Blessures & Prévention

Combattre l’épine calcanéenne

Par La Rédaction , le 2 novembre 2016 - 6 minutes de lecture

Une des blessures les plus fréquemment rencontrées chez les coureurs siège à la jonction du talon et de la voûte plantaire. Comme une épine dans le pied…

L’épine calcanéenne n’est quel le signe radiologique d’une pathologie, la fasciite plantaire, qui peut être soit d’origine mécanique, soit d’origine inflammatoire.

La radio retrouve une excroissance osseuse à la partie inférieure du calcanéum (os du talon) à l’endroit où s’insère l’aponévrose plantaire. Cette manifestation radiologique est la résultante d’une calcification tendineuse, ou plus précisément de l’enthese (jonction tendon/os). Bien souvent, l’épine n’est pas douloureuse mais ce sont les tractions effectuées sur elle-même, par les éléments myoaponévrotiques de la région qui déclenchent la douleur.

Pour le coureur, le pied est à la fois un organe amortisseur et propulseur, l’aponévrose se retrouve donc en tension lors de l’attaque du talon au sol et lors de la propulsion. De plus, l’aponévrose plantaire est très peu élastique, de l’ordre de 2 %, alors que les tendons peuvent s’allonger d’environ 10 %, ainsi des étirements répétés peuvent causer des micro déchirures au niveau du talon. Ces micro déchirures vont engendrer des douleurs mais aussi cette ossification pointue spécifique du calcanéum.

Un peu d’anatomie…

L’aponévrose plantaire est une bande de tissu fibreux qui s’étend du calcanéum jusqu’à la base des orteils. Elle est composée de trois parties : interne, moyenne et externe.

La partie moyenne, la plus épaisse, est généralement appelée fascia plantaire. Elle prend naissance dans le calcanéum (tubérosité interne), à cet endroit sa structure est plus épaisse et étroite. Plus près des orteils, elle devient large et mince. Elle se divise en cinq bandes, chacune formant un feuillet supérieur et un feuillet inférieur pour chaque orteil.

Consultation et examen clinique

La plupart des personnes vues en consultation pour une épine calcanéenne ressentent une douleur lorsqu’ils sortent du lit le matin ou après avoir été debout ou assis pendant un bon moment et qu’ils reprennent la marche.

Cette pathologie est souvent rencontrée chez le coureur à pied qui voit sa douleur diminuer ou disparaître à la course pour la voir réapparaître à distance de l’effort notamment le lendemain matin lors des premiers pas. La douleur peut devenir permanente et invalidante pour la vie quotidienne, elle est ressentie lors de l’impact du talon au sol.

La douleur est généralement localisée dans le talon, mais elle peut irradier dans toute la plante du pied, vers les orteils. Elle peut être sourde, comme pour un mal de dent. C’est un motif très fréquent de consultation du joggeur vétéran.

A l’examen clinique, le médecin retrouvera une douleur précise à la pression de la partie interne de la région antéro-inférieure du calcanéum. Lors de la consultation, on pourra mettre en évidence un ou des facteurs favorisant la survenue de cette pathologie, parmi lesquels :

– Le surpoids

– L’age, après la quarantaine la diminution de l’élasticité de l’aponévrose favorisera sa souffrance.

– La station debout pendant de longues périodes sur une surface dure, il faudra donc attacher une importance à l’activité professionnelle du sportif.

– Un pied creux ou plat occasionnant des tractions excessives de l’aponévrose à son attache calcanéenne.

– Un mauvais chaussage journalier ou sportif.

– Certaines rétractions musculo-tendineuse du mollet et de l’aponévrose plantaire.

Certaines pathologies comme la polyarthrite que le médecin éliminera lors de la consultation.

Diagnostics différentiels

Chez le coureur à pied il faudra surtout ne pas passer à coté d’une fracture de fatigue du calcanéum, la douleur étant à peu près au même endroit et à l’appui. A l’examen, on retrouvera en revanche une douleur à la percussion latérale de l’os.

Certaines pathologies inflammatoires sont responsables de douleurs sous le talon, elles seront recherchées par une prise de sang si il y a un doute clinique avec des douleurs plus matinales et nocturnes.

La rupture de l’aponévrose plantaire est un accident aigu, la douleur plantaire est vive et brutale en pleine course accompagnée d’une sensation de déchirure, elle stoppe le joggeur dans sa course et empêche tout appui. L’évolution est le plus souvent favorable après 10 jours de repos avec béquilles, la course est reprise après environ 2 mois.

Guérir…

– En premier lieu il faudra calmer les douleurs par du repos sportif et la prescription d’anti-inflammatoires et d’antalgiques.

– Des semelles orthopédiques thermoformées seront le plus souvent prescrites avec des résultats souvent spectaculaires en cas de pieds creux ou plats.

– La mésothérapie peut être utile dans certains cas en piquant sur les côtés du talon et jamais sur la plante du pied. En effet, cette zone est particulièrement sensible.

– L’infiltration de cortisone toujours en passant sur le coté interne du talon est très efficace en cas de douleurs importantes. La rééducation à base d’étirements et de massages transverses profonds.

– Une radiothérapie adaptée (utilisation de petites doses de rayons X à but anti-inflammatoire) a été longtemps –et reste- proposée avec de bons résultats.

– Les ondes de chocs donnent souvent de bons résultats.

– La cure chirurgicale est parfois utile quand l’épine calcanéenne est très invalidante, mais elle ne devra être proposée qu’en dernier recours car les résultats ne sont pas toujours au rendez-vous et l’arrêt du sport souvent long.

Prévenir…

On peut travailler pour éviter cette pathologie qui peut mettre à mal notre saison de course. En évitant notamment certains facteurs favorisant : il faudra ainsi s’attacher à bien étirer le mollet avant les sorties. Un surpoids devra être corrigé avant d’entreprendre des sorties plus fréquentes ou plus longues. Le pied devra être examiné par son médecin du sport avec un examen sur podoscope.

Les chaussures seront également examinées ce qui permettra de dépister certaines pathologies d’appuis ou des chaussures inadaptées ; la prescription de semelles si besoin sera faite à ce moment. Le joggeur devra aussi essayer de varier ses surfaces de course en alternant bitume et surfaces plus souples.

Par le Dr Nicolas Bompard, médecin du sport.

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