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Yohan Durand fait son retour sur le Marathon de Valence

Par Simon CHRETIEN , le 1 décembre 2023 , mis à jour le 1 décembre 2023 - 8 minutes de lecture

Yohan Durand est de retour. Après une saison 2022-2023 compliquée à cause d’une blessure au genou, le marathonien sera présent sur la ligne du départ du marathon de Valence ce dimanche 3 décembre. Le coureur de 38 ans continue de croire en ses rêves de marathon olympique lors des Jeux de Paris 2024. Rencontre

Jogging International : Yohan, tu viens de passer une année galère à cause d’une blessure, comment as-tu vécu ces derniers mois ?

Yohan Durand : En effet, j’ai passé une année vraiment compliquée. En fait, je me suis bêtement tapé le genou juste avant les championnats d’Europe de Munich d’août 2022 où j’étais qualifié pour le marathon. Sur le coup, je me suis dit que ça n’était pas grave et comme ça s’est passé durant ma préparation, j’ai continué à courir dessus. Ce coup a provoqué un espèce d’œdème osseux et une fissure du tendon patellaire. Comme j’ai continué de courir dessus, cela s’est encore plus enflammé et j’ai dû compenser. J’ai mis beaucoup de temps à pouvoir trouver une solution et à guérir. C’est très frustrant, car ce n’est pas lié à l’entraînement comme une blessure musculaire ou une fracture de fatigue où l’on maîtrise à peu près le temps que ça mettra pour se remettre. Là, je n’avais pas tellement de repères et finalement, j’ai mis quasiment un an pour ne plus ressentir de douleur.

C’est d’autant plus frustrant que tu revenais en forme après une première grave blessure en 2019 ?

En effet, j’avais déjà été éloigné des terrains durant un an à cause d’une blessure au tendon d’Achille. J’étais revenu en forme avant le COVID et en 2021 je bats tous mes records du 10km au marathon avec notamment un chrono de 2h09’21 sur le marathon de Paris. Mais comme j’étais déjà revenu de très loin une première fois, je savais que j’étais capable de revenir une seconde fois.

Je suis revenu de très loin une première fois, je sais que je suis capable de revenir une seconde fois !

Yohan Durand

On t’a donc vu de retour en compétition sur les 20km de Paris, comment s’est passée cette reprise ?

J’ai pu reprendre l’entraînement début août de manière très légère en incorporant beaucoup de vélo et de natation. On s’est dit que ce serait bien de raccrocher un dossard en septembre-octobre afin de retrouver l’adrénaline de la compétition. Mais comme mes échéances arrivent très vite, ce n’était pas possible de consacrer trop de temps pour la régénération. On a donc décidé de courir ces 20km de Paris dans le cadre d’un entraînement poussé en faisant une sortie longue à allure marathon. J’ai donc couru en dedans, en étant capable d’accélérer tous les 5km et de finir fort. Tout s’est très bien passé ce qui m’a donc rassuré. J’ai couru la moitié de la distance marathon sur mon allure marathon, sans avoir attaqué ma préparation spécifique, c’est donc très intéressant.

Tu vas t’engager désormais sur le marathon de Valence ce 3 décembre, avec l’objectif de décrocher les minimas pour être qualifié au JO de Paris 2024 ?

J’ai prévu de courir Valence puis Séville en février. Valence arrive un peu tôt dans ma préparation dans le sens où je n’ai repris qu’en août et que j’ai malgré tout un passif d’un an avec une blessure. Ça fait deux ans que je n’ai pas participé à un marathon et on sait que c’est une discipline très exigeante mentalement avec beaucoup de gestion à prendre en compte. Je verrai donc au dernier moment le chrono que je vais viser. Il est possible que je le coure à 95% de mes capacités pour viser 2h10, tout en gardant sous le pied. Je vais donc faire Valence en gestionnaire afin de bien récupérer pour pousser plus loin à l’occasion du marathon de Séville. Je ne voulais pas mettre la charrue avant les bœufs en grillant les étapes et ne faisant que du spécifique. Là, ça me permet de reconstruire les bases avec du foncier, du développement de la VMA et du spécifique.

