes : un essoufflement, des palpitations. L’examen médical « de non contre-indication à la course à pied » met en évidence un souffle cardiaque inconnu auparavant et l’électrocardiogramme systématique révèle un aspect insolite. Dans tous ces cas l’échographie sera réalisée. Le but est de découvrir certaines affections cardiaques au niveau des valves (rétrécissement de la valve aortique surtout), soit au niveau du myocarde surtout la « myocardiopathie hypertrophique» caractérisée par un muscle beaucoup trop épais, s’adaptant très mal à l’effort et pouvant entraîner des morts subites sur le terrain par troubles du rythme ventriculaire. Plus rarement mais surtout chez le vétéran essoufflé, un cœur dilaté et se contractant très faiblement peut être alors dépisté. Parfois en cas de doute sur la force contractile du cœur ou sur une atteinte des coronaires (artères irriguant le myocarde) une échographie « d’effort » pourra être réalisée.

Dans tous les cas évoqués, il existe une justification médicale permettant la prise en charge de l’examen (90 à120 euros) par la Sécurité Sociale. Pour un bilan d’entrée dans les filières d’athlète de haut niveau, pour lequel l’échocardiographie est rendue obligatoire par décret, l’examen sera pris en charge soit par les fédérations concernées. S’il s’agit d’un souhait préventif personnel, l’échographie sera à la charge du sportif. Néanmoins il faut savoir que si pour les athlètes de haut niveau la normalité de l’examen permet d’éliminer de façon formelle l’existence d’une myocardiopathie hypertrophique, chez le sportif « lambda », bien- portant, cet examen a moins d’intérêt. On comprend aisément qu’il apporte bien moins de renseignements, notamment pour la planification ou le suivi de l’entraînement, qu’une épreuve d’effort couplée à une mesure de la VO2max et des « seuils.

Conclusion: de réalisation simple, l’échographie cardiaque permet de déceler les principales affections cardiaques contre indiquant la course à pied. C’est un examen de dépistage dont les indications restent bien établies, mais il n’est, en revanche, d’aucune utilité pour la pratique quotidienne de l’entraînement.

Docteur Thierry Laporte, club des cardiologues du sport

Les autres examens cardiaques

L’épreuve d’effort sur tapis, reste l’examen complémentaire le plus utilisé chez le coureur, les indications sont larges et bien établies. Elle permet de dépister l’angine de poitrine, de mettre en évidence des troubles du rythme, d’évaluer la tolérance à l’effort de certaines affections cardiaques préexistantes. Une mesure simultanée des échanges gazeux à l’effort permet d’apporter de précieux repères utilisables à l’entraînement avec l’aide du cardiofréquencemètre. Mais une épreuve normale ne met pas totalement à l’abri des risques cardiaques notamment chez les fumeurs ou les sujets qui ont du cholestérol. En cas de test douteux, d’autres examens plus spécialisés seront réalisés, notamment une scintigraphie cardiaque permettant de voir l’irrigation du cœur à l’effort. Le scanner «haute définition » permet en effet de voir les plaques d’athérome sur les coronaires et d’apprécier leur vulnérabilité potentielle. Enfin dans certains cas on aura recours à la coronographie qui permet de visualiser directement les coronaires et le cas échéant de traiter par dilatation un rétrécissement. Aucun doute ne peut être permis sur l’intégrité du cœur chez le coureur.

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