Mondiaux d’Athlétisme de Budapest : « il ne faut pas s’arrêter aux médailles »
Les Mondiaux d’Athlétisme se dérouleront cette année à Budapest en Hongrie du 19 au 28 août. Il s’agit de la dernière grande répétition internationale avant les Jeux Olympiques de Paris en 2024. On fait le point sur l’équipe de France avec Romain Barras, directeur de la haute performance au sein de la direction technique nationale à la Fédération Française d’Athlétisme.
Du 19 au 28 août prochain, 78 athlètes représenteront l’équipe de France lors des Mondiaux d’Athlétisme de Budapest. Les sportifs tenteront de faire briller les couleurs françaises dans les disciplines du sprint, de haie, de lancers, de hauteur et longueur, de saut ainsi que de fond et de demi-fond. Après deux derniers championnats du monde (Doha 2019 et Eugène 2022) en demi-teinte pour l’athlétisme français, Romain Barras, directeur de la haute performance à la FFA est optimiste.
Dans quel état d’esprit, l’équipe de France aborde-t-elle ces Mondiaux ?
Romain Barras : Nous sommes à un an des Jeux Olympiques. Nous avons donc monté des modalités de sélection en relation avec cette perspective tout en conservant une volonté d’équité. Les critères ont été moins exigeants que ceux retenus pour les championnats du monde d’Eugène l’an dernier. Pour autant, le but est de conserver une vraie exigence tout en ayant la volonté de n’envoyer aucun athlète vierge de sélection nationale avant les JO de Paris. Nous avons donc au total 78 athlètes sélectionnés pour ces Mondiaux d’Athlétisme 2023, et si on regarde, même avec les modes de sélection d’Eugène où il n’y avait que 47 sélectionnés, nous aurions eux 13 qualifiés en plus en individuel.
Cela signifie-t-il que l’athlétisme français est dans une bonne dynamique ?
L’athlétisme français reprend de la vigueur et de la densité, en tout cas sur les critères de sélection. Après sur les résultats individuels c’est encore autre chose. On a traversé un creux générationnel dû aux politiques mises en place précédemment. On essaye désormais de combler en accompagnant à la fois les générations montantes, tout en mettant les moyens pour les athlètes élites. Nous avons par exemple mis en place le programme Ambition 2024 afin d’accompagner les athlètes de moins de 23 ans vers le haut niveau. Et on est en train d’en récolter les fruits, notamment pour les Jeux de 2028 et 2032.
Cela signifie que c’est trop tard pour Paris 2024 ?
Non, ce n’est pas trop tard. Mais pour les JO de l’année prochain, on est davantage sur l’optimisation des forces en présence. On aura quelques bonnes surprises, des jeunes qui vont performer. Nous avons par exemple mis en place la cellule d’optimisation de la performance avec l’arrivée de psychologues, nutritionnistes, scientists qui analysent les vidéos, les données et la concurrence. On continue de se staffer. C’est ce qui faisait qu’on avait du retard sur certains pays.
DÉCOUVREZ LE PROGRAMME DES MONDIAUX DE BUDAPEST
Quels peuvent être les objectifs de l’équipe de France sur ces Mondiaux d’Athlétisme de Budapest, en terme de médaille ?
Il ne faut pas s’arrêter aux médailles et stopper cette vision trop simpliste du sport. Ce qu’il faut voir, c’est le comportement de l’athlète le jour J et sa capacité à s’exprimer. Tous les athlètes ne sont pas en mesure d’aller chercher une médaille. Certains qui sont classé 24è vont chercher à terminer 15è sur leur discipline et ce sera déjà très bien. C’est important de voir la place que tient l’athlète au sein de la hiérarchie mondiale. Le meilleur exemple est celui de Nicolas Navarro, qui termine 12ème de JO de Tokyo en 2021 alors qu’il était très loin dans les bilans jusqu’alors. Quand on porte le maillot de l’équipe de France, les Mondiaux doivent être l’objectif de l’année. L’athlète se doit de battre son record personnel ou celui de sa saison. En tout cas nous avons sélectionné des athlètes qui ne devraient pas être éliminés en séries ou qui devraient jouer les premiers rôles sur leur course.
Sur le demi-fond (800m, 1500m, 5000, 10 000 et marathon), les Français ont de quoi briller ?
Nous avons en effet quelques athlètes qui pointent le bout de leur nez, sur toutes les distances et notamment chez les hommes. Nous avons ici des garçons capables de terminer dans le top de la hiérarchie mondiale, c’est-à-dire un top 12. Après on le sait, il y a deux mondes. Sur le 5 000 m par exemple, il y a ceux qui peuvent le courir entre 12’55 et 13’05, Jimmy Gressier en fait partie. Et puis il y a le monde des coureurs des hauts plateaux africains. Jimmy est en tout cas préparé et a fait tout le boulot pour ça. Parmi les chances de réussir, nous avons des garçons comme Azzedine Habz (1500m), Benjamin Robert et Gabriel Tual (800m) qui auront la possibilité de s’exprimer sur un final en sprint où une course tactique. Sur cette épreuve, le delta entre les Français et les autres est moins important.
Et sur marathon, qu’attendre de cette épreuve à un an du marathon des JO ?
Les athlètes qui seront à Budapest vont connaître une expérience internationale dans une course différente, sans lièvre. Ce sont des courses à vivre, qui amène de l’expérience. Le parcours des JO de Paris est très particulier car il est très vallonné. Il va encore se passer beaucoup de choses d’ici là. Notamment pour atteindre les minimas avec le marathon de Valence de fin d’année. Ce marathon des Mondiaux est une répétition importante mais pas décisive pour Paris 2024. Ce n’est pas forcément ceux de Budapest que l’on verra à Paris.
Crédit photo : Ryan Allek / FFA