Mais ça réduit également tes chances de faire les minimas fixés à 2h08’10 pour se qualifier pour les JO?

Yohan Durand : C’est vrai que la période des minimas a débuté en décembre 2022 et donc que tous mes adversaires ont déjà eu des occasions de les réaliser. Pour l’instant, moi, je n’ai utilisé aucune cartouche. Pour accrocher ce 2h08’10, il faut repasser par les bases quitte à faire Valence pour rien. Je suis dans une logique de construction et je maintiens ce projet, sans me stresser par rapport à mes concurrents. Quand on fera le bilan en mars prochain, on s’apercevra sûrement que Valence n’aura pas servi à rien.

Je suis dans une logique de construction, sans stresser par rapport à mes concurrents.

Yohan Durand

Tu es confiant pour réaliser ces minimas. On rappelle que ton record est de 2h09’21, réalisé à Paris en 2021. Il te manque encre une grosse minute.

La difficulté du parcours de Paris n’a rien à voir avec celui de Valence ou Séville. À notre niveau, c’est 45 secondes, voire une minute de différence. Et puis sur ces marathons, il y a une énorme densité. À Paris par exemple, je me suis retrouvé seul aux 32ème km, dans Boulogne, sur un macadam qui ne rend pas et avec des montées qui cassent les jambes. Ça n’existe pas ça à Valence ou à Séville. Si je retrouve mon niveau de 2021, le 2h08’10 est réalisable à mon sens. Je suis en tout cas toujours dans une optique optimiste. Je commence à y croire de plus en plus, même si ça va être dur. Le fait d’avoir traversé cette phase sombre et cette longue période de 10 mois sans courir, sans voir le bout du tunnel m’a forgé une force supplémentaire. Je suis passé tout proche de ne même pas pouvoir tenter ma chance. Là, j’ai au moins cette opportunité de revenir et peut-être de coiffer tout le monde sous le poteau. Il y a en moi un petit quelque chose en plus, une flamme supplémentaire.

Le marathon des JO de Paris, c’est le plus grand rendez-vous de ta carrière ?

Yohan Durand : Déjà, participer aux JO, c’est le rêve de tout athlète de haut niveau, alors ça l’est encore plus quand c’est à la maison. On ne reverra pas les jeux à Paris avant peut-être 100 ans ! Et puis, le parcours du marathon des JO est en plus complètement inédit. 436 mètres de dénivelé positif, personne n’a jamais couru un tel marathon. Ça rajoute de l’excitation à l’échéance, car préparer un marathon comme ça demande de l’intelligence. Ça va à l’inverse de ce qu’on a l’habitude de faire. Il va falloir faire preuve de beaucoup de recul pour bien le préparer.

Yohan Durand retrouvera la distance reine en s’alignant sur le Marathon de Valence. Photo : Vincent Lyky

On retrouve depuis quelques années une grosse densité sur le marathon français. Toi, tu as commencé sur la distance en 2015, tu es donc un peu l’ancien de la bande ?

J’ai commencé en 2015, mais je n’ai couru que six marathons depuis mes débuts sur la distance. Je n’ai donc pas une expérience folle. L’avantage, c’est que, à cause de ces arrêts, j’ai conservé une certaine fraicheur physique et mentale que d’autres n’ont pas à mon âge. C’est comme si j’étais encore tout jeune dans ma tête. Cela fait que je ne me vois pas sur une fin de carrière.

Comment vis-tu cette grosse concurrence entre Français. On le rappelle, vous ne serez que trois à participer au JO de Paris.

Yohan Durand : C’est un avantage et un inconvénient à la fois. Cette grosse densité, ça tire tout le monde vers le haut. C’est cool pour le marathon français. Parce qu’il faut se souvenir qu’il y a une dizaine d’années, c’était très compliqué. Et surtout, aujourd’hui, les marathoniens sont de plus en plus jeunes, ils quittent plus vite la piste et ne sont pas seulement là pour terminer leur carrière.

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